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À La Une - Egypte

Le gouvernement aux pro-Morsi : la dispersion "rapide" ou une intervention après le ramadan

Une menace qui intervient après l'échec des médiations étrangères.

Des partisanes du président destitué Mohamed Morsi manifestent à Alexandrie, le 6 août 2013. AFP PHOTO STR

Le gouvernement égyptien a demandé mercredi aux partisans du président islamiste déposé par l'armée, Mohamed Morsi, de se disperser "rapidement" sur les deux places du Caire qu'ils occupent, menaçant d'intervenir après le ramadan.


Le Premier ministre Hazem Beblawi, lisant un communiqué du gouvernement intérimaire mis en place par l'armée, a affirmé que la décision de disperser les manifestants était "sans retour" et assuré qu'elle n'avait pas eu lieu auparavant par "respect du mois sacré du ramadan" qui s'achève officiellement mercredi soir. Jeudi toutefois débutent les célébrations de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du jeûne musulman. Elles doivent prendre fin dimanche.

M. Beblawi a promis que ceux qui quitteraient les deux places pacifiquement et de leur propre chef ne seraient pas poursuivis et annoncé que des bus gratuits étaient à leur disposition pour ce faire.


Depuis quelques jours, les autorités multiplient les menaces d'une dispersion par la force des deux sit-in au Caire de milliers de partisans des Frères musulmans, la confrérie islamiste de M. Morsi. La présidence pointe d'ailleurs directement du doigt la puissante confrérie, la rendant "responsable de l'échec des efforts internationaux", mais aussi, et surtout, "des conséquences à venir de leurs violations des lois et de leur mise en danger de la sécurité publique".


Il y a une semaine, le gouvernement avait donné son feu vert à la police pour mettre fin au "terrorisme" et à la "menace à la sécurité nationale" que représentent les sit-in de milliers de pro-Morsi sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda du Caire. Le chef de la toute-puissante armée et nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, a ensuite insisté: "la police civile" -et "pas les militaires"- "mettra un terme à ces sit-in et nettoiera ces places".

 

 

Un ballet diplomatique sans résultats
Alors que la presse quasi-unanime et une grande partie de la population voit dans cette dispersion un moyen de relancer la transition, pour le moment au point mort, les responsables multiplient les déclarations promettant "le moins de pertes possibles".

 

La menace de mercredi a été lancée quelques heures après l'annonce par le nouveau pouvoir de l'échec des tentatives internationales de médiation au terme de dix jours d'un ballet diplomatique qui a vu se succéder émissaires européens, américains, africains et arabes au Caire. Cette annonce met ainsi fin aux espoirs d'aboutir à une sortie de crise négociée et renforce les craintes d'un nouveau bain de sang si la police tente d'intervenir sur les places où sont barricadés depuis plus d'un mois des milliers de pro-Morsi avec femmes et enfants.

 

Plus de 250 personnes ont déjà péri dans des affrontements entre pro-Morsi et forces de l'ordre ou anti-Morsi depuis fin juin. Des affrontements entre pro et anti-Morsi ont à nouveau fait mardi soir un mort et 62 blessés à travers le pays, selon le ministère de la Santé.


Face aux deux parties qui campent fermement sur leurs positions, les émissaires internationaux, dont la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton et le secrétaire d'Etat américain adjoint William Burns, tentaient à la fois d'amener les autorités à la retenue et de convaincre les islamistes de se disperser.
Mercredi, M. Burns, qui avait prolongé de plusieurs jours sa visite surprise au Caire, a quitté le pays, ont indiqué à l'AFP des sources aéroportuaires sous couvert de l'anonymat. Le représentant de l'Union européenne Bernardino Leon était, lui, toujours au Caire à la mi-journée.


L'Egypte, dont le président Hosni Moubarak avait été renversé lors du Printemps arabe début 2011, a connu une nouvelle "révolution" le 30 juin lorsque des millions de manifestants sont descendus dans les rues pour réclamer le départ de M. Morsi, accusé d'avoir accaparé le pouvoir au profit de sa seule confrérie et d'avoir achevé une économie déjà exsangue.

 

 

"60 terroristes" tués dans le Sinaï
Le 3 juillet, le général Sissi, encadré par des responsables religieux et politiques, avait annoncé son remplacement par des autorités de transition qui ont ensuite promis une nouvelle Constitution et des élections générales d'ici début 2014.
Depuis cette date, les Frères musulmans dénoncent un "coup d'Etat militaire" et la mise en place ensuite d'un "Etat policier", notamment avec l'arrestation de plusieurs de leurs dirigeants, dont M. Morsi. Leur Guide suprême, toujours en fuite, doit d'ailleurs être jugé à partir du 25 août avec ses deux adjoints, en détention préventive, pour "incitation au meurtre".

 
Les Etats-Unis ont, eux, peiné à nommer cette destitution par l'armée du premier président élu démocratiquement d'Egypte, car le qualifier de "coup d'Etat" les obligerait à interrompre leur aide au pays -1,5 milliard de dollars annuels, dont 1,3 pour la seule armée.
Alors que le secrétaire d'Etat John Kerry a récemment surpris en justifiant le coup des militaires, les sénateurs américains John McCain et Lindsey Graham ont toutefois utilisé ce terme, déclenchant un tollé dans la presse locale.
Après avoir rencontré le général Sissi et des représentants politiques, dont des islamistes, les deux influents membres du Congrès ont appelé à la libération de M. Morsi, toujours détenu au secret par les militaires.


Enfin, dans la péninsule du Sinaï, fief de combattants islamistes, un ex-député partisan de l'armée a été abattu par des hommes armés. De leur côté, les militaires ont affirmé avoir tué "60 terroristes" en un mois dans cette région, secouée par des attaques quasi-quotidiennes contre les forces de l'ordre.

 

 

Commentaire

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