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À La Une - Environnement

Au Liban-Nord, l’une des plus grandes pinèdes du Moyen-Orient brûle depuis trois jours

À la demande des autorités, Chypre envoie un hélicoptère pour combattre le feu à Denniyé.

Les incendies, qui éclatent ici et là depuis lundi dans les cazas de Denniyé et du Akkar, ont repris de plus belle hier, avec la hausse des températures. L’un des feux les plus impressionnants a ravagé le village de Sfiré, où se trouve une des plus grandes pinèdes du Moyen-Orient.

Les incendies, qui éclatent ici et là depuis lundi dans les cazas de Denniyé et du Akkar ont repris de plus belle hier matin, avec la hausse des températures. L’un des feux les plus impressionnants et difficiles à éteindre a ravagé le village de Sfiré, à Denniyé. Il avait commencé lundi au niveau de Btormaz pour s’étendre jusqu’à Sfiré, où se trouve une des plus grandes pinèdes du Moyen-Orient. Selon des estimations publiées par l’agence al-Markaziya, quelque 60 000 mètres carrés avaient déjà brûlé hier.


Les responsables, notamment le Premier ministre Nagib Mikati et le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel, ont suivi de près les opérations de lutte contre le feu dans cette région. Selon le correspondant de l’Agence nationale d’information (ANI), le gouvernement libanais compte demander l’aide des hélicoptères des forces britanniques basées à Chypre pour éteindre cet incendie. À ce sujet, la Défense civile a précisé, dans un communiqué, que « le ministre Charbel a chargé le général Raymond Khattar, directeur général de la Défense civile, de contacter l’ambassadeur de Chypre au Liban, qui se trouve actuellement dans son pays ». « Il a été décidé d’envoyer au Liban un des deux hélicoptères que possède Chypre », poursuit le texte.


L’appareil chypriote devait arriver dans l’après-midi d’hier pour participer à l’extinction du feu à Denniyé. L’incendie de Sfiré paraissait pourtant maîtrisé la veille au soir, après l’intervention des hélicoptères de l’armée, des pompiers et des habitants. Il n’en était rien. Au matin, les flammes avaient repris de plus belle. Selon le président du conseil municipal du village, Hussein Harmouche, « plusieurs habitants ont appelé au secours afin d’éloigner les flammes de leurs domiciles ». Il a précisé avoir chargé un avocat de porter plainte contre inconnu, les habitants suspectant, selon lui, des pyromanes d’être à l’origine du sinistre.
À noter qu’un garde forestier, Mohammad Chouk, a été atteint de blessures au visage, ce qui a nécessité son hospitalisation.


Pour leur part, les députés de la région, Ahmad Fatfat, Qassem Abdel Aziz et Kazem Kheir, ont appelé le Premier ministre à faire davantage « pour protéger les pinèdes de Denniyé qui brûlent depuis trois jours, sans que les efforts des pompiers n’y fassent rien ».

 

Les dégâts, dans le Akkar. Photo Michel Hallak


« Des feux un peu partout »
La propagation des feux dans le Nord a poussé certains, qui habitent pourtant loin, à faire le trajet pour prêter main-forte à la population des villages sinistrés. Paul Abi Rached, président de Terre-Liban, a pris le volant mardi soir, accompagné de trois autres personnes et muni du matériel de lutte contre le feu utilisé dans la forêt de Baabda, pour aider à l’extinction du feu. « Je savais que la forêt qui brûlait à Denniyé est très belle, très verte, dit-il. Je ne pouvais rester inactif devant mon ordinateur. Sur notre route, nous avons constaté que des feux avaient éclaté un peu partout, à Chekka, à Koura... »


Arrivés sur place à Btormaz, les environnementalistes trouvent une zone sinistrée et une population désemparée. « Nous avons décidé de n’intervenir qu’à l’aube, la forêt étant très dense et les risques de se blesser très grands, poursuit Paul Abi Rached. J’ai donné une rapide formation d’une demi-heure à une cinquantaine de jeunes, ce qui les a grandement motivés. Nous nous sommes ensuite mis au travail, sans utiliser d’eau, employant des techniques pour circonscrire les flammes. Cette action est très efficace mais reste insuffisante pour limiter les surfaces qui brûlent, quand une seule pomme de pin enflammée peut dévaler une pente et embraser une autre partie du bois. Nous avons travaillé dur de 5 heures à plus de 7 heures, jusqu’à l’arrivée de l’armée et de la Défense civile. »


L’écologiste s’insurge contre le fait que des régions aussi vertes soient si peu préparées aux incendies et si peu dotées de moyens de lutte. Il remarque que la Défense civile n’est pas mieux équipée qu’avant, malgré tous les budgets alloués à l’amélioration de l’infrastructure de lutte contre les feux. « Il ne faut pas en vouloir aux membres de la Défense civile qui se tuent à la tâche, affirme-t-il. Mais il faut savoir qu’ils ne peuvent réussir à maîtriser autant de feux sans l’aide de la population, qui doit être formée au préalable. »


Dans son communiqué d’hier, la Défense civile confirme cette impression, assurant que « ses membres font leur possible avec les moyens qui leur ont été donnés ». Le texte note également que « les régions les plus vulnérables au danger des incendies manquent du minimum de précautions de sécurité publique, et négligent par le fait même les précautions à prendre et la construction des infrastructures nécessaires comme les routes agricoles pour rendre les forêts accessibles, et les points de stockage d’eau ».

 

A Jabal Akroum, les hélicoptères en renfort. Photo Michel Hallak.

 


Les arbres centenaires de la Qammouha
Dans le Akkar, ce sont de très beaux sites qui ont été atteints par cette vague d’incendies ces derniers jours. L’un d’eux est la forêt de Qammouha, aux multiples arbres centenaires. Selon le correspondant de presse Michel Hallak, deux incendies simultanés mais relativement éloignés l’un de l’autre ont éclaté sur cette plaine boisée. L’intervention de la Défense civile et de la population – notamment les « amis » de la page Akkar sur Facebook – a permis d’éviter le pire. Le créateur de cette page, Khaled Adnane, a assuré que les jeunes sont restés sur place pour surveiller les surfaces sinistrées, de peur d’une reprise du feu dès la hausse des températures.


La surface brûlée à Qammouha serait de 3 000 à 4 000 mètres carrés, selon les estimations des autorités locales. Parmi les arbres perdus, on compte sept sapins géants de Cilicie de plus de 18 mètres de haut, cinq vieux pins et quelque 25 genévriers.


M. Adnane s’est étonné de la simultanéité des deux incendies, à Nabi Khaled et à Qammouha, ce qui privilégie la piste de l’incendie criminel selon lui. Il a demandé aux habitants d’éviter d’allumer des feux d’artifice près des bois.
D’autre part, des incendies monstres ont été maîtrisés à Jabal Akroum et à Wadi Khaled. Le village de Sahlé, à Jabal Akroum, a été le plus touché. Le président du conseil municipal, Adnane el-Khatib, a estimé que « la surface sinistrée est de près d’un million de mètres carrés », et que « plus de 2 500 oliviers ont été perdus ». Toujours selon M. Khatib, deux domiciles ont été endommagés par les flammes.

 

 

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