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À La Une - Égypte

Etalage de biceps, dans la rue, des pro et des anti-Morsi

Accusé de meurtres, le président déchu est placé en détention.

Des violences ont eu lieu au Caire, mais c’est à Alexandrie que les heurts ont été meurtriers. Photo AFP

Des dizaines de milliers d’Égyptiens ont manifesté hier à travers le pays, à l’appel des partisans et adversaires du président islamiste destitué Mohammad Morsi.
Les autorités avaient renforcé la sécurité dans tout le pays pour cette journée à haut risque où les deux camps entendaient compter leurs forces, alors que les violences liées aux troubles politiques ont fait plus de 200 morts en un mois. Deux manifestants ont perdu la vie hier et une vingtaine d’autres ont été blessés, notamment par des tirs de chevrotine, lors d’affrontements à Alexandrie, deuxième ville du pays, selon des sources médicales. Dans le quartier de Choubra, au Caire, des manifestants ont échangé des jets de pierres et de bouteilles, faisant une dizaine de blessés. Une dizaine d’autres manifestants ont été blessés à Damiette, sur la côté méditerranéenne, a indiqué le ministère de la Santé.

 


Nous n’avons pas peur
Les manifestations à l’appel des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, sont parties dans la capitale d’une trentaine de mosquées pour converger vers les abords de l’Université du Caire, près du centre-ville, et ceux de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans un faubourg du nord-est où les pro-Morsi campent depuis près d’un mois. La confrérie dénonce inlassablement le renversement par l’armée du premier président démocratiquement élu d’Égypte, après des manifestations massives fin juin pour réclamer son départ. « Nous n’avons pas peur de l’armée et nous avons le droit de manifester », a affirmé Magdi Ahmad, venu au Caire de Minya, en Haute Égypte. Le guide suprême des Frères musulmans, Mohammad Badie, a appelé ses partisans à des manifestations « pacifiques », tout en les exhortant à rester mobilisés face au « coup d’État sanglant ».

 

(Eclairage : Les pays occidentaux de plus en plus mal à l’aise...)

 


Les Frères et le Hamas
Dans le camp opposé, les manifestants anti-Morsi se massaient place Tahrir, site traditionnel des grands rassemblements. Les adversaires du président déchu justifient son renversement en l’accusant de n’avoir gouverné qu’au profit des islamistes et d’avoir laissé le pays s’enfoncer dans la crise économique. La foule brandissait des drapeaux égyptiens et des portraits du chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, artisan de la chute de M. Morsi et nouvel homme fort du pays. « Nous manifestons pour soutenir Sissi dans son combat contre le terrorisme », a indiqué Mahmoud Abou Hachem venu de Charqiya (Nord), assurant que « les terroristes, ce sont les Frères musulmans ainsi que le Hamas ». Le général Sissi, également ministre de la Défense et vice-Premier ministre, avait appelé mercredi les Égyptiens à descendre en masse dans la rue hier pour lui donner un « mandat » afin d’en « finir avec le terrorisme et la violence ».

 


Lourdes charges
Par ailleurs, alors que l’ancien président était jusqu’à présent retenu sans charge, un tribunal a ordonné sa mise en détention préventive pour 15 jours renouvelables pour complicité présumée avec des attaques imputées au Hamas. La justice a également retenu contre M. Morsi l’aide présumée que lui aurait apportée le Hamas, début 2011, pour s’évader d’une prison où il avait été placé peu avant la chute du régime de Hosni Moubarak. Ainsi, la liste des charges retenues est longue : incendie criminel, destruction de documents de prison, « collaboration avec le Hamas pour se livrer à des actions agressives dans le pays, en attaquant des installations de la police, des officiers et des soldats ». Le nouveau pouvoir l’accuse aussi d’avoir « tué des détenus, des officiers et des soldats, délibérément et avec préméditation ». L’acte d’accusation comprend également « l’enlèvement de certains officiers et soldats ». Aucune indication sur un transfert effectif de son lieu de détention militaire vers une prison n’était immédiatement disponible. Les Frères musulmans ont qualifié ces accusations de « ridicules » et dénoncé un « retour en force du régime Moubarak », alors que le Hamas a déploré que « le pouvoir actuel en Égypte renonce aux causes nationales (...) allant même jusqu’à leur nuire, à commencer par la cause palestinienne ».

 


Washington ne se mouille pas
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé « toutes les parties à faire preuve d’un maximum de retenue ». À l’instar de Washington et de l’Union européenne, M. Ban a également appelé l’armée à libérer M. Morsi et d’autres dirigeants des Frères musulmans, ou à les juger rapidement et de manière transparente. En outre, les États-Unis ont fait savoir qu’ils ne se prononceraient pas sur la qualification ou non du renversement de M. Morsi comme un coup d’État, ce qui dans l’affirmative leur imposerait légalement de suspendre leur aide à l’Égypte – en grande majorité composée de 1,3 milliard de dollars d’assistance militaire annuelle. Washington a toutefois exprimé son inquiétude après l’appel à manifester lancé par le général Sissi et suspendu mercredi la livraison à l’Égypte de quatre chasseurs F-16.

 

 

 

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