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À La Une - Accident

Espagne : Une vitesse excessive à l'origine de la catastrophe ferroviaire

Ouverture d'une enquête sur un des conducteurs du train qui a déraillé, faisant 80 morts.

Un pompier évacue une petite fille, blessée dans le déraillement d'un train particulièrement meurtrier à Saint-Jacques de Compostelle, en Espagne, le 24 juillet 2013. REUTERS/Xoan A. Soler/Monica Ferreiros/La Voz de Galicia

L'Espagne cherchait à comprendre jeudi les causes de l'accident de train qui a fait au moins 80 morts la veille en Galice, dans le nord-ouest du pays, la tragédie ferroviaire la plus grave dans le pays depuis 1944.

 

Dès mercredi soir, peu après le déraillement du train à son arrivée à Saint-Jacques de Compostelle, l'hypothèse d'une vitesse excessive, sur un tronçon de voie limité à 80 kilomètres heure, a pris corps. Deux enquêtes, judiciaire et administrative, ont été ouvertes.

Une des enquêtes vise l'un des conducteurs du train qui a déraillé, a indiqué une porte-parole de la Cour suprême de Galice. Elle a ajouté que les équipes de secours avaient cessé de chercher des corps sur les lieux de l'accident.

 

"J'espère qu'il n'y a pas de morts parce que je les aurai sur la conscience", a déclaré le conducteur depuis sa cabine, au cours d'une liaison radio avec la gare, peu après la catastrophe et avant de connaître son ampleur, a rapporté le quotidien El Pais. Avant le déraillement, le conducteur avait assuré qu'il roulait à 190 km/h, puis avait dit qu'il allait à 200 km/h et enfin, en abordant le virage où s'est produit l'accident, répété que sa vitesse était de 190 km/h, écrit le journal citant des sources proches de l'enquête.

"Nous sommes humains ! Nous sommes humains !", a-t-il dit, toujours selon le journal, juste après l'accident, bloqué à l'intérieur de la cabine et se plaignant d'une douleur à l'épaule et aux côtes.


"Grande vitesse mortelle", titrait le journal El Mundo, selon lequel le convoi était engagé à 220 kilomètres/heure dans le délicat virage de A Grandeira. "L'excès de vitesse est une des hypothèses qui prédomine", écrivait le journal.

Selon El Pais, le train circulait à 180 km/h en abordant le virage.

Le train venant de Madrid se dirigeait vers El Ferrol, sur la côte atlantique, et circulait sur un tronçon de la voie à grande vitesse galicienne, mise en service en décembre 2011, reliant la ville d'Ourense à Saint-Jacques puis La Corogne.

 

Jeudi soir, un responsable proche de l'enquête confirmait à Reuters que la vitesse excessive est à l'origine du drame.

 

Le train "n'a eu aucun problème opérationnel" et venait de passer une révision technique le matin même, a affirmé, de son côté, le président de la compagnie ferroviaire publique Renfe, Julio Gomez-Pomar Rodriguez.

 

 

(Voir la vidéo du crash ici)

 


 

Un secouriste évacue deux blessés. REUTERS/Xoan A. Soler/Monica Ferreiros/La Voz de Galicia

 

 

 

Jeudi matin, la scène du drame était toujours effrayante.

 

La carcasse du train gîsait sur les voies, près d'une courbe un peu avant Saint-Jacques de Compostelle : un wagon était encastré dans un muret en béton, un autre complètement déchiqueté, comme empilé sur un troisième. Des morceaux d'un quatrième wagon étaient encore éparpillés sur les voies. Des corps reposaient sur les voies, recouverts d'un drap blanc, le temps que les secours les évacuent.

 

Le dernier bilan de la catastrophe est de 80 tués sur les 222 personnes à bord du train. Plus de 140 personnes ont également été blessées, la plupart ont été hospitalisées.

 

"La scène est choquante, c'est dantesque", a déclaré le président de la région de Galice, Alberto Nunez Feijoo, à la radio.

 

Plusieurs témoins, abasourdis, ont raconté avoir entendu le bruit sourd d'une violente explosion.

"J'étais chez moi et j'ai entendu comme un coup de tonnerre, très fort, j'ai vu beaucoup de fumée", témoignait, à l'aube, Maria Teresa Ramos, une femme de 62 ans qui vit à quelques mètres du lieu de l'accident, assise dans son jardin d'où elle regardait une énorme grue se préparant à soulever les wagons désarticulés.

"C'était un désastre. Les gens criaient. Tous le monde est parti chercher des couvertures et des serviettes pour aider les blessés. Personne n'avait jamais vu cela ici".

 

 

Un blessé, sous le choc, près de la carcasse d'un wagon et d'un corps couvert d'une couverture. REUTERS/Xoan A. Soler/Monica Ferreiros/La Voz de Galicia

 

L'accident s'est produit à 20h42 (18h42 GMT) sur un tronçon de voie à grande vitesse, dans un virage très prononcé à environ quatre kilomètres de la gare de Saint-Jacques de Compostelle, la ville de pèlerinage mondialement célèbre.

 

"J'ai entendu comme un coup de tonnerre. C'était comme s'il y avait eu un tremblement de terre", racontait à l'AFP un témoin âgé de 39 ans, Francisco Otero, qui se trouvait dans la maison de ses parents, le long de la voie.

"Je suis arrivé une minute plus tard. La première chose que j'ai vue a été le cadavre d'une femme. Cela m'a beaucoup impressionné. Je n'avais jamais vu un cadavre de ma vie", a-t-il ajouté, joint par téléphone. "Mais surtout, ce qui m'a le plus impressionné, c'était un grand silence. Il y avait aussi un peu de fumée et un petit incendie".

"Tout cela était irréel. Il y avait des voisins qui s'approchaient, ils tentaient d'extraire les gens prisonniers des wagons, avec des pics, des masses, et finalement ils ont réussi avec une scie à main".

 

"Il semble que dans un virage le train ait commencé à se retourner, nous avons fait beaucoup de tonneaux et plusieurs wagons se sont empilés les uns sur les autres", a raconté un passager au micro de la radio Cadena Ser.

 

 

Des secouristes dégagent les victimes de la carcasse du train. REUTERS/Oscar Corral

 

L'accident s'est produit à la veille de la Saint-Jacques, le saint patron des Galiciens, une fête traditionnelle dans cette région. Toutes les cérémonies prévues à Saint-Jacques ont été annulées.

 

Très vite, de longs convois d'ambulances, gyrophares allumés, se sont formés, dans une course contre la montre pour évacuer les blessés. La nuit venue, toutes les routes environnantes étaient envahies par un ballet d'ambulances, sirènes hurlantes, tandis que sur les voies, les secouristes casqués, vêtus de gilets jaunes, armés de pics, tentaient de se frayer un chemin dans les tôles froissées. Alors que le pays plongé dans la récession continue d'être secoué régulièrement par des manifestations contre l'austérité, les pompiers ont annulé un mouvement de grève pour participer aux secours tandis que les personnels d'hôpitaux, dont beaucoup ont vu leurs salaires réduits, ne comptaient pas leurs heures supplémentaires pour venir en aide aux blessés.

 

Un bâtiment municipal a été mis à disposition des familles, qui pouvaient y recevoir les conseils de psychologues et des informations. Les autorités locales ont lancé un appel aux dons du sang.

Un homme attendait jeudi matin des nouvelles de deux amis qui étaient dans le train, un couple d'étudiants âgés de 21 ans. "Nous pensons qu'ils sont morts", confiait-il, au bord des larmes. "Leurs parents sont à l'intérieur, ils sont effondrés".

 

La douleur des proches des victimes. AFP/CESAR MANSO


 

Le chef du gouvernement Mariano Rajoy, qui a rendu visite aux blessés, a annoncé trois jours de deuil dans tout le pays. La Galice se préparait elle à sept jours de deuil et le roi Juan Carlos comme le prince héritier Felipe suspendaient leurs activités. Depuis Rio de Janeiro, le pape François a invité à prier pour les victimes et leurs familles.

 

Cette catastrophe ferroviaire est l'une des plus graves jamais survenues en Espagne. En 1944, une collision entre un train qui se rendait lui aussi de Madrid en Galice et une locomotive avait fait des centaines de morts. En 1972, 77 personnes avaient été tuées dans le déraillement d'un train reliant Cadix à Séville, en Andalousie.

 

Cette catastrophe intervient quelques jours après le déraillement d'un train en banlieue parisienne. Un déraillement qui a fait six morts et a été causé par une pièce d'acier qui reliait deux rails et s'est détachée.

 

Elle intervient également après un autre drame ferroviaire au Canada. Début juillet, une cinquantaine de personnes ont été tuées dans l'explosion et l'incendie d'un convoi pétrolier à Lac-Mégantic, au Québec.

 

 

Diaporama

Les images de la catastrophe ferroviaire en Espagne

 

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L'Espagne cherchait à comprendre jeudi les causes de l'accident de train qui a fait au moins 80 morts la veille en Galice, dans le nord-ouest du pays, la tragédie ferroviaire la plus grave dans le pays depuis 1944.
 
Dès mercredi soir, peu après le déraillement du train à son arrivée à Saint-Jacques de Compostelle, l'hypothèse d'une vitesse excessive, sur un tronçon de voie limité à...
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Triste tragédie ou un peu partout dans les quatre coins du monde l'excès de vitesse ne cesse de faire des ravages . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

07 h 48, le 25 juillet 2013

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Commentaires (1)

  • Triste tragédie ou un peu partout dans les quatre coins du monde l'excès de vitesse ne cesse de faire des ravages . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    07 h 48, le 25 juillet 2013

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