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À La Une - Liban

L'UE sanctionne le Hezb, Beyrouth embarrassé

« Il s’agit d’envoyer un message clair », déclare Hague.

Le président de la République Michel Sleiman recevant la chef de la Délégation de l’Union européenne (UE) Angelina Eichhorst. Photo Dalati et Nohra

Les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé hier d’inscrire la branche armée du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes de l’UE, tout en affirmant leur volonté de « poursuivre le dialogue » avec tous les partis politiques libanais, y compris le Hezbollah, ce qui ne sera pas simple. Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l’UE, a insisté sur l’attachement des Européens à un Liban « stable et en paix » en dépit des conséquences politiques et humanitaires du conflit syrien.
« Il s’agit d’envoyer un message clair », a déclaré William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères, en arrivant à la réunion mensuelle avec ses collègues des 28 pays de l’UE à Bruxelles.
Cette décision serait avant tout politique, sur fond d’implication du Hezbollah en Syrie, même si les ministres ont pris garde de ne pas évoquer la Syrie et l’implication croissante du Hezbollah dans le conflit, où il combat au côté du régime de Bachar el-Assad.


Officiellement, l’accord de l’UE, qui doit encore être transcrit juridiquement pour entrer en application, repose sur les « preuves » que la branche armée du Hezbollah est liée à des actes terroristes perpétrés sur le territoire européen. Il s’agit de l’attentat qui avait fait sept morts – cinq Israéliens, un Bulgare et l’auteur présumé – à l’aéroport de Bourgas (Bulgarie) le 18 juillet 2012. Les Européens citent également la condamnation en mars à Chypre d’un membre présumé du Hezbollah accusé d’avoir planifié une attaque contre des intérêts israéliens. « Nous ne pouvons permettre à la branche armée du Hezbollah de mener des activités terroristes dans l’UE (....) Nous devons réagir (...) et la réponse est de la placer sur la liste noire », a déclaré le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle. « En inscrivant la branche armée du Hezbollah sur la liste des entités terroristes, l’UE fait simplement coïncider le droit avec les faits », a commenté pour sa part le ministre français, Laurent Fabius. « Il est bon que l’UE ait décidé d’appeler le Hezbollah pour ce qu’il est : une organisation terroriste, a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Frans Timmermans. Nous avons franchi une étape importante aujourd’hui en sanctionnant la branche militaire, en gelant ses actifs, en perturbant son financement et ainsi, en limitant sa capacité à agir. »
Mais les Européens ne vont pas aussi loin que les États-Unis, qui ont placé sur leur liste noire le Hezbollah dans son entier, estimant qu’il était impossible de distinguer entre ses branches politique et militaire.

 

(Repère : Liste de l'UE des organisations terroristes : mode d'emploi)

Israël se félicite
Le secrétaire d’État américain John Kerry a en tout cas salué la décision de l’UE, qui constitue « un message fort au Hezbollah, dont la teneur est qu’il ne peut échapper aux sanctions qu’imposent ses actes, y compris l’attaque contre Bourgas et la planification d’un attentat similaire à Chypre ».
Comme les États-Unis, Israël s’est félicité. « Ces dernières années, Israël a déployé d’importants efforts pour expliquer à tous les pays de l’Union que le Hezbollah est une organisation terroriste du régime iranien », a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Maintenant, il est clair pour le monde entier que le Hezbollah est une organisation terroriste », a ajouté la ministre israélienne de la Justice, Tzipi Livni.

« La volonté israélienne »
Dans ce contexte, le Hezbollah, via la chaîne al-Manar, a affirmé qu’Israël « avait fait plier l’Union européenne à sa volonté ».
De leur côté, les autorités libanaises, qui avaient appelé l’UE à ne pas sanctionner le Hezbollah, ont exprimé leur déception. S’alignant sur la position du chef de l’État, le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati a regretté la décision européenne, tout en précisant qu’elle n’affecterait pas les relations du Liban avec les Européens. « Nous aurions souhaité de la part des pays de l’Union européenne une lecture plus avisée des faits », a-t-il noté dans un communiqué. Il a précisé que le Liban « poursuivra les discussions sur ce sujet par les canaux diplomatiques ».
Le journal koweïtien al-Raï a relevé dans ce contexte que ces demandes « synchronisées » du président Sleiman et du Premier ministre démissionnaire d’un réexamen de la décision européenne conduisent à s’interroger sur la réaction du Hezbollah à cette initiative : amènera-t-elle le Hezbollah à faciliter la formation du gouvernement? Dénonçant « des pressions exercées sur l’UE », le ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour s’est demandé si « l’UE acceptera la participation du Hezbollah au prochain gouvernement ». Autant d’interrogations favorisées par la complexité de mettre en œuvre la décision de l’UE.

 


Conséquences et complexité
Si l’inscription va entraîner un gel des avoirs dans l’UE de l’entité visée, elle ne comporte pas de noms de personnalités. Seul le déplacement des membres du Hezbollah vers l’Europe devrait être rendu plus difficile.
Sa mise en œuvre s’annonce donc complexe car « il est très difficile d’identifier les membres de l’aile militaire », selon Waddah Charara, professeur de sociologie à l’Université libanaise et auteur de L’État Hezbollah. « Nous en connaissons peut-être une vingtaine. C’est l’appareil sécuritaire, et non pas militaire, qui est le plus efficace et le plus dangereux », a-t-il expliqué à l’AFP.


Selon lui, « les restrictions et les ambiguïtés de la décision de l’UE laissent une latitude assez large au Hezbollah, d’autant que ce parti a toujours avancé masqué et possède de nombreux relais pour agir ». C’est pour cette raison que les États-Unis ne font « pas de distinguo entre ses ailes politique, militaire et terroriste », a récemment expliqué un porte-parole du département d’État.

 

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