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À La Une - Conflit

Liban-Syrie : l'engrenage des attentats terroristes

L’assassinat, hier, d’un responsable syrien pro-Assad à Sarafand, « un signal d’alarme », affirme le Hezbollah

Le corps ensanglanté de Mohammad Darrar Jammo. Mahmoud Zayyat/AFP

Plus un jour ne passe désormais sans qu’un incident sécuritaire lié à la guerre civile en Syrie ne fasse irruption sur le sol libanais. Ainsi, après les accrochages épisodiques dans différentes régions du pays, après les tirs de roquettes surprise contre la banlieue sud, l’attentat à la voiture piégée à Bir el-Abed et l’explosion au passage d’un convoi du Hezbollah sur la route de Masnaa, mardi, un nouveau pas a été franchi hier dans ce contexte. Dans une première opération du genre depuis le déclenchement de la révolution syrienne en mars 2011, un haut fonctionnaire syrien pro-Assad a été assassiné hier à l’aube par des éléments armés au Liban-Sud.


La victime : un certain Mohammad Darrar Jammo, directeur de la section politique et des relations internationales au sein de l’Organisation mondiale pour les émigrés arabes (une association proche du régime Assad). Il a été abattu de plusieurs balles et d’un coup de couteau devant sa maison à Sarafand. Syrien d’origine kurde, âgé de 44 ans, Jammo était marié à une Libanaise et vivait au Liban, à Sarafand, depuis une vingtaine d’années. Il était surtout connu comme expert politique proche du régime Assad et apparaissait régulièrement sur les télévisions libanaises pour défendre le pouvoir en place à Damas.

 


Un responsable des services de sécurité libanais a indiqué à l’AFP que Jammo avait « été abattu par des hommes armés vers deux heures du matin » à son domicile à Sarafand, « où il réside avec son épouse libanaise ». « Ils l’ont criblé de 20 balles dans différents endroits de son corps », a-t-il ajouté. Selon certaines sources, la victime a été atteinte de 27 balles et d’un coup de couteau. Sa fille et deux de ses gardes du corps ont été blessés.
Effondrée, l’épouse de Jammo a affirmé à la presse que son mari avait été contacté mardi par des membres du parti Baas au pouvoir en Syrie, qui l’ont prévenu qu’il pouvait être la cible d’un assassinat. « Ils lui ont dit de faire attention », a-t-elle dit.


« On venait de rentrer (...) quand j’ai entendu des tirs nourris dans la pièce (faisant office d’entrée), je me suis précipitée et je l’ai vu couvert de sang », a-t-elle ajouté.
Sur les murs du salon du défunt sont accrochées des photos de lui avec le président Bachar el-Assad et d’autres responsables syriens, ainsi que le portrait du père du chef de l’État, l’ancien président Hafez el-Assad.
Un proche de l’épouse du défunt, Mohammad, a affirmé à l’AFP avoir vu, depuis son balcon d’en face, trois hommes armés et non masqués entrer dans l’immeuble puis il a entendu des tirs nourris.

 

 

Photo d'archives de M. Jamo serrant la main du président syrien Bachar el-Assad. Photo AFP

 


Les réactions
Le ministre syrien de l’Information a condamné cet assassinat commis par des « barbares ».
L’ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali, a vivement stigmatisé l’assassinat, rendant un vibrant hommage à la victime et soulignant que ce meurtre « devrait être un avertissement à tous ceux qui ont facilité l’accueil des factions hostiles à la sécurité en Syrie et au Liban ».

 

(Chronologie : Les répercussions du conflit syrien sur le Liban)


Pour sa part, le Hezbollah a estimé que « ce crime horrible est un signal d’alarme. Il doit nous pousser à trouver les moyens les plus adéquats pour faire face aux crimes terroristes avant que le danger ne menace toute la région ».
Le chef du bloc parlementaire du courant du Futur, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, a lui aussi vivement stigmatisé le meurtre, dénonçant dans ce cadre tous les assassinats politiques, quelle que soit leurs cibles.
Un haut responsable du 14 Mars a condamné l’assassinat, soulignant par ailleurs que « les opérations de l’opposition syrienne contre le Hezbollah iront crescendo, comme ce qui s’est produit à Bir el-Abed et Majdel Anjar » (sur la route de Masnaa). « La riposte se fera par l’assassinat d’un haut responsable du 14 Mars », a affirmé la source précitée du 14 Mars.


L’association Journalistes contre la violence (mouvance du 14 Mars) a publié de son côté un communiqué condamnant le meurtre de Jammo, invitant l’État à dévoiler et juger les coupables « de manière à assurer la sécurité à tous les journalistes libanais, arabes et étrangers travaillant sur le territoire libanais ». L’association a d’autre part dénoncé les réactions de l’ambassadeur de Syrie et du ministère syrien de l’Information, s’élevant contre leur ingérence dans les affaires intérieures du Liban du fait qu’ils ont fait assumer implicitement la responsabilité du meurtre à une partie libanaise.

 

(Cartographie : Le Liban rattrapé par la crise syrienne)

L’attentat de Majdel Anjar
Signalons par ailleurs que selon plusieurs agences d’informations, un responsable de la sécurité du Hezbollah a été tué dans l’attentat à l’explosif qui a visé mardi dans le secteur de Majdel Anjar, sur la route du poste-frontière de Masnaa, un convoi du Hezbollah. Selon un responsable sécuritaire cité par l’AFP, la victime se trouvait à bord du convoi du Hezbollah au moment de l’explosion. Citant la même source sécuritaire, l’AFP indique que l’explosion a fait également trois blessés.

 

 

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