Rechercher
Rechercher

À La Une - Égypte

Au Caire, Burns appelle à l’apaisement

Les partisans de Morsi et les opposants ont à nouveau manifesté dans la soirée, heurts dans la capitale.

Les partisans des Frères musulmans ont massivement et violemment manifesté hier au Caire. Gianluigi Guercia/AFP

Un haut responsable américain a appelé à l’apaisement, hier en Égypte, après des entretiens avec les nouvelles autorités au Caire. La priorité doit aller au dialogue et à la fin des violences, a affirmé le secrétaire d’État adjoint William Burns, selon la traduction en arabe de ses propos, diffusée sur des chaînes arabes. Il a, par ailleurs, exclu que l’Égypte vive un scénario comparable à celui de la Syrie. Auparavant, M. Burns, venu apporter le « soutien des États-Unis aux Égyptiens », s’était entretenu avec les principaux responsables intérimaires, selon l’agence MENA : le Premier ministre Hazem Beblawi, le président Adly Mansour et le général Abdel Fattah al-Sissi, le nouvel homme fort du pays, qui devrait rester ministre de la Défense. Le mouvement Tamarrod, à l’origine des rassemblements de masse contre M. Morsi fin juin, a, en revanche, refusé de le rencontrer, invoquant le sentiment, largement partagé parmi les manifestants anti-Morsi, que Washington avait soutenu le président déchu jusqu’au bout. « Les États-Unis n’ont pas été au côté du peuple égyptien au début du mouvement » qui a contribué à la chute de M. Morsi, a déclaré un responsable de Tamarrod, Islam Hammam.


Il s’agit de la première visite d’un haut responsable américain depuis le renversement de M. Morsi le 3 juillet par l’armée, après les manifestations monstres réclamant son départ. Les violences qui ont suivi ont fait une centaine de morts à travers le pays. Cette visite survient dans un climat délicat entre les deux pays. L’Égypte est depuis des décennies un allié-clé pour les États-Unis, qui apportent à l’armée une aide annuelle de 1,3 milliard de dollars. Washington s’est jusqu’à présent abstenu de parler de « coup d’État », ce qui entraînerait une suspension automatique de cette aide. Washington a en outre demandé la remise en liberté de M. Morsi, détenu par l’armée, mais cet appel n’a pas trouvé d’écho au Caire. Le nouveau pouvoir a assuré que l’ex-chef d’État se trouvait « en lieu sûr » et était « traité dignement », mais sans le laisser apparaître en public depuis son arrestation.

 

(Lire aussi: « Un ramadan comme celui-là, c’est la première fois de ma vie : je ne ressens rien »)


Une femme au cabinet
Les partisans de M. Morsi, qui dénoncent un « coup d’État militaire » contre le premier président démocratiquement élu, ont appelé à de nouveaux grands rassemblements hier, en particulier aux abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le faubourg de Nasr City, où ils campent depuis deux semaines. En début de soirée, avant la rupture du jeûne, ils étaient déjà plusieurs dizaines de milliers sur place. « Je ne suis pas un membre des Frères musulmans (...) mais je suis là pour défendre mon vote », a déclaré Gamal Hassan, un pharmacien. Une marche était annoncée vers le siège de la Garde républicaine, devant lequel 53 personnes ont été tuées, il y a une semaine, par des tirs pendant une manifestation pro-Morsi. Les Frères musulmans veulent continuer de manifester « pacifiquement », a assuré un porte-parole, Ahmad Aref. « Nous avons une cause juste pour laquelle nous sommes prêts à nous sacrifier. » Les anti-Morsi, qui reprochent au président déchu d’avoir gouverné au seul profit des Frères musulmans et de ne pas avoir fait face à la crise économique, comptaient pour leur part se rassembler sur la place Tahrir. En soirée, les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes dans le centre du Caire pour mettre fin à des accrochages entre partisans de M. Morsi et habitants du quartier de la rue Ramsès. Par ailleurs, dans le nord du Sinaï, où la situation sécuritaire s’est encore dégradée ces deux dernières semaines, au moins trois personnes ont été tuées dans la matinée et 17 autres blessées, dans l’attaque d’un bus transportant des ouvriers d’une cimenterie.

 

(Lire aussi : Égypte : la crise économique s’aggrave malgré l’aide du Golfe)


Dans ce contexte, M. Beblawi, qui n’a pas exclu d’intégrer des Frères musulmans dans son équipe, poursuit ses tractations pour constituer un gouvernement, dont il avait estimé pouvoir annoncer la composition aujourd’hui ou demain. Ainsi, une femme, l’ancienne directrice de l’opéra du Caire, Inès Abdel Dayem, limogée par le gouvernement Morsi, a été nommée ministre de la Culture.
En outre, en visite à Paris, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a souligné que l’Égypte se trouvait « à un tournant critique ». « Il ne saurait y avoir de place pour la vengeance ou l’exclusion d’un parti ou d’une communauté importante », a-t-il ajouté, se disant « très inquiet » des arrestations dans les rangs des Frères musulmans. Les diplomates égyptiens ont aussitôt tenté de rassurer la communauté internationale en réaffirmant l’attachement de leur pays au processus démocratique. « Nous voulons nous montrer rassurants », a déclaré l’ambassadrice de l’Égypte auprès de l’ONU à Genève, Wafaa Bassim. « Personne ne sera exclu du dialogue de réconciliation nationale et du processus démocratique », a insisté Mme Bassim, précisant que même les Frères musulmans et les partis islamistes comme les salafistes pourraient y participer.

 

Lire aussi

Dans les dunes du Sinaï, le point de Christian Merville

 

Voir aussi notre dossier spécial : Égypte : le défi de l’opposition, transformer la mobilisation en effet politique

 

Un haut responsable américain a appelé à l’apaisement, hier en Égypte, après des entretiens avec les nouvelles autorités au Caire. La priorité doit aller au dialogue et à la fin des violences, a affirmé le secrétaire d’État adjoint William Burns, selon la traduction en arabe de ses propos, diffusée sur des chaînes arabes. Il a, par ailleurs, exclu que l’Égypte vive un...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut