La rue sunnite manifeste de nouveau son soutien à Ahmad el-Assir

Des partisans du cheikh islamiste Ahmad el-Assir ont entamé après la prière de vendredi une manifestation à Saïda, au Liban-Sud, en soutien à leur chef recherché depuis les affrontements meurtriers avec l'armée, le 23 juin dernier.

Environ 300 personnes, en majorité des jeunes et des femmes voilées, sont sorties dans la rue aux cris de "Que Dieu protège cheikh Assir", en brandissant ses photos et une pancarte "nous n'accepterons jamais l'occupation iranienne de Saïda".

Les manifestants se sont dirigés de Abra, ancienne place forte du cheikh salafiste dans la banlieue de Saïda, vers le rond-point Karama dans le centre de la grande ville portuaire en brandissant des portraits du cheikh radical et en scandant des slogans à sa gloire. Ils réclament la libération de leurs camarades arrêtés après les affrontements, menaçant de bloquer les routes de Saïda s'ils n'obtienent pas satisfaction.

L’armée a interdit toute couverture médiatique en direct de la manifestation après une attaque contre une équipe de télévision présente sur les lieux. La troupe a également demandé aux journalistes de quitter la grande ville portuaire du Liban-Sud.

Parallèlement, de petites manifestations de solidarité avec cheikh Assir ont eu lieu à Beyrouth et Tripoli, la capitale du Liban-Nord. Une centaine de manifestants se sont ainsi rassemblés à Tarik Jdidé, un quartier sunnite de l’ouest de la capitale, où ils ont scandé des slogans à la gloire du cheikh salafiste, avant de se disperser.

A Tripoli, les manifestants se sont retrouvés rond-point al-Nour. Aucune présence armée n’a été signalée, l'armée était toutefois mise en alerte.

Ces manifestations interviennent au lendemain de l'appel du cheikh Ahmad el-Assir, dans un enregistrement sonore, aux sunnites à manifester aujourd’hui devant toutes les mosquées du Liban. Dans l'enregistrement diffusé sur les réseaux sociaux, on entendait le cheikh s’exprimer pendant plus de 25 minutes, au cours desquelles il a notamment rendu un vibrant hommage aux "martyrs tombés durant les incidents de Abra" et souhaité un "prompt rétablissement" aux blessés. Cheikh Assir s’est employé ensuite à expliciter les "raisons" de ces incidents, assurant que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, "sait que nous allons le vaincre comme il a été vaincu à Qousseir", ajoutant : "Nous reviendrons pour porter haut l’étendard du droit !" Aucune preuve de l’identité vocale de l’enregistrement (ni de sa date) n’a pu être jusqu’à présent apportée.

(Lire aussi: Poursuites judiciaires contre le cheikh salafiste)

Vendredi dernier, quelques jours après la prise par l'armée du "quartier général" d'Ahmad el-Assir, la rue sunnite avait également manifesté à travers le Liban sa solidarité avec le cheikh salafiste. Après la prière de vendredi, des rassemblements sous tension avaient eu lieu à Saïda, à Beyrouth, à Tripoli et dans la Békaa face à un déploiement massif de l'armée. 

Les opérations de l'armée à Abra ont attisé un sentiment de frustration de l'opinion publique sunnite qui, bien que ne sympathisant pas avec cheikh Assir, jugé extrémiste et fantasque, reproche à la troupe de ne pas utiliser la même force militaire face au Hezbollah. Des dignitaires religieux sunnites ont même accusé le parti chiite d'avoir prêté main forte à l'armée dans son assaut.

(Pour mémoire: Les deux corps retrouvés à Saïda ne sont pas ceux d’Ahmad el-Assir et de Fadel Chaker)

Jeudi dernier, le Hezbollah a évacué deux appartements à Abra, proches de l'ancien QG du cheikh salafiste qui accusait le parti chiite d'y avoir stocké des armes et de l'espionner. "Nous avons évacué les immeubles dans le but de préserver le calme dans la zone", avait indiqué à l'AFP une source du Hezbollah. Une source militaire a confirmé cette évacuation.

Au Liban, les tensions confessionnelles entre sunnites, partisans de la rébellion syrienne, et chiites, partisans du régime de Damas, ont été exacerbées par la guerre syrienne. Les combats de Saïda étaient néanmoins les plus sanglants qu'ait connu le Liban depuis le début, en mars 2011, du conflit en Syrie où le Hezbollah est impliqué dans les combats au côté du régime Assad.

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