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À La Une - Égypte

L’armée égyptienne arbitre de la crise

Le commandement militaire donne 48 heures à Morsi pour « satisfaire les demandes du peuple ».

Le mouvement d’opposition Tamarrod, à l’origine des manifestations monstres de dimanche pour réclamer le départ de Mohammad Morsi, a estimé que l’armée s’est rangée « du côté du peuple ». Suhaib Salem/Reuters

L’armée égyptienne a donné hier 48 heures à Mohammad Morsi pour satisfaire les « demandes du peuple », faute de quoi elle imposerait une feuille de route, après des manifestations de masse réclamant le départ du président islamiste, d’après le commandement militaire dans un message lu à la télévision. Les opposants toujours mobilisés place Tahrir au Caire ont explosé de joie après cette déclaration qui pousse, selon eux, le président vers la sortie comme ils le réclament. « Morsi n’est plus notre président, Sissi avec nous », ont scandé les manifestants, en référence au général Abdel Fattah as-Sissi, chef de l’armée et ministre de la Défense, dont le portait est apparu à l’écran durant la lecture de la déclaration militaire.

 

(Pour mémoire : L’opposition égyptienne veut retrouver le souffle de la révolution)

 

Le mouvement Tamarrod (rébellion), à l’origine de manifestations monstres de dimanche, a estimé que « l’armée s’est rangée aux côtés du peuple ». Les Frères musulmans, la formation d’où vient M. Morsi, se sont, eux, contentés de déclarer qu’ils « étudiaient » la déclaration militaire.


Quatre membres du gouvernement (les ministres du Tourisme, de l’Environnement, des Communications, et des Affaires juridiques et parlementaires) ont quant à eux présenté leur démission, accroissant l’isolement de M. Morsi. L’armée, qui avait pris pour un an et demi les rênes de l’exécutif entre le départ de M. Moubarak et l’élection de M. Morsi en juin 2012, avait déclaré la semaine dernière par la voix du général Sissi qu’elle ne laisserait pas le pays « plonger dans un tunnel sombre de conflits et de troubles ».

 

Le président américain Barack Obama a pour sa part invité « toutes les parties à faire preuve de retenue ». L’issue des troubles en Égypte aura un « impact important » sur l’évolution des autres pays de la région, a estimé de son côté l’ONU en recommandant aux Égyptiens « le dialogue et la non-violence ». Tout en soulignant que « la grande majorité » des manifestations en Égypte semblait pacifique, le porte-parole onusien Eduardo del Buey a « condamné fermement » les violences qui ont fait seize morts ainsi que « les violences sexuelles contre des manifestantes ».

 

(Lire aussi : L'aide de l'UE à l'Egypte : "bien intentionnée mais inefficace")

 

Dimanche, la foule avait déferlé dans la capitale et de nombreuses autres villes aux cris de « Le peuple veut la chute du régime », le slogan déjà scandé début 2011 contre le pouvoir autoritaire de Hosni Moubarak. Au moins seize personnes ont été tuées dans tout le pays en marge de ces manifestations, dont huit dans des affrontements entre pro et anti-Morsi au Caire, a indiqué hier le ministère de la Santé. La grande institution islamique al-Azhar, basée au Caire, a indiqué craindre « un nouveau bain de sang », en particulier après des « informations sur les victimes et l’arrestation de passeurs d’armes qui semblent avoir infiltré les rassemblements pacifiques ». L’armée et la police sont donc déployées dans le pays pour éviter des dérapages graves, notamment autour des établissements vitaux.

Pillages
Au Caire, le siège des Frères musulmans, dont M. Morsi est issu, a été en partie incendié dans le quartier du Moqattam, avant d’être occupé et pillé hier matin. Certains assaillants jetaient des objets par les fenêtres, tandis que d’autres emportaient des casques, des gilets pare-balles, des postes de télévision, des meubles et des documents, a constaté un journaliste de l’AFP. « Les Frères musulmans ont ruiné le pays, et les dévaliser est donc justifié », expliquait Mohammad, un manifestant. L’opposition avait appelé à manifester au jour anniversaire de l’investiture de M. Morsi. Les cortèges de dimanche – d’une ampleur sans précédent – ont lancé « la révolution du 30 juin », affirmait d’ailleurs hier le quotidien indépendant al-Masry al-youm. Parallèlement, à quelques kilomètres de la place Tahrir, les partisans du premier président élu démocratiquement de l’histoire du pays campaient également dans le faubourg de Nasr City, dans l’est de la capitale, pour soutenir la « légitimité » de M. Morsi. L’armée, qui a parlé de « millions » de manifestants hostiles à M. Morsi à travers le pays, a estimé le chiffre des pro-Morsi à 25 000.


Après avoir récolté 22 millions de signatures pour une pétition réclamant le départ du président, le mouvement Tamarrod a posé quant à lui un ultimatum de 24 heures à M. Morsi accusé de dérive autoritaire et de laisser la mainmise aux Frères musulmans sur le pays. « Nous donnons à Mohammad Morsi jusqu’à (aujourd’hui à 15h00 GMT) pour quitter le pouvoir et permettre aux institutions étatiques de préparer une élection présidentielle anticipée », a affirmé Tamarrod sur son site Internet. En cas de refus, « 17h00 sera le début d’une campagne de désobéissance civile totale ».

 

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Par ailleurs, les forces de sécurité auraient arrêté hier 15 gardes assurant la protection d’un dirigeant des Frères musulmans, Khaïrat ech-Chater, après un échange de tirs qui n’a pas fait de blessé, a-t-on appris de sources sécuritaires. Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), émanation de la confrérie islamiste, a par la suite démenti cette version en citant M. Chater lui-même. Selon ce dernier, l’entrée de la police dans sa résidence a déclenché une fusillade, et son chauffeur a été enlevé. Du côté des forces de sécurité, on précise que celles-ci sont intervenues pour arrêter les gardes de Chater, accusés de détention illégale d’armes.

 

 

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