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Campus - Conférence

Le numérique au service de l’engagement civique et du changement social

@SocialMedia’sPACE est un événement qui a réuni le temps d’une journée plus de 150 activistes et professionnels des médias. À l’ordre du jour, exploiter au mieux la révolution numérique au profit des ONG.

Le premier panel. De gauche à droite: Leila Khauli Hanna, Imad Bazzi, Ali Fakhry, Ahmad Karout et Darine Sabbagh.

La société civile ne s’est pas fait prier avant de se mettre à l’ère du digital. Pour mener à bien leur mission et augmenter leur influence sur le terrain, les ONG ont vu dans leur présence en ligne un outil indispensable. Seulement leurs efforts entrepris sur les plateformes du Net ne sont pas toujours basés sur des stratégies claires ni soutenus par une compréhension solide des outils numériques. Nombreuses sont les associations qui, par ailleurs, ne réussissent pas à jumeler l’emploi de ces nouveaux médias et des médias traditionnels.
Ayant pris conscience de l’importance du sujet, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a financé le programme PACE (Promoting Active Citizen Engagement), qui a réuni à l’hôtel Crowne Plaza, à Hamra, 150 activistes de la société civile, blogueurs et journalistes autour de tables rondes animées par des professionnels et d’ateliers de consultation.

Contenu, outils et alliances fructueuses
Après une entrée en matière de Denise O’Tool, directrice du Bureau de l’éducation, la démocratie et la gouvernance au sein de USAID, une première table ronde a porté sur l’importance du contenu diffusé par les ONG sur les réseaux sociaux. Pour discuter des meilleurs moyens de se créer une présence sur les nouveaux médias, Imad Bazzi, expert en cyberdéfense, Ali Fakhry, directeur de communication au sein de l’association IndyACT, Ahmad Karout, fondateur et directeur exécutif de Kazamedia, et Darine Sabbagh, spécialiste en marketing numérique à Online Collaborative, ont tour à tour partagé leurs connaissances.
« La démocratie est comme le sexe. Certains aiment le faire, d’autres préfèrent le regarder à la télé », a affirmé Imad Bazzi, alias Trella sur les réseaux sociaux, qui a exposé les différentes étapes du projet « Je me vends », et qui a regroupé huit blogueurs qui se sont portés candidats imaginaires aux législatives pour protester contre la prorogation du mandat du Parlement et défendre la démocratie de l’État libanais. « Les réseaux sociaux ne sont pas là pour changer le monde et mener des révolutions. C’est un outil comme un autre qui doit servir à augmenter le niveau de conscience des gens en général », a-t-il affirmé. De son côté, Ali Bazzi a expliqué comment toute campagne doit suivre un calendrier, « de façon à ce que tout son contenu ne soit pas diffusé de manière aléatoire ». Une affirmation reprise par Ahmad Karout, initiateur de la campagne Kamachtak, qui a estimé que « le contenu, même sur les réseaux sociaux, est roi ». « Toute campagne doit suivre une stratégie, et toute stratégie doit être basée sur un but précis », a-t-il déclaré, déplorant que nombreux sont ceux qui utilisent les médias sociaux comme les médias traditionnels sans chercher d’interaction et d’engagement, et en se limitant à la diffusion d’informations.
Pour sa part, Darine Sabbagh a fait un exposé des réseaux sociaux à utiliser et des meilleures façons d’allouer les éléments d’une campagne à chaque réseau. « Toute plateforme a ses spécificités, dont il faut tenir compte, a-t-elle dit. Pour Facebook, il faut savoir que le contenu y vit deux à trois heures, et savoir que les “posts” affichés sont lus davantage s’ils sont accompagnés d’une photo. Pour Twitter, il s’agit d’un contact plus personnel. Tout commentaire y vit deux à trois minutes. Il ne faut pas avoir peur d’en faire trop sur Twitter. Youtube sert aux campagnes à longue durée de vie et Instagram est aujourd’hui utilisé pour plus de visibilité. Il faut savoir user de toutes ces plateformes de façon simultanée et complémentaire, mais personnaliser chaque annonce pour chacune des plateformes. Les médias sociaux sont aujourd’hui la nouvelle monnaie des ONG. »
Une seconde table ronde autour des meilleurs moyens d’allier les médias traditionnels et les nouveaux médias s’est ensuite tenue, amorcée par Tania Mehanna, reporter à la LBCI, qui a affirmé que « le social a favorisé l’éclosion du journalisme du citoyen, devenu lui-même reporter ». « Aujourd’hui, les citoyens sont sur les lieux de l’événement avant nous, et nous utilisons cela pour étoffer nos nouvelles et nos reportages. C’est aussi une nouvelle fenêtre pour nous pour être en contact avec les gens et faire parvenir leurs voix », a-t-elle affirmé, déplorant que les politiciens sur les réseaux sociaux ne remarquent que les commentaires positifs, et le nombre de « J’aime », sans prendre en considération les critiques.
Pour Patrick Richa, chef du département Web à la MTV, « la télévision, les journaux et la radio n’ont pas à avoir peur des nouveaux médias car ils se complètent et ne se remplacent pas ». « Les médias sociaux ont néanmoins changé de nombreuses choses à la télé, dit-il. À la MTV, nous avons donné une importance toute particulière à la promotion sur Internet. Le replay, le streaming en direct et le journalisme citoyen (You report) sont aussi un exemple, sans oublier que les télés prennent aujourd’hui en compte le feedback des gens sur les plateformes du Net et altèrent leur grille de programmes en fonction ». Pour sa part, Omar Sadek, directeur général au sein de J. Walter Thompson et contributeur à la campagne « Cheyef Halak », a souligné la nécessité pour les entreprises de ne pas penser qu’en termes de profit, mais aussi en termes de responsabilité sociale, avant que Riad Kobeissy, journaliste investigateur à al-Jadeed TV, explique comment les nouveaux médias servent les enquêtes journalistiques et comment ils ont permis de détruire les barrières entre le journaliste et le citoyen lésé.

Ateliers et consultations
Les débats ont été suivis d’ateliers consacrés aux activistes, blogueurs et journalistes. Ces ateliers, organisés par des professionnels, ont porté sur les bases du blogging, la photographie au service de la narration, les logiciels libres, la sécurité en ligne, le b.a.-ba des spots publicitaires pour les ONG et la publication au moyen de licences ouvertes. Les participants ont aussi pu profiter de l’expérience de professionnels des nouveaux médias, qui ont tenu des stands de consultation. « Je suis là aujourd’hui pour partager mon expérience avec des personnes qui aimeraient avoir leur blog ou qui ne savent pas comment améliorer le leur, disait Mahmoud Ghazayel, auteur du blog Majjeh. Les blogs sont de plus en plus utiles aujourd’hui. Ils constituent un vrai moyen d’expression pour tous ceux qui ont quelque chose à dire. » Quant à Milad Hadchity, présentateur télé et consultant en communication visuelle et image de marque, qui a animé l’événement, il a noté que « le travail de création d’une image pour toute entreprise ou individu doit aujourd’hui se faire hors ligne (offline), mais aussi en ligne (online) ».
La société civile ne s’est pas fait prier avant de se mettre à l’ère du digital. Pour mener à bien leur mission et augmenter leur influence sur le terrain, les ONG ont vu dans leur présence en ligne un outil indispensable. Seulement leurs efforts entrepris sur les plateformes du Net ne sont pas toujours basés sur des stratégies claires ni soutenus par une compréhension solide des...

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