Rechercher
Rechercher

À La Une - Révolte

Armer l'opposition ou c'est « catastrophe humanitaire » en Syrie...

Déploiement du Hezbollah en préparation d’un assaut contre Alep ; combats entre islamistes et Kurdes dans le Nord.

Une combattante kurde braquant son arme sur des positions adverses à Alep. Nour Kelze/Reuters

Les rebelles syriens ont mis en garde hier contre une « catastrophe humanitaire » s’ils n’obtenaient pas des armes lourdes pour protéger les zones civiles, après l’intensification des opérations de l’armée aidée par le Hezbollah. À deux jours d’une réunion demain à Doha de 11 pays soutenant l’opposition, l’Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la rébellion, a ainsi réclamé hier des missiles antiaériens et antichars, et une zone d’exclusion aérienne. « Nous avons besoin de missiles sol-air de courte portée Manpad, de missiles antichars, de mortiers, de munitions (...), de gilets pare-balles et de masques à gaz », a déclaré le porte-parole de l’ASL, Louaï Mokdad. Il a promis que son groupe « s’engageait à veiller à ce que ces armes ne tombent pas aux mains de groupes incontrôlés ou extrémistes », les Occidentaux refusant jusqu’ici de livrer des armes en exprimant précisément cette crainte.

 

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius l’a d’ailleurs répété hier en affirmant que son pays excluait de livrer à la rébellion des armes qui pourraient « se retourner » contre lui, tout en réitérant son désir de déboucher sur une solution politique.


Par ailleurs, le secrétaire d’État John Kerry participera également demain à la réunion des Amis du peuple syrien à Doha pour examiner les moyens d’aider les rebelles et les efforts pour réunir une conférence de paix à Genève. Néanmoins, Moscou, alliée du président Bachar el-Assad, a affirmé que les Occidentaux avaient refusé de s’engager sur une date concrète, car ils n’étaient pas sûrs de pouvoir faire venir l’opposition qui exige un départ de M. Assad comme préalable à toute solution.

Les banlieues de Damas
Sur le terrain, une importante bataille entre armée, appuyée par le Hezbollah, et rebelles se joue désormais dans les banlieues sud et est de Damas, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les troupes tentent de reprendre les villes de Zayabiya et Babila, ce qui leur permettrait de couper l’approvisionnement des insurgés retranchés dans le sud de Damas. Plusieurs quartiers du sud et de l’est de la capitale, dont Qaboun, Barzé, Jobar, Hajar el-Aswad et Qadam étaient eux aussi pris sous le feu de l’armée.
Selon militants et rebelles, le Hezbollah se déploie désormais aussi dans le Nord, en préparation d’un assaut contre la deuxième ville du pays, Alep. Dans cette ville, l’OSDH a en outre dénoncé une situation sanitaire « effrayante » dans la principale prison où des cas de tuberculose et de gale ont été signalés parmi les milliers de détenus ainsi que parmi les geôliers.
Toujours dans le Nord, des rebelles islamistes et des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se sont affrontés dans la nuit de mercredi à jeudi dans le nord de la Syrie, a-t-on appris hier de sources dans les deux camps. Les combats ont éclaté en bordure d’Afrin, un district kurde, et ont fait quatre morts. Avec les accrochages et les assassinats des jours précédents, le bilan est désormais de 30 morts, tandis que des dizaines de personnes ont été enlevées des deux côtés. Les Kurdes, qui représentent environ 10 % de la population syrienne, sont en grande partie restés à l’écart du conflit en cours dans ce pays même s’ils ont participé au début aux vastes manifestations pacifiques contre le régime. Mais les tensions entre Kurdes et rebelles islamistes ont été ravivées par les renforts récemment envoyés par le régime à Zahra et Nubbul, deux villages chiites situés entre Afrin et Alep. Des combattants du Hezbollah y ont notamment été envoyés. Accusant le PKK d’approvisionner les deux villages chiites, des rebelles islamistes ont donc coupé les routes principales menant à Afrin, selon des habitants.
Par ailleurs, un obus de mortier tiré à partir du territoire syrien a explosé hier matin dans un secteur du plateau du Golan occupé par Israël, a indiqué une porte-parole de l’armée israélienne, précisant que « cette explosion n’a fait ni victime ni dégât ».

Détresse « phénoménale » des réfugiés
À l’occasion de la Journée du réfugié, l’opposition a appelé la communauté internationale à trouver « des solutions pratiques qui arrêteraient l’effondrement de la Syrie et permettraient aux réfugiés de rentrer chez eux ». De nombreuses ONG ont aussi appelé hier à se mobiliser en faveur des réfugiés, dont le nombre dépassera les deux millions dans quelques semaines et constitue la plus grave crise humanitaire du XXIe siècle. Car « la détresse des réfugiés syriens atteint une ampleur phénoménale. (...) Ils ne savent pas ce que l’avenir leur réserve. Toute une génération d’enfants syriens a été témoin de violences brutales, de nombreuses femmes et filles ont subi des viols. Et tous continueront à souffrir pendant leur exil », déclare Hugh Fenton, président du Forum régional des ONG pour la Syrie (SIRF), cité dans le communiqué.

 

D’autant que l’afflux des malheureux dans les pays voisins de la Syrie crée « un risque majeur de déstabilisation au Liban, en Jordanie, en Irak et dans une moindre mesure en Turquie », voire d’embrasement de toute la région, s’est également inquiété hier un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), William Spindler. Parallèlement, le secrétaire d’État américain John Kerry a annoncé hier un doublement de la contribution des États-Unis au HCR, la portant à près de 900 millions de dollars.
Et l’organisation Médecins du monde (MDM) a estimé hier que « la France n’est pas au rendez-vous » pour accueillir les réfugiés syriens fuyant la guerre qui ravage leur pays. « Si les Syriens représentent désormais la majorité des demandeurs d’asile en Europe, force est de constater que la France n’est pas au rendez-vous », a déploré l’ONG, car « le gouvernement français, malgré sa mobilisation diplomatique sur la crise syrienne, se dit dans l’incapacité d’accueillir en urgence des réfugiés ».


Enfin, le pape François a demandé d’aider les réfugiés et déplacés « toujours plus nombreux », lançant un nouvel appel afin que la « réconciliation » prenne le pas sur l’affrontement, en allusion au conflit syrien.

 

 

Lire aussi

Après l’ONU, Sleiman transmet à la Ligue arabe son mémorandum sur les violations syriennes

 

Les retombées libanaises de la bataille de Qousseir, l'éclairage de Scarlett Haddad

 

« Je pourrais devenir criminel pour nourrir mes enfants... », dixit le réfugié syrien

 

 



Les rebelles syriens ont mis en garde hier contre une « catastrophe humanitaire » s’ils n’obtenaient pas des armes lourdes pour protéger les zones civiles, après l’intensification des opérations de l’armée aidée par le Hezbollah. À deux jours d’une réunion demain à Doha de 11 pays soutenant l’opposition, l’Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut