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Culture - Marseille-Provence 2013

Une année de créations et d’architectures « capitales »

C’est par un foisonnement créatif et un véritable élan architecturo-culturel que la cité phocéenne aborde la phase d’été des événements marquant sa consécration en tant que «Capitale culturelle européenne». Morceaux choisis d’un parcours à ne pas rater !

Intervention urbaine signée JR sur les murs des maisons du quartier La Belle de Mai.

Exit la réputation sulfureuse de la deuxième ville de France (en nombre d’habitants, mais la première en superficie territoriale!) Parée de son label de «capitale culturelle», la cité phocéenne vit un renouveau artistique et architectural qui rejaillit sur son image de marque. Classée par le New York Times au nombre des destinations à ne pas manquer, Marseille est en effet «The Place to Be» cet été.
Outre le magnifique Mucem et l’incontournable MaMo, la cité portuaire a réaménagé ses infrastructures patrimoniales existantes et s’est dotée de nouveaux équipements culturels et espaces d’exposition pour accueillir les centaines de manifestations prévues au calendrier 2013. Dont un florilège de lieux et d’événements à découvrir absolument !


À commencer par l’ancienne manufacture de tabac du quartier de La Belle de Mai, 45 000 m² transformés au cours de ces deux dernières décennies en un pôle de création et d’expérimentation unique. Ce haut lieu industriel de la région au XIXe siècle, longtemps laissé en... friche, a été réaménagé en salles de spectacles, ateliers et résidences d’artistes, studios télé et radio, plateaux de tournages (où est filmé, dans un décor copiant le pittoresque quartier du Panier, Plus belle la vie, le fameux feuilleton télévisé suivi quotidiennement par de nombreux fans jusque chez nous !), centre d’archivage et Skate Park... Une concentration d’espaces culturels, regroupés sous l’appellation de «Friche de La Belle de Mai», où sont programmés tout au long de l’année toutes sortes de spectacles, concerts, événements et manifestations urbaines et underground.


Afin d’accueillir de monumentales œuvres contemporaines, dans le cadre de Marseille-Provence 2013, La Friche s’est également dotée d’une Tour-Panorama. Cette nouvelle construction cubique, greffée sur l’un de ses édifices anciens, comporte 4 grands plateaux d’exposition – occupés jusqu’à fin décembre par «les machines à voir et à penser» du plasticien néerlandais Joep Van Liesshout – rejoignant en hauteur une immense «terrasse aérienne» surplombant un panorama unique sur Marseille. Et de laquelle apparaît à l’horizon l’architecture puissamment profilée de la tour CMA-CGM, signée Zaha Hadid.

Les albums de famille s’affichent sur les murs
Mais ce qui attire et captive le regard à partir de cette terasse-belvédère, ce sont les «Unframed» («Hors Cadre») de l’artiste urbain JR. Des portraits photographiques, très grand format, qui habillent, intégralement, les murs extérieurs des maisons traditionnelles de La Belle de Mai tout autour de La Friche.
Photographe-afficheur issu de l’univers du tag et du graffiti, JR – qui contrairement à son célèbre homonyme de Dallas cultive l’empathie et l’énergie positive! – poursuit une œuvre globalisée qui «vise à sortir le monde de son cadre et à faire de la rue la plus grande galerie du monde», soutient-il.
Convié à réaliser une intervention dans le cadre de l’année culturelle, il s’est intéressé à l’identité de ce quartier ancien de Marseille concentrant un grand nombre de maisonnettes à toit de tuiles rouges, s’est invité chez ses habitants et s’est plongé avec eux dans leurs albums de famille. Des anciens portraits qu’il y a trouvé, fait agrandir en affiches photographiques monumentales et collé sur les façades, il a ainsi tiré «une œuvre représentative des mémoires collectives et individuelles de ce lieu», dit-il

Station sanitaire-musée
Autre lieu, autre style, mais toujours dans une dynamique de récupération artistique des architectures-phares de l’histoire de Marseille, une visite de l’ancienne station sanitaire, reconvertie en musée (Regards de Provence), s’impose. Construite en 1948 par l’architecte Fernand Pouillon (contemporain de Le Corbusier) et classée au patrimoine du XXe siècle, elle vient d’être réhabilitée pour accueillir la collection de la Fondation Regards de Provence d’œuvres d’artistes inspirées par cette région. Mais offre aussi un parcours, à la scénographie électronique d’envergure, qui revient sur cette réalisation architecturale moderniste de grande qualité, pensée comme une réponse fonctionnelle à la lutte incessante de cette ville portuaire contre les épidémies apportées par les passagers
maritimes.

« Les Terasses » de Kader Attia
Le front de mer, justement, son vieux port et ses digues n’ont pas été épargnés par ce bouleversement architecturo-artistique. Ainsi, outre «L’ombrière», en acier inoxydable aux effets miroirs, abri ludique et œuvre d’art «réfléchissante», conçue par le très british architecte Norman Foster et édifiée sur la corniche centrale face à l’alignement de bateaux à quai, «Les Terrasses» de Kader Attia, installation monumentale en béton blanc construite sur la digue du large, interpelle le regard et excite la curiosité.
Cette sculpture-architecture formée de terrasses de différentes hauteurs, disposées en modules (encore une référence au Corbusier!), ressemble, vue de la côte, à une casbah méditerranéenne, une agora nimbée de lumière ou encore un ample et poétique vaisseau à voilage immaculé. Elle a surtout été voulue par Kader Attia, plasticien franco-algérien de renommée internationale, «comme une promenade sur les toits d’une ville méditerranéenne. Un territoire où résonne l’écho de la rencontre et du dialogue des cultures».

 

Une vue de l’installation « Terrasses » de Kader Atia.



Les arcs de Bernar Venet au Pharo
Dialogue entre hier et aujourd’hui, un peu plus loin, dans les jardins du palais du Pharo – construit par Napoléon III sur un promontoire rocheux donnant directement sur la mer – où Bernar Venet, une pointure de la sculpture contemporaine**, a installé son Désordre. Une installation monumentale composée de 12 groupes d’arcs de cercle en acier rouillé, emblématiques de son travail, conçue spécialement pour Marseille-Provence 2013. Et qui, en associant les courbes de ses sculptures à l’architecture classique et symétrique du palais, introduit dans les lieux un rafraîchissant «désordre». Mais l’ensemble, impressionnant, de ces gigantesques arcs (4m50 de hauteur et 12 tonnes chacun) déployés vers l’azur, forme aussi un hommage à l’histoire et à la tradition navale de la cité
phocéenne.

 

Bernar Venet a installé son « Désordre » dans le parc du palais du Pharo.


Mona Hatoum, Rabih Mroué, Randa Mirza
Un insolent gigantisme sculptural qui n’est pas nouveau à Marseille, où trône dans le square face au Musée d’art contemporain (le MAC) l’un des immenses pouces en bronze du célèbre sculpteur César, fils de la ville.
Au MAC justement, «Le Pont» déroule une centaine de peintures, sculptures, photographies, installations, vidéos en provenance des différents bords de la Méditerranée. Et même au-delà des États-Unis. «De New York particulièrement, avec laquelle cette ville portuaire a un certain lien historique et de nombreux points communs, dans son cosmopolitisme, sa diversité et sa liberté comportementale», signale Thierry Ollat, commissaire général de l’exposition. Une manifestation réunissant des œuvres d’artistes qui, pour la plupart, ont vécu la migration ou s’y sont intéressés. Et qui abordent les thèmes de l’exil et de l’émigration dans leur travail.
L’on retrouve ainsi au sein de cette exposition, outre des œuvres de Jean-Michel Basquiat, Chen Zhen, Danh Vo, Gabriel Orozco, William Kentridge, Yto Barrada, Barthelemy Toguo ou encore une vitrine d’objets ayant appartenu à... la mère d’Andy Warhol, deux pièces fortes de la plasticienne libano-palestinienne Mona Hatoum. Une installation en entassement de sacs de sable (placée au tout début du parcours muséal dans le jardin du hall d’entrée), envahis par les herbes folles évoquant l’éternel retour de la vie en dépit de toutes les guerres et, plus loin, un banc-sculpture en acier, reproduction agrandie de la râpe de cuisine et symbole de l’âpreté de la condition de femme et d’exilée de l’artiste.
Une thématique socio-politique chère à Rabih Mroué, qui donnera entre le 3 et le 8 juillet ses performances lectures au théâtre national de La Criée, en tant qu’artiste invité du MAC.
Par ailleurs, parmi le florilège d’expositions marseillaises (auxquelles ont déjà participé au cours des six premiers mois de l’année des artistes libanais tels que les Hadjithomas-Joreige ou Akram Zaatari) l’accrochage de la photographe libanaise Randa Mirza qui vient d’être inauguré se tient jusqu’au 19 juillet, à la galerie Vol de nuit. Elle y présente «On Sex and Gender», une série d’œuvres qui interrogent les limites des identités de genres à travers des portraits mêlant des corps nus de deux individus de sexes différents. Une ré-exploration, au moyen de manipulations digitales d’une méticuleuse précision, des mythes de l’androgynie et de l’hermaphrodisme. Ces anatomies hybrides aussi fascinantes que dérangeantes étant le support ici d’une réflexion sur les multiples facettes et perceptions d’un corps humain.

 

L’une des œuvres de Mona Hatoum ouvre le parcours de l’exposition Le Pont au Mac.

 


Villa Méditerranée
Enfin, pour clôturer la tournée des lieux-phares de ce Marseille-Provence 2013 – un label qui aura agi comme un formidable coup d’accélérateur des grands projets culturo-architecturaux de la ville –, il faut jeter un œil au FRAC et visiter la Villa Méditerranée.
Le premier lieu est un musée à la façade en écaille de verre signé Kengo Kuma, offrant au moyen d’œuvres mobiles contemporaines «une version tridimensionnelle du “Musée sans murs” d’André Malraux», comme aime à le souligner son concepteur, le célèbre architecte japonais. Et le second, la Villa Méditerranée, située à proximité du déjà iconique Mucem, est un espace qui vient tout juste d’ouvrir ses portes, destiné à accueillir des expositions, spectacles, colloques, conférences et rencontres scientifiques dans une optique de rapprochement des peuples de la Méditerranée et de réflexion sur les grands enjeux de cet espace commun.
Un «esprit fédérateur» porté par l’audacieuse architecture de Stefano Boeri. L’architecte italien a réalisé un édifice hors normes qui développe ses espaces sur trois niveaux: sur terre, sous l’eau (où, à 5 m de profondeur marine, est situé un amphithéâtre de 400 places) et en suspension grâce à une spectaculaire avancée en porte-à-faux de 40 mètres, au-dessus d’un bassin de 2000 m². Une prouesse qui fait de la Villa Méditerranée l’une des singularités architecturales de Marseille, à ne pas manquer de visiter!

*Accessible en navette tous les week-ends, jusqu’à fin septembre.
** Qui avait investi, en 2011, le château de Versailles avec une installation sculpturo-monumentale similaire.

Exit la réputation sulfureuse de la deuxième ville de France (en nombre d’habitants, mais la première en superficie territoriale!) Parée de son label de «capitale culturelle», la cité phocéenne vit un renouveau artistique et architectural qui rejaillit sur son image de marque. Classée par le New York Times au nombre des destinations à ne pas manquer, Marseille est en effet «The Place...

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