Le second élément concret de coopération est lié à l’aide aux réfugiés syriens que la Roumanie a choisi de verser directement au ministère des Affaires sociales, c’est-à-dire à l’État libanais, et non aux organisations locales et internationales, ce qui est censé être un gage de confiance. Dans une interview à L’Orient-Le Jour, le ministre affirme en effet « l’entière confiance de la Roumanie dans la gestion, par les institutions libanaises et le gouvernement, du dossier des réfugiés ». Sa tournée d’une journée a inclus de « très bons entretiens » avec le chef de l’État Michel Sleiman, et les ministres démissionnaires Adnane Mansour et Marwan Kheireddine.
Il dit avoir ressenti, aussi bien auprès du président de la République que du chef de la diplomatie, la même « inquiétude du poids social des réfugiés sur le pays » et la même volonté de gérer ce dossier. Dans ce cadre, « nous avons approuvé une aide au gouvernement libanais, dont la valeur se situe entre 50 000 et 100 000 euros », a-t-il précisé, faisant remarquer que « la Roumanie est reconnaissante pour l’aide qu’elle avait obtenue du gouvernement libanais dans la résolution du problème des réfugiés roumains ayant fui la Syrie ». Le Liban aurait accueilli 4 000 réfugiés roumains venus de Syrie, dont il a facilité le transfert en Roumanie.
S’entendant donc avec l’Union européenne, dont elle est membre, sur l’assistance aux réfugiés syriens, la Roumanie se démarque toutefois sur la question de l’armement de l’opposition syrienne, qui continue de faire l’objet d’un débat au sein de l’UE. « La Roumanie a été claire dès le départ : si des armes lourdes sont vendues aux rebelles, nous craignons que leur renforcement ne fasse basculer la Syrie dans une situation imprévisible », a-t-il affirmé. Néanmoins, « ce refus d’armer les civils suppose que nous assumions notre responsabilité envers les citoyens syriens, en refusant toute action punitive de la part de l’armée contre la population civile ».
La Roumanie a choisi en tout cas de garder le siège de son ambassade à Damas, dans le cadre de sa perspective « de ne pas isoler la Syrie ». Le ministre explique cette décision par « l’enjeu d’obtenir des informations de première source », sur un terrain où il est plus que jamais « important de bien s’informer ». « La solution en Syrie, qui doit être immédiate et prendre en compte la volonté du peuple, n’aurait des chances d’aboutir que par la prise de contact immédiate avec le terrain ». Il dément en outre l’existence d’une volonté internationale de perpétuer le conflit syrien afin d’épuiser l’Iran. « Il faudra fournir beaucoup d’efforts en Syrie pour affaiblir l’Iran », dit-il.
« Si des Libanais vont combattre en Syrie, c’est leur problème »
L’intérêt de ne pas perpétuer le conflit serait plutôt motivé par « la nécessité de contrer l’augmentation du nombre de victimes d’une part et d’éviter l’externalisation du conflit au Liban d’autre part ». Il insiste en effet sur « l’importance de préserver la stabilité au Liban ». Il atténue en même temps la menace que risque de porter l’implication du Hezbollah dans les combats en Syrie. « Si des Libanais vont combattre en Syrie, c’est leur problème. Toute implication à l’étranger est à résoudre à l’étranger », a-t-il affirmé. Et d’ajouter, en réponse à une question : « Il existe des volontaires qui luttent en Syrie, mais je ne saurais dire s’il existe des revanchards syriens au Liban. »
Quoi qu’il en soit, il estime que les éléments propices à la réconciliation au Liban existent aujourd’hui, d’autant que « le président de la République est très impliqué et motivé pour la stabilité dans le pays ». « Le président Sleiman parie sur le dialogue, puisqu’il est impossible de mettre en œuvre une solution politique partisane. À moins que tous ne sortent gagnants, personne ne peut gagner », a-t-il conclu.
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