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À La Une - Conflit

Washington « exige » le retrait immédiat du Hezbollah de Syrie

Le parti chiite et la garde républicaine se préparent à une « opération d’envergure » à Qousseir ; le Conseil des droits de l’homme vote une résolution condamnant l’implication de combattants étrangers.

 

À Genève, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a condamné l’intervention de « combattants étrangers » aux côtés des troupes loyalistes à Qousseir et demandé une enquête sur les violences dans cette ville. Fabrice Coffrini/AFP

Des troupes d’élite et des combattants du Hezbollah encerclaient hier les rebelles retranchés dans le nord de Qousseir, et dont la prise totale constituerait un grand avantage pour le pouvoir avant la conférence internationale dite Genève 2. Selon Rami Abdel Rahmane, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), « le Hezbollah et les forces spéciales de la garde républicaine, qui sont les mieux entraînées de l’armée syrienne, ont envoyé des renforts à Qousseir » pour prendre le Nord et l’Ouest, défendus avec acharnement par les rebelles et « des combattants sunnites libanais » combattant à leurs côtés. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a d’ailleurs estimé que le Hezbollah avait déployé 3 000 à 4 000 combattants en Syrie.


La télévision d’État syrienne et la chaîne el-Manar du Hezbollah ont en outre annoncé que les forces du régime avaient repris aux rebelles l’ancien aéroport militaire de Dabaa, bloquant ainsi la seule route permettant de sortir de la ville par le Nord, secteur dans lequel sont retranchés les rebelles. L’armée contrôle désormais toutes les issues de Qousseir et peut lancer une offensive généralisée de tous les côtés contre le dernier carré d’insurgés dans cette ville du centre-ouest de la Syrie.


En réaction, les États-Unis ont « exigé » hier que le Hezbollah se retire « immédiatement » du conflit en Syrie, en particulier sur le front de la ville stratégique de Qousseir. « Nous condamnons avec la plus grande force les déclarations (du chef du Hezbollah) Hassan Nasrallah confirmant le rôle actif de ses militants dans les combats à Qousseir et ailleurs en Syrie. C’est une escalade inacceptable et extrêmement dangereuse », a déclaré Jennifer Psaki, porte-parole du département d’État. « Nous exigeons que le Hezbollah retire immédiatement ses combattants de Syrie », a martelé la responsable américaine. L’idée d’instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie demeure du reste une possibilité pour le président Barack Obama, d’après la Maison-Blanche hier.


À Genève, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a condamné l’intervention de « combattants étrangers » aux côtés des forces armées syriennes à Qousseir et a demandé une enquête de l’ONU sur les violences dans cette ville. Une résolution en ce sens, présentée par les États-Unis, le Qatar et la Turquie, a été adoptée par le Conseil, par 36 voix contre 1 (le Venezuela). Huit pays se sont abstenus. Le haut-commissaire aux Droits de l’homme, Navi Pillay, a estimé que « le nombre croissant de soldats étrangers qui traversent la frontière de part et d’autre ne fait qu’encourager la violence confessionnelle ».

 

(Lire aussi : « Le Hezbollah perd du terrain au sein de la communauté chiite... »)



Les rebelles et la démocratie
Toujours côté onusien, les rebelles croyant dans la démocratie et partisans d’un État laïc sont aujourd’hui « minoritaires », a affirmé récemment à Paris le chef de la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, Paulo Pinheiro. « Aujourd’hui, la majorité des rebelles sont très loin de penser démocratie. Ils ont d’autres inspirations », a-t-il déclaré. La commission présidée par Paulo Pinheiro, créée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, doit rendre mardi prochain son cinquième rapport. Ce rapport est « terrifiant », a jugé M. Pinheiro, tandis que la magistrate suisse Carla Del Ponte, membre de la commission, évoquait des crimes « d’une cruauté incroyable ». « Je n’ai jamais vu ça, y compris en Bosnie », a ajouté Mme Del Ponte, ancien procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), pour qui le rapport dénoncera des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité « commis des deux côtés ». Les islamistes ont pris de plus en plus d’importance au sein des groupes rebelles. Et le Front al-Nosra, en première ligne dans le combat contre le régime syrien, a annoncé le 10 avril son allégeance au chef d’el-Qaëda Ayman el-Zawahiri. Des sources diplomatiques affirmaient d’ailleurs hier que le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à placer ce groupe sur sa liste noire.
Le Royaume-Uni a par ailleurs informé la semaine dernière l’ONU de nouveaux cas présumés d’utilisation d’armes chimiques « depuis avril » dans le conflit, a-t-on appris hier.

 

 

(Pour mémoire : Des journalistes du Monde témoins de l'utilisation d'armes chimiques aux portes de Damas)

 


Assad candidat en 2014
Au niveau politique, le président Bachar el-Assad se présentera pour un troisième mandat en 2014 si le peuple le veut, d’après le ministre des Affaires étrangères Walid Moallem hier, tandis que la page Facebook de la présidence syrienne annonçait que le chef d’État sera interviewé aujourd’hui par la chaîne de télévision du Hezbollah, el-Manar.

 

 

(Lire aussi : Trois millions de réfugiés après le début de la bataille de Damas ?)



Impasse à Istanbul
À Istanbul, des diplomates saoudiens, qataris, français, turcs et américains ont débarqué dans l’hôtel où est réunie l’opposition depuis une semaine, pour tenter de sortir de l’ornière les palabres sans fin au sein de la Coalition. « Si nous ne réussissons pas à nous mettre d’accord maintenant, je ne sais pas ce qui arrivera à la Coalition », a ainsi affirmé l’un de ses membres. La Coalition nationale de l’opposition a également reçu hier la visite du ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu.


Selon un projet de déclaration obtenu hier soir par l’AFP, la Coalition continue à exiger le départ de Bachar el-Assad et de ses chefs militaires pour participer à une éventuelle conférence de paix.
De son côté, l’Iran, allié régional de la Syrie, a dit souhaiter une « solution politique » en Syrie, lors d’une conférence internationale organisée à Téhéran en l’absence des parties en conflit.
De même, la décision de l’Union européenne de lever l’embargo sur les armes à l’opposition armée a accentué les divisions internationales, les Russes la dénonçant et les Américains la soutenant. À ce sujet, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a estimé que la levée de l’embargo posait « de sérieux obstacles » à la conférence internationale de paix sur la Syrie baptisée Genève-2, qu’elle prépare pour juin avec les États-Unis. Navi Pillay, haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a pour sa part invité hier la communauté internationale à ne pas livrer d’armes à la Syrie et à inciter opposants et partisans de Bachar el-Assad à trouver une solution politique à la crise.

 

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