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Liban - Conférence

Michel Eddé évoque la grande figure d’Élias Sarkis

C’est lui qui jeta les bases de la confiance que nous continuons d’avoir dans la monnaie nationale, assure son ancien condisciple sur les bancs de l’USJ.
L’ancien ministre Michel Eddé n’a pas caché l’estime qu’il continue de vouer à Élias Sarkis (20 juillet 1924 – 27 juin 1985), dont il a évoqué le souvenir dans une causerie qu’il a donnée mercredi au centre Issam Farès.
Né à Chbanieh, Élias Sarkis a gagné sa stature de grand commis de l’État à l’ombre du président Fouad Chéhab et grâce à ce dernier, avant d’être élu président de la République libanaise de 1976 à 1982. C’est dans les salles de cours de l’USJ que Michel Eddé et Élias Sarkis se sont connus. Leur relation se consolida avec la nomination d’Élias Sarkis comme gouverneur de la Banque du Liban, alors même que Michel Eddé en était l’un des avocats.
« Élias Sarkis était de la même étoffe humaine que Fouad Chéhab, précise M. Eddé. Tous deux étaient des modèles d’intégrité et d’austérité. Tous deux étaient étrangers aux milieux politiques traditionnels, réfractaires aux bazars et aux clientélismes qui le caractérisent. »
Le parcours de Sarkis, dans la fonction publique, avait été exemplaire. Parfaite impartialité et détachement à la Cour des comptes, à la direction de la présidence de la République où Fouad Chéhab l’avait nommé, et enfin à la tête de la Banque du Liban.
« Élias Sarkis, révèle Michel Eddé, avait résisté valeureusement aux montants astronomiques que le grand homme d’affaires Émile Boustany lui offrait pour rejoindre le secteur privé. »
C’est Élias Sarkis, nommé en 1968 gouverneur de la BDL, qui a établi les bases de la solvabilité de la livre libanaise en procédant à l’achat massif d’or au moment opportun. C’est grâce à lui qu’en 2012, le Liban disposait de 287 tonnes d’or, ce qui le place en deuxième position derrière la Suisse par quantité d’or per capita.

Le rempart or
Au moment où le Liban a commencé à capitaliser de l’or, l’once de métal jaune valait 35 dollars, a rappelé Eddé, un montant qui fut relevé ensuite par les autorités monétaires américaines à 41 dollars, avant que le prix ne soit flottant. Dans sa prévoyance, Élias Sarkis acheta de grandes quantités d’or au Trésor US, et cela malgré de fortes oppositions. Aujourd’hui, les quelque 10 millions d’onces de la BDL, à 1 800 dollars l’once, sont un rempart formidable pour la monnaie nationale.
Comme président, Élias Sarkis fut le capitaine d’un vaisseau qui prenait eau de toutes parts, révèle aussi Miche Eddé. C’est son patriotisme qui sauva le pays du naufrage. Il prit ses fonctions le 23 septembre 1976 alors que la présidence de la République était désertée et que les mini-États florissaient, se contentant de sauvegarder le minimum qui restait et de maintenir la cohésion des institutions que le président Chéhab avait fondées.
Après la visite historique d’Anouar Sadate à Jérusalem et la signature des accords de camp David, Élias Sarkis n’eut de cesse qu’il n’oppose son refus catégorique à toute idée d’une implantation des Palestiniens au Liban. Il interpella les pays arabes, leur demandant d’apporter leur appui au Liban et de lui fournir les moyens de résister aux pressions palestiniennes et syriennes.
Trois ou quatre épisodes ressortent de cette présidence, relève Michel Eddé : le refus par Israël, la Syrie et l’OLP de tout envoi de l’armée libanaise au Sud ; le clash avec Yasser Arafat au sommet de Tunis (22 novembre 1979) et son refus de « négocier » avec l’OLP la présence palestinienne dans la zone Finul ; son intervention au sommet islamique de novembre 1981, au cours duquel il fit comprendre aux États arabes et islamiques que le Liban ne supportait plus la présence armée palestinienne ; enfin, sa ferme opposition à Ariel Sharon quand ce dernier campait à Baabda et sollicitait l’entrée au palais présidentiel.
« Un pays sans armée, c’est un corps sans âme », répétait Élias Sarkis, une proposition qui vaut sous tous les régimes, a encore rappelé Michel Eddé.
L’ancien ministre Michel Eddé n’a pas caché l’estime qu’il continue de vouer à Élias Sarkis (20 juillet 1924 – 27 juin 1985), dont il a évoqué le souvenir dans une causerie qu’il a donnée mercredi au centre Issam Farès.Né à Chbanieh, Élias Sarkis a gagné sa stature de grand commis de l’État à l’ombre du président Fouad Chéhab et grâce à ce dernier, avant...
commentaires (1)

La mémoire du président Sarkis ne peut mieux être évoquée que par son ami, fin connaisseur des rouages du pouvoir au Liban. M. Eddé refait la lumière, en toute impartialité, sur le mandat du président chéhabiste, avec au passage quelques rappels qui font mal aux pros de toute sorte, qu’ils soient palestiniens, syriens, israéliens… Seul contre tous, le président Sarkis a réussi à tenir la tête haute dans une période où le Liban était à la dérive, et son armée divisée. Il également réussi à sauver ce qui reste de l’Etat libanais au grand dam ""des occupants"" de l’époque…

Charles Fayad

19 h 26, le 24 mai 2013

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Commentaires (1)

  • La mémoire du président Sarkis ne peut mieux être évoquée que par son ami, fin connaisseur des rouages du pouvoir au Liban. M. Eddé refait la lumière, en toute impartialité, sur le mandat du président chéhabiste, avec au passage quelques rappels qui font mal aux pros de toute sorte, qu’ils soient palestiniens, syriens, israéliens… Seul contre tous, le président Sarkis a réussi à tenir la tête haute dans une période où le Liban était à la dérive, et son armée divisée. Il également réussi à sauver ce qui reste de l’Etat libanais au grand dam ""des occupants"" de l’époque…

    Charles Fayad

    19 h 26, le 24 mai 2013

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