Les affrontements à caractère confessionnel se poursuivaient mercredi pour le quatrième jour consécutif à Tripoli, au Liban-Nord, le ministre démissionnaire de la Défense mettant en garde contre une extension de la sédition à tout le pays.
Mercredi, la capitale multiconfessionnelle du Liban-Nord était quasi-paralysée, les écoles et les universités sont restées fermées, alors que les routes étaient désertes. Des tirs de francs-tireurs et des accrochages intermittents ont été signalés entre les quartiers rivaux de Bab el-Tebbané (à majorité sunnite et anti-Assad) et Jabal Mohsen (à majorité alaouite et pro-Assad). Les accrochages augmentent par moment en intensité alors que des roquettes s’écrasent dans plusieurs quartiers de la ville.
En début de soirée, plusieurs médias libanais ont évoqué de violents affrontements entre les deux quartiers rivaux. L'Agence nationale d'information (ANI) a indiqué de son côté que le Premier ministre démissionnaire Najib Mikati a appelé les parties concernés au calme "afin d'éviter que le danger sur Tripoli" ne s'aggrave.
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Au total, au moins 10 personnes ont été tuées, dont deux soldats libanais, et 126 autres blessées dans ce nouveau round de violences qui a débuté dimanche. L'armée, qui a prévu des renforts conséquents, a été la cible de tirs nourris.
Tripoli est régulièrement le théâtre d'affrontements meurtriers en les deux quartiers historiquement rivaux, une situation largement alimentée par la crise syrienne.
Face à l’urgence de la situation, le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a mis en garde contre une extension de la violence si l'armée, déployée en force, ne parvenait pas à mettre fin aux affrontements à Tripoli.
"L’armée joue un rôle important dans la ville du nord (…) Le feu vert lui a été donné par les forces politiques pour faire le nécessaire", a déclaré M. Ghosn à la Voix du Liban (93.3). Le ministre a appelé les responsables politiques à lever la couverture dont pourraient bénéficier ceux qui menacent la sécurité de la ville. "Les affrontements de Tripoli sont le reflet des développements en Syrie", a encore souligné M. Ghosn.
Selon la chaîne LBC, la ville a connu dans la nuit de mardi à mercredi les affrontements les plus importants depuis dimanche. Grenades, tirs de RPG, de Katioucha, de roquettes B7 et Energa et autres roquettes de moyen calibre ont été échangés entre les quartiers de Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen. Des obus ont aussi éclaté au cœur de Tripoli, notamment sur la route d’el-Mina, au niveau de la rue des Banques et à Qobbé.
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Des ambulances ont par ailleurs été la cible de tirs et des dizaines de blessés n’ont pas pu être secourus. L’armée, dont l’une des positions a été touchée et deux de ses soldats blessés, a dû se retirer, mardi, de certaines rues en raison de l’intensification des accrochages. Les habitants, eux, ont tenté de fuir les zones de combats passant la nuit chez des proches en ville, alors que d’autres se sont terrés dans les abris.
Pour nombre d’observateurs, ces violences à Tripoli résultent de l’offensive lancée le week-end dernier par l’armée syrienne et le Hezbollah contre Qousseir, en Syrie.
Le pouvoir syrien et l'opposition armée s'accusent mutuellement de se servir de Tripoli comme d'une base arrière pour l'acheminement d'armes et de combattants.
Pour Waddah Charara, professeur de sociologie à l'Université libanaise, le Hezbollah est impliqué dans "la bataille de Qousseir car cette ville est la porte par laquelle passent les hommes et l'armement vers le nord du Liban et du nord du Liban vers la Syrie". Or, explique l'auteur de +l'Etat Hezbollah+ à l'AFP, "Tripoli est un bastion de l'opposition sunnite au Liban et en fermant cette porte il affaiblit ses principaux adversaires libanais, d'où l'importance de la prise de la ville".
Jusqu'à président, les efforts déployés pour contenir la violence sont restés vains.
Le député du courant du Futur, Mohammad Kabbara, a appelé mardi "les autorités à arrêter immédiatement Rifaat Eid, président du parti de Bachar el-Assad au Liban. Il menace Tripoli en y perpétrant des carnages. Eid doit être jugé et écoper de la peine capitale", a affirmé M. Kabbara qui a appelé à une nouvelle réunion mercredi des notables de la ville.
Mardi, le parti arabe démocratique (alaouite) avait menacé de bombarder tous les quartiers de Tripoli. Son chef, Rifaat Eid, a déclaré que Baal Mohsen se vengera et appliquera la loi du Talion "œil pour œil, dent pour dent". Mercredi, ce parti a appelé à la retenue.
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commentaires (7)
LORSQUE DE VERRE DÉBORDE !
SAKR LOUBNAN
20 h 28, le 23 mai 2013