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À La Une - Conflit

Obama s'inquiète auprès de Sleiman de la présence du Hezbollah en Syrie

Une trentaine de combattants du parti chiite auraient été tués à Qousseir ; Washington condamne l'assaut contre la ville.

Photo d'archives datant de septembre 2012 montrant les portraits de Bachar el-Assad et de Hassan Nasrallah brandis lors d'une manifestation de partisans du Hezbollah à Bent Jbeil. MAHMOUD ZAYYAT/AFP

Le président américain Barack Obama a exprimé lundi auprès de son homologue libanais Michel Sleiman ses inquiétudes sur la présence du Hezbollah en Syrie lors d'un appel téléphonique entre les deux dirigeants, a fait savoir la Maison Blanche. Cet appel fait suite à l'assaut ce week-end des forces du régime syrien, aidées par le parti chiite libanais, contre la ville syrienne de Qousseir, à la frontière avec le Liban.

 

"Le président Obama a souligné ses craintes quant au rôle croissant du Hezbollah en Syrie, qui combat en soutien au régime Assad, ce qui va à l'encontre des politiques du gouvernement libanais", a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué. Les deux dirigeants ont évoqué les risques d'extension du conflit dans ce pays, voisin de la Syrie, et se sont "mis d'accord" sur le fait que le Liban, conformément à son attitude jusqu'à présent, reste en dehors du conflit en "évitant des actions qui engagent le peuple libanais".

 

Plus tôt lundi, le porte-parole de la diplomatie américaine, Patrick Ventrell, a aussi condamné l'attaque de Qousseir où plus de 90 personnes ont trouvé la mort et "l'intervention directe du Hezbollah (...) dont les membres jouent un rôle significatif dans l'offensive du régime" du président syrien Bachar el-Assad.

 


Au moins 28 combattants tués

Citant des "sources crédibles", l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a annoncé à l'AFP qu’au moins 28 combattants des forces spéciales du Hezbollah sont morts dans les combats dimanche à Qousseir. "Plus de 70 (membres d'élite du Hezbollah) ont été blessés hier dans des combats dans la ville de Qousseir", ajoute cette organisation qui s'appuie sur un réseau de sources médicales et de militants en Syrie.


"Ce sont eux qui ont commencé l'assaut dimanche, ils sont entrés en premier et c'est pour ça qu'ils ont perdu 28 hommes", a expliqué Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH.

Le corps de l'un d'eux, Fadi Jazar, qui avait été fait prisonnier par Israël avant d'être libéré en 2004 lors d'un échange de détenus, a été ramené à Beyrouth, où ses funérailles ont eu lieu lundi, selon un photographe de l'AFP.

 Une source proche du parti chiite a fait état pour sa part de 20 morts et de 30 blessés dans les combats.

 

Dimanche, le site électronique nowlebanon avait évoqué le rapatriement de "sept corps" de combattants du Hezbollah au Liban, ceux de "Hassan Fayçal de Nabi Chit ; Mohammad Fouad Rabah, le fils du responsable des activités culturelles du Hezb dans la Békaa ; Ahmad Raad de Baalbeck ; Kassem Abdel Sater de Ayaate ; Radouane al-Otor de Chaat ; Abbas Mohammad Osman de Baalbeck et de Fadi el-Jazzar".

 

Ces combattants du Hezbollah, allié indéfectible du régime de Assad, combattent aux côtés de l'armée syrienne, pour la prise de cette ville stratégique sur la route entre Homs et la ville côtière de Lattaquié.

L'OSDH a affirmé qu'au moins 55 personnes ont été tuées à Qousseir dimanche, dont la majorité sont des rebelles. Ce chiffre n'inclut pas les combattants du Hezbollah et les soldats loyalistes.

 

 


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L'armée syrienne a affirmé dimanche contrôler le cœur de Qousseir. "L'armée syrienne contrôle la place principale de Qousseir dans le centre-ville ainsi que les immeubles environnants, dont la mairie, où les soldats ont planté le drapeau syrien", a déclaré à l'AFP une source militaire sous couvert de l'anonymat.

 

Le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, a rapporté lundi que l'armée avait pris le contrôle "de la majorité des sites vitaux" de la ville et "détruit le QG" des rebelles. Plusieurs commandants rebelles ont fui vers Tripoli, grande ville du nord du Liban, selon le journal.

 

Les militants anti-régime ont toutefois minimisé les gains de l'armée, affirmant que les rebelles opposaient une résistance acharnée dans cette ville de 25.000 habitants située sur l'axe reliant la capitale au pays alaouite, la minorité dont est issu M. Assad, sur le littoral.

 

Les militants ont en outre dénoncé un "siège étouffant imposé par le régime syrien et le Hezbollah" et la violence de l'assaut. "L'armée contrôle la partie est de Qousseir et le Hezbollah, aux côtés des forces du régime, tente d'avancer à l'intérieur de la ville", a affirmé à l'AFP Hadi Abdallah, joint via Skype.

Selon lui, 25.000 civils sont pris au piège: "les gens dorment dans des sous-sol. Ils se cachent car il n'y a aucun moyen de sortir et quitter la ville équivaut à un suicide". "L'eau est coupée et il n'y a pas d'électricité depuis quatre mois. Il ne reste plus que des herbes à manger. L'état des blessés est catastrophique. Aujourd'hui, 40 personnes ont été blessées et nous n'avons pas de médicaments, ni d'équipement pour les soigner".

 

 

(Reportage : Ces Libanais prêts à mourir pour le Hezbollah en Syrie...)

 

 

"Si l'armée parvient à contrôler Qousseir, c'est toute la province de Homs qui tombe" aux mains du régime, a affirmé à l'AFP le directeur de l'OSDH. Il a ajouté craindre un "massacre" si l'armée prenait la ville, dont "les habitants ont peur de sortir car beaucoup sont des familles de rebelles et de militants anti-régime".

 

Depuis plusieurs semaines, l'armée, aidée par le Hezbollah et des miliciens pro-régime, tente de reprendre ce bastion rebelle. Le puissant mouvement chiite libanais, allié de Damas, "joue un rôle central dans la bataille", selon M. Abdel Rahmane.

 

 

(Pour mémoire : Nasrallah affirme que l’Iran et le Hezbollah pourraient intervenir directement en Syrie)

 

Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, a dénoncé "les tentatives de faire disparaître la ville et ses habitants de la carte" et appelé à une réunion urgente de la Ligue arabe en vue d'"arrêter le massacre".

 

 

Assad inflexible

La bataille de Qousseir intervient à un moment crucial. Mercredi doit se réunir à Amman le groupe des "Amis de la Syrie", formé de pays soutenant l'opposition au régime de Bachar el-Assad. Onze ministres devraient y participer, dont le secrétaire d’État américain John Kerry.
Le lendemain, à Istanbul, l'opposition doit décider de sa participation à la conférence internationale qu'entendent organiser en juin Moscou et Washington pour tenter de mettre fin à plus de deux ans de guerre civile ayant fait au moins 94.000 morts selon l'OSDH.

L'assaut contre la ville est intervenu également au lendemain d'un rare entretien de M. Assad à des médias argentins, dans lequel il a martelé son refus de quitter le pouvoir avant la présidentielle de 2014.

Le dirigeant syrien, contesté depuis plus de deux ans par une révolte populaire devenue insurrection armée, a même laissé entendre qu'il serait candidat à sa propre succession. "Sur la question de savoir qui doit partir et qui doit rester (...), c'est le peuple syrien qui le déterminera lors de l'élection présidentielle de 2014", a-t-il déclaré.

 

Il s'est en outre dit sceptique quant à la conférence internationale prévoyant un dialogue opposition-régime.

M. Assad a accusé les pays soutenant le "terrorisme" et "de nombreux pays occidentaux" de ne pas vouloir une solution en Syrie. Il a néanmoins "bien accueilli le rapprochement américano-russe", sans préciser si son régime comptait participer à la conférence.

Moscou, grand allié d'Assad à qui il fournit des armes, plaide pour son maintien jusqu'à une élection, tandis que Washington a réclamé à plusieurs reprises son départ, posé par l'opposition syrienne comme condition à tout dialogue.

 

M. Assad a par ailleurs nié l'utilisation d'armes chimiques contre la rébellion, affirmant que ces accusations étaient un prétexte pour justifier une intervention étrangère en Syrie.

 

Concernant le sort des journalistes américain James Foley et italien Domenico Quirico, portés disparus en Syrie, le chef d’État a affirmé n'avoir "aucune information". La famille de M. Foley avait affirmé début mai que le reporter était probablement détenu par le renseignement syrien près de Damas.

 

Sur le plan humanitaire, Oxfam a lancé lundi un appel urgent aux dons en prévenant que l'été allait augmenter les risques sanitaires pour les centaines de milliers de réfugiés syriens en particulier en Jordanie et au Liban.

 

 

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commentaires (1)

On en est à 70% de qousseir libéré, mais là n'est pas la fin de l'enfer pour les salafowahaboqaidocanibalianosraetc...c'est la suite , après la libération que ça va faire mal aux mercenaires.Stay tuned.

Jaber Kamel

13 h 45, le 20 mai 2013

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Commentaires (1)

  • On en est à 70% de qousseir libéré, mais là n'est pas la fin de l'enfer pour les salafowahaboqaidocanibalianosraetc...c'est la suite , après la libération que ça va faire mal aux mercenaires.Stay tuned.

    Jaber Kamel

    13 h 45, le 20 mai 2013

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