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À La Une - Politique

Bkerké appelle Aoun et Geagea à régler leurs différends "dans l’intérêt du Liban"

Pas de rencontre prévue entre les deux hommes, selon Mgr Mazloum.

Le siège du patriarche maronite libanais à Bkerké.

Plusieurs hautes personnalités religieuses maronites ont appelé les deux principaux leaders politiques chrétiens libanais, Samir Geagea (Forces libanaises, FL) et Michel Aoun (Courant patriotique libre, CPL) au dialogue. La tension est montée d’un cran jeudi depuis l’annonce de l’accord entre les FL, le courant du Futur et le Parti socialiste progressiste (PSP) sur un projet de loi électorale mixte, comportant une partie des sièges à élire à la majoritaire et une autre à la proportionnelle.

Dans une entrevue accordée au journal libanais al-Joumhouriya, le vicaire patriarcal, Mgr Samir Mazloum, a appelé MM. Geagea et Aoun à résoudre leurs différends "dans le calme". Il a également souligné qu’aucune rencontre entre les deux hommes n’a encore été décidé (à Bkerké, le siège patriarcal), "en raison de la forte tension entre eux".

 

De son côté, l'archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a appelé samedi les deux leaders chrétiens à "régler leurs problèmes politiques dans l’intérêt du Liban".

 

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a renoué jeudi avec un discours anti-Michel Aoun marqué au fer rouge après des mois de trêve due essentiellement à son entente provisoire avec le chef du CPL autour de la proposition de loi électorale présentée par le Rassemblement orthodoxe.

"Nous sommes la cible d’une nouvelle guerre d’élimination semblable à celle de 1989. C’est une grosse guerre qui a pour origine la Syrie et le Hezbollah, et pour instruments Aoun et ses hommes. Mais comme la première fois, ils ne réussiront pas", a déclaré M. Geagea.

Pour lui, Aoun "trompe toujours les gens sur tous les dossiers. C’est lui qui rogne sur les droits des chrétiens et qui joue sur leurs sentiments. En réalité, la pire des choses qui soit arrivée aux chrétiens, c’est la présence de Aoun"...

 

Vendredi, M. Geagea a de nouveau accusé Michel Aoun de vouloir créer un conflit inter-chrétien au Liban, tout en soulignant que Bkerké soutient la loi mixte.

 

Les milieux aounistes ont quant à eux accusé M. Geagea et les FL de "trahison", après l’abandon par eux de la proposition dite "orthodoxe" au profit d’un projet de loi électorale panachée, et dont le principe avait été, pourtant, avalisé par Bkerké.

"Le problème des FL n’est pas avec nous. Il est avec les chrétiens qui ressentent un choc immense (du fait du retournement des FL)", a déclaré Ibrahim Kanaan, député du Metn et secrétaire du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme. "L’unique solution est de revenir (au projet orthodoxe) qui n’a pas encore été éliminé sur le plan législatif", a-t-il ajouté.

 

Selon lui, "les campagnes menées par les FL sont désespérées et visent à recouvrer les pertes enregistrées dans la rue chrétienne". "Mais on ne recouvrerait rien du tout de cette façon, seulement par le biais du projet orthodoxe qui, quoi qu’on en dise, disposait d’une majorité" à la Chambre, a-t-il assuré.

 

Son collègue Nabil Nicolas, également député du Metn, a évoqué en long et en large ce qu’il a affirmé être la genèse de l’accord par lequel les FL se sont retournées contre le projet orthodoxe. Selon lui, M. Geagea avait téléphoné en début de semaine au patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, qui se trouve en Amérique du Sud, pour lui signifier qu’il n’y avait « pas encore, à ce stade-là, d’accord avec ses alliés du 14 Mars sur la loi électorale » et que les FL s’orientaient vers "le vote en faveur du projet orthodoxe". Toujours selon M. Nicolas, Mgr Raï avait dit pour sa part qu’il était avec "l’unité chrétienne".

Mardi dernier, a poursuivi M. Nicolas, le patriarche reçoit un appel du député Georges Adwan, vice-président des FL et principal négociateur pour la loi électorale. Ce dernier "lui annonce qu’un accord a été conclu" avec les alliés des FL. "Le patriarche répond qu’il faudrait prévenir le général Michel Aoun et le chef des Marada, Sleimane Frangié, avant de faire état de cet accord dans les médias, car il avait été convenu à Bkerké que les chrétiens iraient unis vers tout accord sur la loi électorale", a ajouté le député, affirmant que "nul n’a rencontré ni le général Aoun ni M. Frangié".

"Comme à son habitude, Geagea a failli à son engagement. Sa vie est pleine de retournements similaires. Voilà pourquoi il ne devrait pas se permettre de donner des leçons en matière de moralité et de patriotisme", a conclu M. Nicolas.

 

Vendredi, le patriarche maronite Béchara Raï s’est adressé aux responsables libanais, les exhortant à multiplier leurs efforts pour aboutir à un accord concernant la loi électorale. Mgr Raï, qui clôture actuellement sa visite pastorale en Amérique latine, s’est exprimé depuis la Colombie. "Il n’est pas digne du Parlement libanais, des responsables et du pays, de ne pas aboutir à l’adoption d’une nouvelle loi électorale et de gaspiller des jours et des mois de discussions et de concertations, après six ans de présentation de projets", a estimé le prélat maronite, qui a appelé en particulier le président de la Chambre, Nabih Berry, à poursuivre ses efforts pour l’obtention d’un consensus. "Nous appelons les partis de tous bords à faire des concessions. L’intérêt du pays prévaut sur tout intérêt personnel, et l’intérêt du pays repose sur le respect des institutions constitutionnelles, du cycle démocratique et de l’alternance au pouvoir. Nous appelons tous les responsables politiques à mettre un terme aux accusations de trahison et à ne plus rouvrir les dossiers du passé, et nous espérons qu’ils ne décevront pas les attentes du peuple libanais et des générations futures", a conclu le patriarche.

 

 

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commentaires (3)

Du "Pur" Laurel & Hardy !

Antoine-Serge KARAMAOUN

18 h 07, le 18 mai 2013

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Commentaires (3)

  • Du "Pur" Laurel & Hardy !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    18 h 07, le 18 mai 2013

  • Aoun-Geagea, Geagea-Aoun. Si j’ai encore bonne mémoire, ils ont pris leur retraite par la petite porte en 1990, et les voici par pure démagogie prendre les gens pour des pigeons. Sacrés Libanais, on en a pour longtemps encore ???

    Charles Fayad

    16 h 29, le 18 mai 2013

  • Malheureusement les leaders chrétiens sont et resteront les grands nostalgiques de la guerre et du sang dans un pays ou les chefs de tribus survivent et la foi disparait . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    14 h 43, le 18 mai 2013

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