En 1958, des événements ont éclaté sous le prétexte de faire face aux prétendues vélléités de renouveler le mandat du président Camille Chamoun. Les armes ont commencé alors à affluer de Syrie pour finir entre les mains de groupuscules chargés de mettre le feu aux poudres. Lorsque, ensuite, des éléments armés se sont infiltrés dans la région du Arkoub, qui fut qualifiée alors de Fateh Land, un conflit a éclaté au sein du gouvernement quadripartite sous le mandat de Charles Hélou, portant sur la nécessité de prendre une décision radicale au sujet des milices armées, ce qui n’a jamais été fait.
Au contraire, les groupuscules armés palestiniens ont continué de foisonner et les camps se sont transformés en casernes militaires bourrées d’armes de toutes sortes dont la présence était justifiée par les impératifs de la libération des territoires palestiniens occupés par Israël. D’où le fameux slogan selon lequel la libération de Jérusalem passe par Jounieh.
Résultat : pas un seul mètre carré de la Palestine n’a été en définitive libéré, et la résistance palestinienne a fini par provoquer une série d’invasions qui ont atteint la ville de Beyrouth ainsi que des confrontations libano-palestiniennes qui se sont vite transformées en affrontements libano-libanais, suivis d’autres guerres, celles des autres en territoire libanais. Autant de bouleversements qui se sont soldés par un lourd tribut qu’a payé le peuple libanais en termes de vies humaines et de destructions, et surtout de désintégration des institutions libanaises, dont celle de l’armée.
C’est ce qui fera dire au chef de l’OLP, Yasser Arafat, qu’il a gouverné Beyrouth. Par conséquent, le Liban n’avait plus d’autre choix que d’avaliser les accords de Taëf pour sortir de cette situation, après que l’accord du Caire eut échoué à contenir les Palestiniens, leur laissant une marge de manœuvre pour grignoter un peu plus la souveraineté libanaise et étendre leur emprise sur le pouvoir.
C’est alors qu’a été consacrée la tutelle syrienne sur le Liban qui se prolongera une trentaine d’années, le prix dont devait s’acquitter le Liban pour extirper une partie des milices palestiniennes.
Or, à l’ombre de la nouvelle tutelle, le pays du Cèdre n’a pas réussi à récupérer son indépendance, sa souveraineté et sa liberté. Il venait juste de récupérer un État sous la gouvernance d’un tuteur en place et lieu de la gouvernance des milices.
L’emprise syrienne sur le pays n’a pas contribué par ailleurs à la mise en application de la 1559 qui a appelé au démantèlement et au désarmement des milices armées libanaises et autres pour permettre aux autorités libanaises d’étendre leur pouvoir sur le territoire. Les milices palestiniennes prosyriennes ont ainsi maintenu leurs armes, ainsi que le Hezbollah qui a justifié sa possession de son arsenal comme une nécessité pour la résistance contre Israël et la libération des territoires libanais occupés.
La résistance ne s’est toutefois pas empêchée de pointer ses armes vers l’intérieur, provoquant l’épisode fâcheux du 7 mai 2008 ainsi qu’un déséquilibre majeur sur le plan interne.
Avec le temps, il s’est avéré que la décision de l’opportunité de l’utilisation de ces armes ne se trouvait pas en réalité aux mains du parti chiite, mais plutôt de la République iranienne. Preuve en est l’effet de surprise créé lors de la guerre de 2006 contre Israël alors que le secrétaire général du Hezbollah venait de promettre un été calme et prospère au Liban.
Afin que ce scénario ne se réédite plus, les principales figures politiques se sont retrouvées autour de la table de dialogue pour discuter de plusieurs projets de stratégie de défense dont aucun n’a reçu l’aval du parti chiite. Il en est de même pour le projet avancé par le chef de l’État qui avait suggéré que l’emploi des armes soit soumis à une requête de l’armée.
Même la déclaration de Baabda préconisant une certaine neutralité du Liban a été violée une première fois par l’envoi d’un drone en Israël, sans que les autorités libanaises n’en soient informées, et une seconde fois par l’envoi de combattants en Syrie pour défendre le régime en place.
À tous ces maux, un remède est possible : la proposition avancée par le député Kataëb Samy Gemayel qui a suggéré que soit amendée la Constitution pour y introduire une clause en bonne et due forme sur la neutralité du Liban vis-à-vis des conflits de la région, quitte à prévoir des sanctions à l’encontre de toute partie qui y contreviendrait. C’est par le biais d’une telle proposition que pourra être ainsi testée l’intention des politiques à cet égard, notamment au sein de l’Assemblée.
QUE C'EST TRIIIISTE....
11 h 57, le 11 mai 2013