S’en étonner serait pure hypocrisie, se voiler les yeux serait participation au crime. Ce qui se passe aujourd’hui en Syrie, ce qui se prépare sournoisement au Liban s’insèrent, en quelque sorte, dans l’ordre des choses : non une fatalité impitoyable, inscrite quasiment dans le long cours de l’histoire, mais la conséquence d’actes létaux, de totalitarismes insupportables, annonciateurs d’inévitables révoltes, de sanglantes éruptions.
Si le peuple syrien s’est rebellé, c’est parce que le régime baassiste avait dépassé toute limite dans sa répression des libertés, affiché sans vergogne son mépris des droits fondamentaux des citoyens ; si les salafistes et autres jihadistes ont fait irruption sur la scène syrienne, c’est parce que l’opposition civile a été laissée à elle-même, n’a pas obtenu l’aide espérée de la part des démocraties occidentales.
Si la Syrie agonise aujourd’hui, c’est parce que le rouleau compresseur baassiste poursuit son œuvre apocalyptique en toute impunité, parce que Bachar el-Assad exploite à fond l’épouvantail islamiste qu’il a lui-même mis en place, parce que l’Amérique continue de tergiverser, de peser le pour et le contre et croit encore en la possibilité d’un accord avec la Russie et, par ricochet, avec l’Iran.
Du donnant donnant, d’une certaine manière, sur fond de destructions massives, de carnages qui se banalisent au fil des jours, au fil des mois, et qui n’émeuvent presque plus l’opinion mondiale à cause même de leur répétition. Un marchandage cynique auquel souscrivent même les Nations unies effrayées par la montée des périls dans tous les pays du Proche-Orient, échaudées par la sinistre dérive irakienne qui a une fâcheuse tendance à jouer les scénarios bis.
De cause à effet, les mêmes causes provoquant les mêmes effets, il n’est nul besoin d’un cours de géopolitique pour réaliser que le Liban est dans la trajectoire directe de la traînée de feu. Une perte d’immunité que le Hezbollah a lui-même provoquée, d’abord par sa politique hégémoniste sur la scène interne, confortée par les arsenaux de feue la Résistance, politique qui a naturellement braqué contre lui la communauté sunnite, ensuite par son implication militaire dans les combats en Syrie aux côtés des chabbiha du régime.
Conséquences inévitables : les fondamentalistes sunnites au Liban, de Tripoli à Saïda, appellent au « jihad » contre le Hezb et l’aile radicale de la rébellion syrienne menace d’étendre au territoire libanais son combat contre le parti chiite. « Syrie-Liban : un même peuple dans deux pays », n’a cessé de clamer le régime assadiste. Entre milices chiites et sunnites antagonistes, entre arrogance méprisante des uns et soif de vengeance des autres, la « communauté de destin » risque fort bien d’entraîner tout le monde dans le même abîme...
Non loin de nous, aux frontières de la Syrie et du Liban, Israël, aux anges, boit du petit-lait, sans s’inquiéter outre mesure des « Ayoub » et autres drones égarés : une poudre aux yeux lancée en l’air, une diversion pathétique, une inutile provocation pour rappeler qu’il fut un temps où le Hezbollah s’appelait Résistance...
CORRECTION ! MERCI : "LES ARTICULATIONS des RELATIONS inter-libanaises...."
11 h 57, le 30 avril 2013