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À La Une - Révolte

Armes chimiques : « aucune échappatoire » pour le régime syrien

Obama promet une enquête « solide » et met le pouvoir en garde ; Israël appelle les États-Unis à intervenir militairement.

« Nous sommes désormais en possession de certains indices selon lesquels des armes chimiques ont été utilisées sur la population en Syrie, ce sont des évaluations préliminaires qui sont fondées sur nos opérations de renseignement », a rappelé Barack Obama hier avant un entretien avec le roi Abdallah II de Jordanie. Nicholas Kamm/AFP

Le président des États-Unis Barack Obama a promis hier une « enquête très solide » sur l’utilisation éventuelle d’armes chimiques en Syrie et réaffirmé que l’emploi de telles armes changerait « la règle du jeu ». « Nous sommes désormais en possession de certains indices selon lesquels des armes chimiques ont été utilisées sur la population en Syrie, ce sont des évaluations préliminaires qui sont fondées sur nos opérations de renseignements », a ainsi rappelé M. Obama face aux journalistes, avant une réunion dans le bureau Ovale avec le roi Abdallah II de Jordanie. « Il existe de nombreuses questions sur la façon dont ces armes ont été utilisées, quand et où », a ajouté le dirigeant américain, qui s’exprimait pour la première fois sur ce dossier depuis que son administration a révélé jeudi penser que le régime syrien avait probablement utilisé de telles armes.

 

(Lire aussi: Le mauvais génie chimique syrien sorti de la bouteille)


M. Obama a promis que « nous allons mener des consultations avec nos partenaires dans la région, ainsi que la communauté internationale et les Nations unies pour faire en sorte d’enquêter sur cela aussi efficacement et aussi rapidement que possible. Mais je pensais ce que j’ai dit, et je le répète, c’est déjà évidemment affreux quand des obus de mortier sont tirés sur des civils et que les gens sont tués sans discrimination mais le recours possible à des armes de destruction massive sur des civils franchit une nouvelle frontière dans le domaine des lois internationales. Et cela change la règle du jeu. J’ai dit publiquement et en privé que si le gouvernement syrien utilisait des armes chimiques, cela franchirait une ligne qui changerait mon équation et la façon dont les États-Unis abordent ce dossier. Je pense que nous tous, pas seulement les États-Unis mais le monde entier, devons reconnaître que nous ne pouvons pas rester les bras croisés et permettre l’usage systématique d’armes comme les armes chimiques sur des populations civiles, donc c’est un dossier sur lequel nous allons beaucoup concentrer notre attention ».

 

(Repère : La panoplie d’agents chimiques de Damas "est assez robuste")


M. Obama a en outre estimé que « l’utilisation d’armes chimiques et le danger que cela représente pour la communauté internationale, les voisins de la Syrie, la possibilité que ces armes tombent entre les mains de terroristes, tout cela ajoute une urgence à ce qui est déjà un important problème humanitaire et de sécurité dans la région ».
« Nous œuvrons à établir des faits dignes de foi et recoupés », avait déclaré plus tôt Jay Carney, le porte-parole de M. Obama, refusant toutefois de « fixer un calendrier » pour ce processus, car « ce sont les faits qui doivent soutenir cette enquête, pas une échéance ». Le porte-parole a en outre répété la position de la Maison-Blanche selon laquelle « toutes les options » seraient sur la table. Interrogé sur la possibilité de voir les États-Unis recourir à une intervention armée dans ce cas, M. Carney a remarqué qu’« il existait de nombreux moyens disponibles pour le président dans ce genre de situation, dont ceux que vous avez mentionnés, mais il existe de nombreuses autres options ».

 

Sur cette vidéo, postée par un groupe d'opposants syriens, un homme évoque une explosion et un jet d'"eau noire" ainsi qu'une "très mauvaise odeur". Le commentateur évoque une frappe d'arme chimique le 19 mars 2013 à Ateibeh, dans la Ghouta orientale, à l'est de Damas.



Israël, Paris et Londres
Si Israël est allé jusqu’à appeler les États-Unis à intervenir militairement pour « prendre le contrôle des arsenaux d’armes chimiques », l’Union européenne et la France ont elles aussi appelé Damas à laisser les enquêteurs onusiens travailler. « C’est au régime syrien de répondre aux attentes de la communauté internationale exprimées de manière claire. Il ne faut lui laisser aucune échappatoire possible car c’est un sujet d’une extrême gravité », a déclaré Philippe Lalliot, porte-parole du Quai d’Orsay.


Le Premier ministre britannique David Cameron a fait état quant à lui de « preuves croissantes » de l’usage d’armes chimiques, une escalade « extrêmement grave » de nature à encourager la communauté internationale à « faire davantage ». M. Cameron s’est toutefois dit sur la BBC opposé à l’envoi de troupes sur le terrain. « Je ne le veux pas et je ne pense pas que cela ait des chances de se produire. Mais je pense que nous pouvons augmenter la pression sur le régime, travailler avec nos partenaires, travailler avec l’opposition afin de trouver la bonne solution », a-t-il ainsi déclaré.

 

(Pour mémoire : L’enquête sur les armes chimiques dans l’impasse)


L’opposition syrienne a pour sa part appelé à une intervention urgente des Nations unies : « La France et la Grande-Bretagne assurent posséder des informations sur l’usage d’armes chimiques et maintenant les États-Unis disent la même chose. Il est temps que le Conseil de sécurité de l’ONU agisse », a affirmé à un responsable de la Coalition de l’opposition. « L’ONU doit enquêter immédiatement sur ce sujet et si elle trouve des preuves d’un tel usage elle doit agir immédiatement en imposant au moins une “zone d’exclusion aérienne” » pour l’aviation syrienne, a souligné ce responsable. « La paralysie du Conseil de sécurité sur le dossier syrien ne peut pas servir d’excuse à l’ONU pour ne pas agir », a-t-il ajouté.

Combats féroces
Sur le terrain, la journée d’hier a été marquée par des combats féroces dans le nord-est de Damas, les plus violents depuis deux ans dans la capitale, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Selon le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane, l’aviation syrienne a par ailleurs effectué le plus grand nombre de raids en une journée depuis son entrée en action en juillet.
Dans le quartier de Barzé, au nord-est de Damas, les combats opposaient depuis jeudi soir des rebelles aux troupes syriennes appuyées par des miliciens prorégime venus de la banlieue proche de Ech al-Warwar, où les habitants sont en majorité alaouites. Selon l’ONG, des chars de l’armée pilonnaient le secteur. Dans le sud de Damas, des affrontements ont aussi éclaté près du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, contrôlé majoritairement par les rebelles, même si l’armée tient le seul check-point y conduisant, toujours selon l’OSDH. D’autres affrontements ont eu lieu dans d’autres zones du sud de Damas, et dans l’est de la capitale, dans le quartier de Jobar. Selon un bilan provisoire, au moins 64 personnes ont péri hier dans des violences à travers le pays.

 

(Lire aussi : L’implication du Hezbollah en Syrie, entre accusations et démentis)


Par ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a dit « regretter » la démission de Moaz el-Khatib comme président de la Coalition nationale syrienne, dans une interview au magazine Jeune Afrique à paraître demain. « Je souhaite que son successeur puisse reprendre son travail pour aller vers une solution politique dans la ligne de l’accord de Genève, en 2012 », poursuit le ministre.
Enfin, plus de 1,4 million de Syriens sont désormais réfugiés dans les pays voisins de la Syrie, selon le HCR qui se dit incapable de faire face aux besoins médicaux de cette population. « Ce chiffre est 30 % plus élevé » que ce que le HCR avait envisagé en décembre pour fin juin 2013 (1,1 million), précise l’agence onusienne dans un communiqué.

(Sources : agences et rédaction)


 

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