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À La Une - Rencontre

Mikati à « L’OLJ » : Logiquement, les législatives ne peuvent plus avoir lieu à la date prévue

Le Premier ministre chargé des affaires courantes, Nagib Mikati, n’est pas encore prêt à dévoiler tous les épisodes de sa démission.

Le Premier ministre sortant a reçu hier le ministre sortant Hussein Hajj Hassan. Photo Dalati et Nohra

Il préfère garder encore certaines séquences pour lui, et devant un groupe réduit de journalistes, il se contente d’affirmer qu’il a bien étudié le timing et qu’il a montré par son action qu’il n’a pas d’autre souci que celui de l’intérêt général. En même temps, il laisse entendre que les choses pourraient évoluer à son avantage, sans vouloir en dire plus pour l’instant. En somme, il affirme qu’il est encore dans la course, et son avenir politique, ce n’est ni Saad Hariri ni un autre qui le décide, mais les citoyens libanais, notamment les habitants de Tripoli.


Nagib Mikati se veut détendu. Son temps et son ton semblent plus ouverts qu’avant sa démission et il n’hésite pas à prendre devant les journalistes un appel téléphonique du chef de l’État. Mais quelque part, quelque chose a changé dans son attitude. À la question de savoir quel a été son sentiment en voyant que le pays semblait soulagé par sa démission, il répond que c’est justement l’objectif qu’il recherchait. Il voulait faire bouger une situation qui stagnait. Au sujet du coup que lui a porté Walid Joumblatt en l’encourageant à la démission après lui avoir promis d’œuvrer à sa désignation de nouveau, Mikati affirme qu’il ne lui en veut pas, car c’est cela la politique. Il demande même : « À votre avis, qu’est-ce qui était plus difficile pour Walid bey, de me lâcher ou de lâcher cheikh Saad ? » En d’autres termes, puisqu’il a fait la seconde, il pouvait donc faire la première. Mikati dément que Joumblatt lui aurait monté la tête pour la prorogation du mandat du général Achraf Rifi, puis il précise que Saad Hariri l’avait lui-même accusé de l’avoir lâché lorsqu’il avait accepté de former un gouvernement en 2011. Il répète encore une fois que « c’est cela la politique », rappelant au passage que Nabih Berry avait fait la même chose avec Hussein Husseini, l’ancien président de la Chambre. Il va même ensuite jusqu’à remercier ironiquement Walid Joumblatt « qui me veut du bien, puisqu’il a voulu que je me repose », déclare-t-il.

Je m’en sors toujours...
Mikati confirme ainsi qu’après la démission, il croyait qu’il allait être désigné à nouveau. Mais il ajoute qu’avant son départ pour Londres, il a compris que le choix s’était fixé sur Tammam Salam. En dépit de l’insistance des journalistes pour savoir comment il l’a appris et quel est le rôle de l’Arabie saoudite dans cette décision, il reste silencieux, se contentant de dire qu’il ne veut pas en dire plus pour l’instant. À la question de savoir s’il ne regrette pas aujourd’hui cette action, se retrouvant lâché par tout le monde puisque ni le 14 Mars ne lui a pardonné ni le 8 Mars est satisfait de sa démission, Mikati répond qu’il a la conscience tranquille et qu’il est sûr d’avoir agi pour le bien du pays. « Vous savez, ajoute-t-il, que j’ai traversé des crises graves, et à chaque fois, je m’en suis sorti plus fort. Rappelez-vous le financement du TSL par exemple... » Il précise toutefois que celui qui travaille pour l’intérêt du pays se retrouve souvent seul et attaqué par tous.


Mikati reste confiant pour son avenir politique, rappelant qu’il a commencé par être ministre, puis Premier ministre, puis député, et de nouveau Premier ministre. « L’avenir dira quelle fonction je pourrai encore avoir. Mais au Liban, aucun homme politique n’est fini. En ce qui me concerne, je compte continuer à m’occuper de la chose publique. » Il précise qu’il n’a pas encore défini ses alliances à Tripoli, ajoutant qu’elles dépendront de la loi électorale. (À ce sujet, il annonce qu’il a un projet qu’il divulguera en temps voulu). À Saad Hariri qui aurait déclaré qu’il veut le vaincre à Tripoli, Mikati répond que ce sont les Tripolitains qui en décideront. Il dément une nouvelle fois avoir des liens avec les groupes salafistes de la ville, tout comme il nie leur procurer de l’argent, ajoutant que ces rumeurs font partie de la campagne menée contre lui.

Les conseils donnés à Salam
Au sujet de son successeur Tammam Salam, Mikati estime qu’il commence à faire preuve de plus de réalisme – comme il le lui avait lui-même conseillé, dit-il en réponse à la question d’un journaliste –, puisqu’il rejette désormais l’option du gouvernement du fait accompli et qu’il songe à former un gouvernement où les grands blocs politiques seraient représentés. Il affirme toutefois qu’en toute logique, les élections législatives ne peuvent plus avoir lieu en juin. Tammam Salam a donc plus de temps pour former tranquillement un gouvernement.


Pour Mikati, un gouvernement chargé des affaires courantes peut, s’il le faut, organiser quand même des élections législatives, y compris avec la présence d’un Premier ministre désigné, car il s’agit d’un acte exécutif essentiel, selon la Constitution. Mais il pense qu’il n’est pas nécessaire d’en arriver là, puisque, selon lui, les différentes composantes du pays ne dressent pas des obstacles devant la formation du gouvernement et veulent coopérer avec Salam. Il affirme d’ailleurs qu’il ne croit pas que Salam pourrait renoncer à sa mission, car il est clairement le candidat du 14 Mars – il l’a lui-même affirmé – et il n’y a pas de raison pour que ce camp renonce à cette initiative qu’il a tout fait pour reprendre.
Mikati déclare encore que les deux dernières années à la tête du gouvernement l’ont épuisé et il n’aspire qu’au repos, d’autant que le Liban va faire face à une période difficile les six prochains mois, notamment à cause de l’incendie qui ravage la Syrie. Il précise à ce sujet que le comportement du ministre des Affaires étrangères était une des raisons de sa démission, en plus de l’affaire Rifi et des interventions libanaises des deux camps dans les affaires syriennes. Prié de commenter les critiques que lui aurait adressées le président syrien devant des personnalités libanaises à cause de sa politique de dissociation, Mikati refuse d’ouvrir une polémique, précisant que cette politique reste la plus sage, en raison des divisions internes au Liban au sujet de la Syrie, rappelant que son devoir en tant que responsable libanais est d’éviter que l’incendie syrien s’étende au Liban. Il affirme d’ailleurs que la politique de dissociation est sans doute la décision la plus importante prise par son gouvernement et il rappelle qu’il a demandé à l’armée d’enquêter sur les violations de la souveraineté libanaise par l’armée syrienne et par les rebelles.


Au sujet des pèlerins chiites libanais détenus à Aazzaz en Syrie et de l’action revendicatrice de leurs proches, il rappelle que son gouvernement a formellement interdit la fermeture de la route de l’aéroport. Et concernant d’éventuelles décisions prises ces jours-ci par ses ministres,décisions antidatées d’avant la démission, Mikati affirme qu’il va ordonner une enquête via I’Inspection centrale.

 

(Lire aussi : Mansour : La Turquie « pas responsable » du sort des otages libanais en Syrie)


Il répète en conclusion qu’il vient de passer deux ans très difficiles au cours desquels il a porté sur les épaules « le poids d’une montagne » et que finalement, il a choisi de partir au bon moment, montrant qu’il ne répond ni aux pressions de la rue ni à celles des parties politiques...

 

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