Les réticences occidentales à livrer des armes sans assurance qu’elles tombent entre de « bonnes mains » ont été renforcées par l’allégeance officielle à el-Qaëda du Front al-Nosra, groupe jihadiste en première ligne en Syrie, et dont l’objectif est d’instaurer un État islamique en Syrie. « Il n’y aura jamais de garanties sur la destination des armes. Et on n’arrivera jamais à lever totalement l’embargo européen », se désole « l’ambassadeur » en France de l’opposition syrienne, Monzer Makhous, reconnaissant que le lien du Front al-Nosra avec el-Qaëda « est un problème ». « Mais franchement, je me demande où sont les grands stratèges occidentaux ? Ils n’ont pas détecté ce qui se passait. Au début de la révolution, il n’y avait pas de jihadistes », s’insurge M. Makhous, déplorant « le soutien politique médiocre » des alliés de l’opposition. « Nous avons certes obtenu le siège de la Syrie à la Ligue arabe. Maintenant, nous voulons le siège à l’ONU, mais ce sera extrêmement difficile. Et on peut se demander à quoi sert une nouvelle réunion toutes les semaines », ajoute-t-il, alors que les « Amis de la Syrie », groupe de pays arabes et occidentaux opposés à Bachar el-Assad, doivent se réunir le 20 avril à Istanbul.
Divisée, désorganisée, soumise à des influences étrangères rivales – notamment qatarie et saoudienne –, la Coalition nationale syrienne a ainsi du mal à faire valoir sa crédibilité. « On veut savoir qui on a en face de nous », avançait récemment le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. Son chef Moaz el-Khatib, apprécié des Occidentaux, est démissionnaire, et était absent de Londres. Pour le chercheur Yezid Sayigh, du centre de réflexion Carnegie Middle East Center, l’opposition syrienne est plus occupée à « s’assurer un soutien extérieur » qu’à s’implanter en Syrie. « Le problème principal aujourd’hui n’est pas une question d’armement, c’est une question de structure de la rébellion sur le terrain. Il n’y a pas vraiment de stratégie, chaque groupuscule fait ce qu’il veut », confirme Florence Gaub, chercheuse au Collège de défense de l’OTAN à Rome. Les guerres civiles, statistiquement, se terminent par des négociations mais pas avant un minimum de trois ans, « uniquement quand les deux côtés ont pris conscience qu’ils ne peuvent plus gagner », souligne-t-elle, en excluant une solution politique en 2013. « Les rebelles s’imaginent qu’ils peuvent fatiguer le régime de Bachar, mais la stratégie militaire de Damas est “on tape dessus jusqu’à ce que ça s’arrête”. Même s’ils ont des armes plus sophistiquées et détruisent ses avions, la réponse du régime sera encore plus violente », prédit-elle, alors que le conflit a fait plus de 70 000 morts.
(Source : AFP)
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