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À La Une - Crise

Syrie : Plusieurs brigades islamistes rejettent la tutelle d'el-Qaëda

Près de 15.000 enfants syriens tués depuis mars 2011.

Des Syriens lors d'une manifestation anti-régime le 12 avril 2013 à Alep. AFP PHOTO / DIMITAR DILKOFF

Plusieurs brigades de la rébellion syrienne ont rejeté l'adhésion du Front jihadiste al-Nosra au réseau extrémiste el-Qaëda, estimant que la priorité était de combattre le régime et appelant à un islam "modéré".

"Ici, en Syrie, nous avons lancé le jihad (guerre sainte) contre le régime (...), pas pour prêter allégeance à X ou Y et pas pour qu'on impose sur nos frères et notre peuple des choses malgré eux", a fait savoir vendredi dans un communiqué le Front islamique de libération de la Syrie.

Ce front regroupe une vingtaine de bataillons islamistes sous l'autorité de l'Armée syrienne libre (ASL) --principale composante de la rébellion armée--, comme le Liwa Al-Tawhid, Liwa Al-Islam ou les brigades Al-Farouk.


Mercredi, le Front al-Nosra, un groupe formé de jihadistes syriens et étrangers et qui n'est pas membre de l'ASL, a prêté allégeance au chef d'el-Qaëda Ayman al-Zawahiri, qui avait appelé à l'instauration d'un "Etat islamique" en Syrie.


"Prêter allégeance à des gens qui ne savent rien de notre situation ne peut pas servir notre peuple et notre nation", estime le communiqué. "O Moujahidine, le Front islamique de libération de la Syrie vous appelle à unifier vos rangs (...) et à suivre le chemin de la modération qu'a toujours connu la Syrie".

Les mouvements islamistes regroupés sous l'ASL affirment avoir une interprétation "modérée" de l'islam, comparé aux factions salafistes.

(Pour mémoire: « Le Front al-Nosra a toujours été clair sur ses intentions : il veut un califat »)


L'annonce d'al-Nosra a été rejetée par l'opposition syrienne, tandis que le régime, qui assimile la rébellion à du "terrorisme", a demandé à l'ONU d'inscrire le groupe sur sa liste noire d'individus et d'organisations affiliés à el-Qaëda.


Ce sujet était également présent vendredi lors des manifestations hebdomadaires contre le régime de Bachar al-Assad.

A Kafr Nabel, dans le nord-est de la Syrie, des manifestants brandissaient une banderole proclamant: "Notre révolution n'est pas contre le régime en tant que tel, elle est contre les attaques contre la raison et l'oppression (...) quelles que soient les formes qu'elles prennent".

A Alep (nord), des manifestants ont défilé dans le quartier de Boustan al-Qasr tenu par les rebelles avec des pancartes disant: "C'est le peuple syrien qui décidera du genre d'Etat qu'il veut", et d'autres ont scandé "Nous ne laisserons personne (nous) imposer sa tutelle" dans le quartier de Qaterji.

Le Front al-Nosra avait cependant des partisans dans la province d'Idleb (nord-ouest) comme à Bineche, où des banderoles proclamaient : "Le peuple islamique veut un califat islamique".

Vendredi, le ministère français des Affaires étrangères a indiqué que des discussions "informelles" en vue d'un classement du Front al-Nosra, actif en Syrie, comme "organisation terroriste" ont débuté à Londres lors de la réunion mercredi et jeudi du G8 et doivent se poursuivre à l'ONU.

"C'est un des sujets qui ont été évoqués au G8 ou en marge du G8 (mercredi et jeudi à Londres), mais ce n'est pas le cadre dans lequel une décision comme celle-ci peut être prise", a déclaré lors d'un point de presse Philippe Lalliot, porte-parole du ministère. "Ces discussions viennent de commencer. Elles vont se poursuivre dans le cadre naturel qui est celui du Conseil de sécurité" de l'ONU, a précisé le porte-parole.

(Pour mémoire : Syrie : Régime et opposition dénoncent le Front al-Nosra)

Sur le terrain, les violences ne connaissent toujours pas de répit et une ONG française a annoncé vendredi que les combats et les bombardements en Syrie ont coûté la vie à 10.000 à 15.000 enfants depuis le début de la guerre.

 

Sur les plus de 70.000 morts recensés par l'ONU dans le conflit syrien, "environ la moitié sont des civils. Parmi ces civils, il y a 30 à 40% d'enfants, soit 10.000 à 15.000 enfants", a expliqué lors d'un point presse le vice-président de l'association la Chaîne de l'espoir, Philippe Valenti, de retour d'une mission en Jordanie.

Dans ce pays limitrophe de la Syrie qui accueille quelque 400.000 réfugiés syriens, "j'ai examiné 65 enfants (syriens), dont les deux tiers étaient des blessés de guerre: ils avaient soit sauté sur une mine, soit été touchés par un sniper", a ajouté le médecin.

 

"Dans les guerres récentes, les armes ont changé. Les plaies et traumatismes touchent souvent les membres. Les membres inférieurs, ce sont les mines. Les membres supérieurs, se sont souvent les kalachnikov" ou des balles de snipers, a-t-il précisé.

Selon lui, "les snipers ont deux objectifs": soit "paralyser, c'est-à-dire laisser en vie mais la personne ne pourra plus marcher", soit "tirer dans la tête".

 

M. Valenti a ainsi indiqué avoir vu de nombreux blessés par balles à la colonne vertébrale. Quant aux blessés à la tête, "en général on les voit dans les services de réanimation" lorsqu'ils sont hospitalisés, et "souvent" ils meurent rapidement, a-t-il dit.

 

Le mois dernier, l’ONG Save the Children avait mis en garde dans un rapport contre le recours de plus en plus fréquent aux enfants sur la ligne de front, les belligérants n’hésitant pas à s’en servir comme soldats ou boucliers humains. "Deux millions d’enfants coincés en Syrie sont les victimes innocentes" d’une guerre sanglante, déplore l’ONG, relevant qu’ils "risquent en permanence malnutrition, maladie et traumatisme".

 

"C'est une guerre dont les femmes et les enfants sont les plus grandes victimes", a dit à Reuters le directeur de Save the Children, Justin Forsyth, à l'occasion d'une visite au Liban, où des centaines de milliers de Syriens ont trouvé refuge.

 

Justin Forsyth a rencontré un enfant de 12 ans dont le meilleur ami a été tué devant une boulangerie. "Son ami a reçu une balle en plein coeur. Au début, il a cru qu'il lui faisait une plaisanterie, parce qu'il ne saignait pas. Il n'a compris qu'il était mort que quand on lui a retiré sa chemise", raconte-t-il.

 

Le rapport de Save the Children cite une étude de l'université Bahcesehir, en Turquie, réalisée auprès des réfugiés syriens, selon laquelle un enfant sur trois dit avoir reçu des coups ou avoir été la cible de tirs.

Deux-tiers des enfants interrogés disent avoir été séparés de membres de leur famille en raison du conflit et un tiers ont été confrontés à la mort d'au moins un de leurs proches.

 

"Tous ces enfants vous racontent cela sans émotion apparente, puis vous réalisez qu'il y a des couches et des couches de traumatisme émotionnel", précise Justin Forsyth.

 

Soldats et rebelles ont aussi tendance à les recruter "comme messagers, gardes, informateurs ou combattants".

 

 

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Plusieurs brigades de la rébellion syrienne ont rejeté l'adhésion du Front jihadiste al-Nosra au réseau extrémiste el-Qaëda, estimant que la priorité était de combattre le régime et appelant à un islam "modéré".
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commentaires (3)

Rejettent la " TUTELLE " Mais... en épousent " L'IDÉE " ! ce serait trop les honorer que de dire : idéal...

SAKR LOUBNAN

10 h 02, le 13 avril 2013

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Commentaires (3)

  • Rejettent la " TUTELLE " Mais... en épousent " L'IDÉE " ! ce serait trop les honorer que de dire : idéal...

    SAKR LOUBNAN

    10 h 02, le 13 avril 2013

  • Nous sommes rassurés, n'est-ce pas... alors il faut comprendre que l'on peut continuer le vil complot contre la Syrie sans devoir donner des explications au grand publique concernant le soutien aux terroristes djihadistes que l'on veut éradiquer dans le reste du monde. Berk!

    Ali Farhat

    22 h 30, le 12 avril 2013

  • Un traumatisme émotionnel grave aux mauvaises répercussions de santé pour les nouvelles générations . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 35, le 12 avril 2013

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