Rechercher
Rechercher

À La Une - Crise

Syrie : Régime et opposition dénoncent le Front al-Nosra

Le G8 "atterré" par le nombre de morts en Syrie.

Un combattant du Front al-Nosra tenant un drapeau islamiste dans la province de Raqqa, en Syrie. REUTERS/Hamid Khatib

Le ministère syrien des Affaires étrangères a demandé jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU de classer le Front al-Nosra, en première ligne dans la bataille contre le régime, sur la "liste noire" des entités et individus liés à el-Qaëda qui prévoit des sanctions très sévères.

 

"La Syrie a présenté une demande au Conseil de sécurité d'inscrire l'organisation dite Front al-Nosra sur la liste unifiée des organisations liées à el-Qaëda", indique un communiqué en faisant référence à la résolution 1267 de 1989.
Les sanctions contre les personnes ou les entités liées à el-Qaëda ou organisations affiliées prévoient un gel des avoirs, une interdiction de voyager et un embargo sur les armes. Il y a actuellement 64 entités et 227 individus inscrits sur cette liste.

Le Front al-Nosra, en première ligne dans le combat contre le régime syrien, a annoncé mercredi qu'il prêtait allégeance au chef d'el-Qaëda, Ayman al-Zawahiri mais s'est démarqué de l'annonce de parrainage faite par la branche irakienne du réseau terroriste la veille.

Dans le même temps, les Comités locaux de coordination (LCC), une des principales composantes de la rébellion syrienne a rejeté jeudi l'appel du chef d'el-Qaëda à établir un Etat islamique en Syrie.

"Nous condamnons cette flagrante immixtion dans les affaires intérieures syriennes et nous réaffirmons que seuls les Syriens décideront de l'avenir de leur pays", affirme dans un communiqué ce mouvement qui regroupe des militants pacifistes de différentes tendances politiques.

Dans un message sonore mis en ligne dimanche sur des sites islamistes, le numéro un d'el-Qaëda avait lancé aux rebelles : "Déployez tous vos efforts pour que le fruit de votre jihad soit, avec la volonté de Dieu, un Etat islamique jihadiste (...), une étape sur la voie du rétablissement du califat islamique".

Les LCC "rappellent que la révolution a été lancée pour instaurer la liberté, la justice et un Etat démocratique, pluraliste et civil". "Notre rêve après le renversement de ce régime fasciste est d'établir un régime basé sur les libertés publiques, les droits de l'Homme et l'égalité politique entre les citoyens", ajoutent-ils. "Nous voulons une république dans laquelle tous ses membres jouiront des mêmes droits et des mêmes devoirs selon le principe de la citoyenneté. Personne n'aura le droit de s'en prendre à un citoyen en raison de sa religion, sa confession et son ethnie", insistent les LCC.

(Pour mémoire: « Le Front al-Nosra a toujours été clair sur ses intentions : il veut un califat »)

Le chef de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, a également rejeté les propos du chef d'el-Qaëda. "La pensée d'el-Qaëda ne nous sied pas et les révolutionnaires en Syrie doivent prendre une position claire sur ce sujet", a-t-il assuré sur sa page Facebook. M. Khatib, un ancien prêcheur du vendredi, a également rejeté le parrainage d'al-Nosra par el-Qaëda en Irak. "Certains cherchent à imposer leurs vues sur le Front al-Nosra. Nous rejetons une quelconque tutelle sur n'importe quel groupe revolutionnaire en Syrie", dit-il.

Ses propos sont intervenus toutefois juste avant l'acte d'allégeance d'al-Nosra à el-Qaëda.

Le Front al-Nosra est devenu au fil des mois une composante essentielle dans la lutte armée contre le régime de Bachar el-Assad, grâce à une organisation solide et un financement étranger occulte.


Dans ce contexte, un journal proche du régime syrien a qualifié jeudi la révolte contre Damas de "leurre".

"Il s'agit d'el-Qaëda et non d'une révolution pacifique. Trêve de mensonges et de tromperies, c'est un projet soutenu financièrement, militairement et politiquement par des soi-disant arabes et des occidentaux (...) qui ont voulu se venger de la Syrie car elle appuie la résistance" à Israël, estime le quotidien al-Watan, en allusion au Qatar et à l'Arabie Saoudite, virulents critiques de Damas.

"Deux ans après le début du conflit en Syrie, les vérités commencent à se faire jour. Il est désormais clair qu'il existe un (complot) ourdi contre la Syrie pour établir un Etat islamique qui effacerait l'identité et l'histoire laïques de la Syrie", écrit le quotidien al-Watan.


Assaut sanglant de l'armée à Deraa

Sur le terrain, au moins 57 personnes ont été tuées dans l'assaut donné par l'armée syrienne contre deux villages de la province de Deraa, dans le sud du pays, a annoncé jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Le nombre de personnes tuées par des tirs, des bombardements, lors d'exécutions sommaires et d'accrochages entre rebelles et soldats mercredi dans les localités d'Al-Sanamein and Ghabagheb se monte à 57, selon un nouveau bilan", affirme l'OSDH. Il s'agit de 16 rebelles, 12 soldats gouvernementaux, sept femmes, six enfants et 16 autres civils. Un premier bilan faisait état de 45 morts.

Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, "mardi soir, dix soldats avait déserté un important poste militaire voisin et s'étaient cachés dans les deux villages. Le lendemain, l'armée a lancé l'assaut".

 

Les rebelles ont récemment pris le contrôle dans le sud du pays d'une bande de 25 km allant de la Jordanie à la ligne de cessez-le feu avec Israël sur le plateau du Golan. Fin mars, M. Abdel Rahmane indiquait que de grandes parties de la province de Deraa étaient sous contrôle rebelle. Deraa, berceau de la révolte contre le régime, est "quasi coupée" de la capitale, précisait-il.

Par ailleurs, selon l'OSDH, un hélicoptère qui transportait des provisions pour les militaires assiégés dans le camp de Wadi Deif, près de Maaret al-Noomane, dans le nord du pays, a été abattu et les quatre passagers ont été tués, selon l'OSDH qui a mis en ligne une vidéo.

Les violences ont fait mercredi 179 morts à travers le pays dont 50 civils, 86 rebelles et 43 soldats, selon l'OSDH, une organisation basée en Grande-Bretagne qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales et militaires à travers la Syrie.

 
Le G8 "atterré" par le nombre de morts en Syrie

Les ministres des Affaires étrangères du G8, réunis jeudi à Londres, se sont dits "atterrés" par le nombre de morts du conflit en Syrie, évalués à 70.000 par l'ONU. Ils ont demandé dans un communiqué final à "tous les pays" de répondre autant qu'ils le peuvent aux demandes d'aides de l'ONU pour la Syrie.

(Lire aussi : Une charge explosive d’al-Nosra destinée au Hezbollah ?)

 

"La mort venue des cieux"

Une organisation internationale de défense des droits de l'Homme a également accusé l'aviation syrienne d'avoir bombardé des boulangeries, hôpitaux et autres cibles civiles.

"Les raids ordonnés par le gouvernement, qui tuent délibérément et de manière indiscriminée des civils, semblent s'inscrire dans une stratégie d'attaques multiples et systématiques contre la population civile que nous jugeons être des crimes contre l'humanité", a assuré Human Rights Watch

"Les personnes qui commettent intentionnellement des violations sérieuses des lois de la guerre sont coupables de crimes de guerre", ajoute cette organisation basée à New York dans un rapport intitulé "la mort venue des cieux".

 

Citant un réseau de militants, HRW assure que "les raids aériens ont tué plus de 4.300 civils à travers la Syrie depuis juillet 2012", date du début des attaques par l'aviation.

L'organisation fait également état de l'utilisation de munitions à haute teneur explosive qui détruisent parfois plusieurs maisons en une seule attaque.

(Lire aussi : Ziad Rahbani hué à l’AUB en raison de ses prises de position sur la Syrie)


 

L'Irak fouille toujours...

Enfin, un haut responsable irakien a annoncé jeudi que Bagdad avait fouillé dans la nuit, et pour la troisième fois en trois jours, un avion cargo de la compagnie iranienne Mahan Air à destination de Damas qui traversait son espace aérien. "Nous n'avons pas découvert de matériel prohibé", a déclaré à l'AFP Nasser Bandar, chef de l'Autorité de l'aviation civile irakienne.

 

L'Irak a inspecté deux appareils iraniens lundi et mardi, les premiers depuis qu'il a assuré le 30 mars qu'il accroîtrait ses fouilles inopinées, comme les Etats-Unis l'y ont fermement encouragé. Washington soupçonne les avions iraniens de transporter des équipements militaires pour le régime de Bachar el-Assad. Lors des deux premières fouilles, les autorités irakiennes n'avaient découvert que du matériel médical et de premiers secours.

 

Jusqu'à présent, le gouvernement irakien s'est gardé de prendre parti dans le conflit syrien qui a fait plus de 70.000 morts en deux ans selon l'ONU.

 

Lire aussi

Les réfugiés syriens opprimés dans la banlieue-sud : l'Etat atermoie
Le ministère syrien des Affaires étrangères a demandé jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU de classer le Front al-Nosra, en première ligne dans la bataille contre le régime, sur la "liste noire" des entités et individus liés à el-Qaëda qui prévoit des sanctions très sévères.
 
"La Syrie a présenté une demande au Conseil de sécurité d'inscrire l'organisation dite...

commentaires (2)

Du progrès. Voilà une chose sur laquelle ils se sont mis d'accord.

SAKR LEBNAN

10 h 25, le 12 avril 2013

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Du progrès. Voilà une chose sur laquelle ils se sont mis d'accord.

    SAKR LEBNAN

    10 h 25, le 12 avril 2013

  • Entre le le chef d'el-Qaëda et Assad l ' occident finira probablement par accepter et adopter de nouveau le pouvoir actuel . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    17 h 03, le 11 avril 2013

Retour en haut