Rechercher
Rechercher

À La Une - La situation

Présidence du Conseil : le retour de Mikati plus que jamais incertain

Nagib Mikati, Premier ministre démissionnaire.

Quarante-huit heures nous séparent des consultations parlementaires contraignantes que le président Michel Sleiman doit entamer, en principe, vendredi prochain (et qui s’achèveront samedi) afin de désigner un nouveau Premier ministre. À deux jours de cette échéance, le flou le plus total continue de régner au sujet des intentions des deux camps politiques adverses – le 14 et le 8 Mars – et du bloc du leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt. Devant le climat d’incertitude qui règne sur ce plan, diverses sources d’information ont émis hier l’hypothèse d’un report des consultations au palais de Baabda. Mais tard en soirée, une source autorisée au palais présidentiel indiquait à L’Orient-Le Jour qu’un tel ajournement n’est pas envisagé.


Dans l’attente que la situation se décante davantage, les concertations se sont intensifiées au cours des derniers jours à différents niveaux et dans plus d’une capitale afin de définir la ligne directrice de la prochaine étape, en l’occurrence l’identité du président du Conseil, ainsi que la nature et la mission de la prochaine équipe ministérielle. Les contacts se multiplient à ce propos au sein d’un même camp et, parallèlement, le chef du Courant du futur, l’ancien Premier ministre Saad Hariri, a conféré à Riyad avec une délégation de son bloc, conduite par Fouad Siniora, ainsi qu’avec le ministre joumblattiste des Affaires sociales, Waël Bou Faour, délégué par Walid Joumblatt afin d’amorcer, voire de renforcer, la coordination avec M. Hariri.


En l’absence de positions tranchées de part et d’autre, pour ce qui a trait au choix du chef du gouvernement, les spéculations vont bon train dans ce cadre et les informations filtrées à la presse pullulent de sorte qu’elles permettent de satisfaire toutes les curiosités politiques à ce sujet. Divers milieux, dignes de foi, indiquent ainsi que le leader du PSP aurait décidé d’aligner sa position sur celle de M. Hariri pour ce qui a trait au choix du Premier ministre. Certains députés du courant du Futur vont même jusqu’à affirmer que M. Joumblatt est également en phase avec le 14 Mars en ce qui concerne le profil et la mission du gouvernement appelé à succéder au cabinet Mikati. De là à souligner que l’on se dirige vers une résurgence de la majorité parlementaire issue des élections de 2009, et qui avait été renversée sous l’effet d’un coup de force lancé par le Hezbollah en janvier 2011, il n’y a qu’un pas que certains pôles du 14 Mars entreprennent de franchir, ne fût-ce que prudemment.


Mais on n’en est pas encore là, et toute l’attention est, pour l’heure, braquée sur l’issue des consultations que le président Sleiman doit entreprendre vendredi et samedi prochains. Au stade actuel, aucun nom pour la succession de Nagib Mikati n’est encore avancé. Il reste que les spéculations vont bon train et la valse des noms bat son plein. Il est ainsi question, entre autres, du président des organismes économiques, l’ancien ministre Adnane Kassar, de l’ancien ministre Khaled Kabbani, de M. Ghaleb Mahmassani ou même... de la députée de Saïda, Bahia Hariri.


Si l’incertitude reste la plus totale au sujet du choix que feront les différents blocs – qui ne rendront publique leur position que demain, jeudi, dans la meilleure des hypothèses –, il reste que les déclarations de certains pôles et députés des deux camps en présence permettent quand même de définir dans une certaine mesure le profil du futur Premier ministre. Nombre de parlementaires du courant du Futur ont ainsi affirmé hier que Nagib Mikati ne sera pas le candidat du 14 Mars et que le Premier ministre désigné ne sortira pas des rangs des anciens chefs de gouvernement. Le président du Conseil ne devra pas être, en outre, candidat aux élections législatives.


Nagib Mikati ne semble pas bénéficier, en outre, du soutien du camp du 8 Mars qui lui reproche l’ensemble de sa ligne de conduite durant les deux années qu’il a passées à la tête du gouvernement, comme l’a souligné le chef du CPL, Michel Aoun, dans l’interview qu’il a accordée hier soir à la OTV. Le 8 Mars reproche aussi à M. Mikati d’avoir démissionné alors que rien ne justifiait, selon le tandem CPL-Hezbollah, une telle démission. Si M. Mikati paraît donc écarté par la coalition hezbollahie-aouniste, celle-ci, à l’instar du 14 Mars, n’a pas encore défini son choix pour le nouveau Premier ministre.
En tout état de cause, s’il se confirme que Walid Joumblatt alignera sa position sur celle de Saad Hariri, cela signifiera que l’axe CPL-Hezbollah-Amal-Marada redeviendra minoritaire et aura des difficultés à peser sur le choix du chef du gouvernement. D’où le fait que le député aouniste Nabil Nicolas a émis hier l’hypothèse d’un boycott par le CPL des consultations de Baabda pour la désignation d’un président du Conseil.

 

(Lire aussi : « Si une loi électorale mixte est votée, le ministère a besoin de 6 mois pour préparer le scrutin », estime Charbel)

Michel Aoun, le bien et le mal...
Parallèlement au problème du choix du Premier ministre, les divergences entre le 14 et le 8 Mars se manifestent aussi au niveau du profil du prochain gouvernement. Le 14 Mars se prononce clairement pour un cabinet neutre, regroupant des ministres non partisans et non candidats aux élections législatives, et dont la principale tâche – sinon la seule – devrait être la supervision et l’organisation du scrutin législatif.


L’idée d’un gouvernement neutre – donc apolitique – est toutefois rejetée par le Hezbollah et a été critiquée hier soir par le général Aoun dans son interview à la OTV. Le député hezbollahi Nawaf Moussaoui a annoncé la couleur à ce propos en soulignant que par essence, un gouvernement ne peut pas être apolitique et doit nécessairement représenter les principales composantes sociopolitiques du pays. Il reste que face aux propos virulents et belliqueux tenus hier soir par Michel Aoun sur les ondes de sa chaîne télévisée, il est légitime de s’interroger sur la possibilité réelle de mettre sur pied un gouvernement « politique » représentant les forces en présence, comme le réclame Nawaf Moussaoui. Le chef du CPL a en effet tiré à boulets rouges sur le président Sleiman, M. Mikati et le leader du PSP. Il a d’abord affirmé que le pays vit à l’ombre d’un « vide constitutionnel » depuis que Michel Sleiman a été élu à la magistrature suprême (sic ! ).


Le général Aoun a ensuite sévèrement critiqué la gestion de M. Mikati à la tête du gouvernement, lui reprochant, entre autres, d’avoir considéré que la prorogation du mandat du général Achraf Rifi à la tête des FSI est « plus importante que le sort du gouvernement ». Quant à M. Joumblatt, le chef du CPL s’est permis de le qualifier de « mentalement instable », affirmant qu’il (Michel Aoun) avait rencontré dans sa vie « beaucoup de druzes qui étaient tous polis, sauf Walid Joumblatt ». « Je ne sais pas à qui il ressemble », a ajouté M. Aoun qui a été jusqu’à demander au leader du PSP ce qu’il avait réalisé dans le pays depuis son entrée au gouvernement en 1984, brandissant la menace d’ouvrir sur ce plan le dossier des déplacés de la Montagne.


Et le général Aoun de résumer sa diatribe en ces termes : « Il existe au Liban un combat entre le bien et le mal. Et, humblement, je représente le bien. » Dont acte...

 

Lire aussi

Effeuillage, le coups d'épingle d'Elie Fayad


Alliances fragiles à manier avec précaution, l'éclairage de Philippe Abi Akl

Quarante-huit heures nous séparent des consultations parlementaires contraignantes que le président Michel Sleiman doit entamer, en principe, vendredi prochain (et qui s’achèveront samedi) afin de désigner un nouveau Premier ministre. À deux jours de cette échéance, le flou le plus total continue de régner au sujet des intentions des deux camps politiques adverses – le 14 et le 8 Mars...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut