Une problématique qui concerne particulièrement le Liban, en proie à l’arrivée massive de réfugiés depuis plusieurs décennies. « Aujourd’hui, on compte actuellement 250 000 à 270 000 Palestiniens au Liban, et près de 100 000 Irakiens », détaille Nicolas Puig, chargé de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Des chiffres officiels qui ne comptabilisent pas les nombreux arrivés non enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Un cas de figure qui concerne notamment les réfugiés syriens, dont le nombre officiel est estimé à plus de 230 000 selon des estimations de l’UNHCR publiées en janvier 2013. Pourtant, ils seraient plus d’un million selon le gouvernement.
Une absence de statut juridique qui pose question. « S’il est signataire de la convention de Genève de 1948, le pays n’a pas signé celle de 1951, relative aux droits des réfugiés, rappelle Wassim Mansouri, consultant de la commission des Droits de l’homme au Parlement. L’État évite donc de leur donner le statut de réfugiés pour ne pas entrer dans des considérations juridiques. Il les admet dans l’attente de leur trouver un pays hôte. »
Si « le Liban n’a pas vocation à garder ses réfugiés », comme le souligne celui qui est également avocat au barreau de Beyrouth, la réalité économique et professionnelle est tout autre. Malgré des conditions de vie difficiles et de nombreuses restrictions qui les accompagnent dans le droit d’exercer certains métiers, les migrants contribuent à l’essor économique du pays. « Un tiers de la population active est issue de migrants. 40 000 à 50 000 nouveaux permis de travail sont délivrés à des étrangers chaque année », précise Nicolas Puig.
L’apport culturel de ces populations à la société libanaise est également indéniable : « Regardez cette jeune Éthiopienne qui a fait une pièce de théâtre sur les droits des femmes. C’est un exemple parmi tant d’autres. Mais on le voit de plus en plus », conclut Liliane Kfoury, auteure de plusieurs publications dont « La situation des travailleurs migrants dans les prisons libanaises, Centre des migrants ».