Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré lundi que la question de la levée de l'embargo sur les armes à destination de l'opposition syrienne allait "devoir se reposer très vite".
"Il me paraît évident que la question d'une levée de l'embargo sur les armes se pose de plus en plus en plus car nous avons un déséquilibre évident entre Bachar el-Assad, qui est alimenté par des armes puissantes venues d'Iran et de Russie, et la Coalition nationale qui ne dispose pas de ces mêmes armes", a déclaré M. Fabius à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles.
Alors que les rebelles réclament à cors et à cri des armes pour faire face à la puissance de feu du régime, les ministres européens ont toutefois de nouveau exprimé leurs divergences sur cette question, réaffirmant que la priorité restait la recherche d'une solution politique.
"Il est évident que, sur les plans politique et diplomatique, nous devons utiliser tous les contacts, tous les canaux, en liaison avec les Américains, les Russes et les Arabes, pour essayer de trouver une solution politique", a ainsi ajouté M. Fabius.
Invité par les ministres européens, le médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, les a pour sa part appelés à agir pour rendre "possible" la recherche de cette "indispensable solution politique", car une issue militaire est "hors de question". "Je pense que l'Union européenne a un rôle à jouer aux côtés des autres membres importants de la communauté internationale", a-t-il ajouté, avertissant que la situation risque d'être "aussi grave ou même pire qu'en Somalie" il y a quelques années.
A Baba Amr, l'aviation pilonne le symbole
Sur le terrain, l'aviation syrienne bombardait lundi Baba Amr, quartier symbolique de la ville de Homs attaqué de nouveau par les rebelles.
Un an après la prise de Baba Amr par l'armée, à l'issue de plusieurs semaines de bombardements ayant fait des centaines de morts, les rebelles ont lancé dimanche un assaut surprise contre ce quartier, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le régime a répliqué par des raids sur Baba Amr, et la ville de Homs était "complètement bouclée" par l'armée.
Lundi, l'aviation du régime a repris le pilonnage du quartier, a rapporté Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni s'appuyant sur un vaste réseau de militants et de sources médicales.
"L'armée va tenter à tout prix de chasser les rebelles, même si elle détruit complètement le quartier", a dit M. Abdel Rahmane, estimant que le régime ne permettra pas aux insurgés de rester à Baba Amr. "C'est pour le moral (de l'armée), car le quartier de Baba Amr est un symbole connu dans les médias internationaux", a-t-il déclaré.
En écho, un journal proche du régime al-Watan affirmait lundi que "l'armée a fait avorter une tentative d'infiltration à Baba Amr", "infligeant aux groupes armés des pertes énormes en vies humaines et en armes sur tous les axes".
Damas
Ailleurs, au moins trois personnes ont été tuées et 28 autres blessées lundi par des tirs d'obus de mortier sur un quartier du sud de Damas, a rapporté l'agence officielle Sana. Elle a ajouté qu'un autre obus était tombé dans le quartier voisin de Bab-Charqui, faisant des morts, sans plus de précision. L'OSDH a fait état pour sa part de "la chute de plusieurs obus" sur ce quartier, "blessant grièvement plusieurs personnes".
Toujours dans la capitale, quatre personnes, dont le journaliste sportif Younès al-Masri, ont été blessées lorsqu'un obus est tombé sur le stade Techrine dans le centre de la capitale, a déclaré à l'AFP un dirigeant sportif.
De son côté, la journaliste ukrainienne Ankhar Kotchneva, enlevée en octobre par des rebelles, a réussi à échapper à ses ravisseurs et se trouve dans un endroit sûr à Damas, selon ses proches. Kiev a confirmé qu'elle était libre.
Selon l'OSDH, 175 personnes ont péri dimanche dans les violences, et 43 lundi, d'après un bilan provisoire. Depuis le 15 mars 2011, la révolte contre le régime de Bachar el-Assad, qui s'est transformée en guerre civile, a fait plus de 70.000 morts.
Dans un communiqué publié par les médias syriens, "le haut Conseil de l'Iftaa" (la plus haute autorité sunnite en Syrie) a lancé un appel à "notre peuple en Syrie pour qu'il se place au côté de nos forces armées afin de défendre la patrie".
Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition a estimé qu'il s'agissait d'un "appel au secours du régime syrien".
Massacres éthinques
L'ONU a, pour sa part, accusé le pouvoir de Bachar el-Assad d'avoir recours à des milices locales connues sous le nom de Comités populaires pour commettre des massacres qui ont pris un caractère ethnique.
"Suivant une tendance préoccupante et dangereuse, les massacres apparemment commis par les Comités populaires auraient pris une tournure ethnique", indique la commission d'enquête de l'ONU présidée par Paulo Pinheiro dans son dernier rapport devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève.
Dans ce contexte, les enquêteurs de l'ONU sur les violences en Syrie ont lancé lundi à Genève un appel pour obtenir un "accès officiel" au Conseil de sécurité afin notamment de lui demander de saisir la Cour pénale internationale (CPI).
Jusqu'à présent, les enquêteurs n'ont pu être entendus que de façon informelle, à deux occasions, par le Conseil de sécurité, a déploré devant les médias le Thaïlandais Vitit Muntarbhorn, l'un des quatre enquêteurs de la Commission, demandant un "accès officiel" face à "la multiplication des violations".
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Revendication d'el-Qaëda
Par ailleurs, el-Qaëda en Irak a revendiqué l'embuscade qui a coûté la vie à 48 soldats syriens et neuf gardes irakiens dans la province irakienne d'al-Anbar la semaine dernière, selon un communiqué publié sur des sites jihadistes lundi.
L'embuscade avait été tendue en plein désert dans cette province de l'ouest de l'Irak, à majorité sunnite, le 4 mars dernier. Les victimes, des soldats blessés, avaient franchi la frontière au point de passage de Rabiyah, au nord de l'Irak, pour fuir les combats très violents qui se déroulaient du côté syrien.
(Pour mémoire : La guerre civile syrienne arrive aux portes de l'Irak)
L'Irak est pris en étau, notamment entre l'Iran, son voisin à l'est, qui soutient Bachar el-Assad, et les Etats-Unis, avec qui Bagdad entretient également de bonnes relations et qui ont appelé au départ du président syrien, tout comme de nombreux Etats arabes.
En Turquie, la police a arrêté quatre Syriens liés au régime de Damas soupçonnés d'avoir perpétré un attentat à la bombe en février contre un poste à la frontière turco-syrienne qui avait coûté la vie à 14 personnes, selon le ministre turc de l'Intérieur Muammer Güler.
Reportage
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commentaires (4)
Russes, Iraniens et Arabes avant, Fabius aujourd'hui, Albion hier, Kerry avant hier, la Ligue Arabe aussi, etc... Et la SAMBA MACABRE va devenir beaucoup plus éffrénée... On la dansera à coups de Syriens... jusqu'au dernier...
SAKR LEBNAN
09 h 06, le 12 mars 2013