Avec la multiplication des projets de loi électorale, alors que les échéances constitutionnelles se rapprochent, il devient de plus en plus clair que pour la classe politique libanaise, il s’agit surtout de provoquer un grand tapage médiatique pour cacher le fait que le véritable intérêt se porte sur la situation en Syrie. Des informations de plus en plus précises font en effet état d’un afflux d’armes sophistiquées à l’opposition syrienne visant à lui permettre de mener une bataille décisive dans le proche avenir. L’idée serait de lui permettre d’enregistrer une victoire concrète et stratégique sur le terrain à la veille du déclenchement des grandes négociations entre la Russie et les États-Unis. Si le principe d’un compromis politique est acquis, il reste à en définir les contours et c’est là que le bât blesse.
Une source diplomatique d’un pays membre des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a déclaré à ce sujet que les États-Unis considèrent qu’à ce stade, le rapport des forces est encore en faveur du régime syrien et de ceux qui le protègent. Il faudrait donc faire en sorte qu’ils soient affaiblis pour que les négociations puissent aboutir. En même temps, l’administration américaine adopte officiellement avec la Syrie une politique d‘interventionnisme « soft », préférant laisser d’autres pays occidentaux en tête de ligne. C’est ainsi que le secrétaire d’État américain John Kerry a entamé sa première tournée internationale par la Grande-Bretagne, laissant ainsi entendre que celle-ci est désormais chargée de gérer au quotidien la crise syrienne. D’ailleurs, selon des articles publiés dans la presse britannique, des agents du M6 (les services secrets britanniques) seraient en train d’entraîner l’opposition pour l’aider à mener une opération d’envergure contre le régime. Une telle opération serait donc en préparation et devrait intervenir dans un proche avenir. Toujours selon le diplomate des Brics, les États-Unis ne souhaiteraient certes pas une victoire des extrémistes en Syrie, mais une chute en douceur du régime, c’est-à-dire permettre au chef de la Coalition syrienne Ahmad Moaz al-Khatib de dialoguer avec des représentants du régime sur la base du départ d’Assad. Mais pour cela, il faudrait pouvoir porter un coup fatal aux forces qui lui sont restées loyales. Ce qui n’est pas encore le cas. C’est pourquoi, actuellement, les efforts en vue d’unifier l’opposition et de la pousser à former un gouvernement en exil, tout en la fournissant en armes et en moyens divers pour lui permettre de marquer une percée sur le terrain, constituent essentiellement des moyens de pression sur le régime.
L’ironie du sort veut, ajoute la même source, que le même Bachar el-Assad, qui avait refusé une demande de l’ancien secrétaire d’État américain Colin Powell de cesser d’envoyer des combattants islamistes en Irak en 2003-2004, voit aujourd’hui son pays devenir une terre d’accueil pour tous les combattants islamistes de la planète. Il est contraint de les combattre et s’il faut en croire les médias du régime, il serait en train de les tuer par centaines. Certains d’entre eux trouvent même refuge au Liban, alors que les responsables du pays continuent de faire la politique de l’autruche...
En résumé, la situation se résume aujourd’hui comme suit : l’opposition est dopée par la communauté internationale, par la Ligue arabe, Qatar et Arabie saoudite en tête, et la Turquie pour mener des opérations militaires victorieuses sur le terrain, alors que les Iraniens, appuyés par les Russes, aident le régime à tenir. En parallèle, les Américains et les Russes s’apprêtent à dialoguer. Mais, toujours selon la source des Brics, si l’offensive attendue de l’opposition ne donne pas de résultats concrets, il y a de fortes chances que le dialogue ne soit pas non plus décisif. À ce stade, les États-Unis préféreraient prolonger la crise syrienne plutôt que de céder, d’autant qu’une telle prolongation use à la fois le régime syrien et son allié iranien, tout en aboutissant à la destruction systématique d’un pays qui a représenté un obstacle à l’application de la politique américaine dans la région.
En même temps, cette prolongation commence à devenir inquiétante pour le Hezbollah qui fait de son mieux pour éviter d’être entraîné dans des affrontements internes, mais se voit de plus en plus poussé dans ses derniers retranchements. Le Hezbollah est ainsi désormais directement mis en cause dans le conflit syrien, il est encerclé par le TSL et les accusations internationales qui pleuvent sur lui. Il doit aussi affronter les accusations communautaires lancées contre lui par certaines figures sunnites libanaises et il est paralysé par l’existence d’un « noyau centriste » au gouvernement. Si la crise syrienne dure encore longtemps, pourra-t-il surmonter toutes ces difficultés ?
La situation en Syrie, et au Liban, étant encore confuse et la visibilité difficile, les parties libanaises préfèrent donc apparemment gagner du temps sur le plan de la loi électorale. Toutes les options sont donc encore possibles : un accord de dernière minute, la tenue des élections sur la base d’une nouvelle loi qui ne fait pas l’unanimité, la tenue des élections sur la base de la loi actuelle ou enfin le report qui reste, au fond, le choix préféré d’une grande partie de la classe politique...
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Pour en finir avec le Hezb, le complot est de l'engager dans une guerre avec les extrémistes et terroristes déjà sur place dans le pays voisin, chose déjà faite, avec en vue de franchir les frontières pour se mesurer au Hezb en terre libanaise, et ultimement le pousser dans une guerre civile locale où les extrémistes participeraient. Si le Hezb se laissera entraîner localement dans une guerre civile, et même s'il en sortira vainqueur, il signera sa FIN... Mais les Catastrophes énormes et les carnages n'auront rien à envier à ce qui se passe à côté. LE DIALOGUE EST UNE SUPER URGENCE !
15 h 56, le 11 mars 2013