Seul un tableau contraste avec l’atmosphère régnante de l’exposition – intitulé N’avoir peur de rien d’autre que soi – dans lequel un lapin se fait porter par un vieux cochon et où l’on perçoit une grande tendresse se manifester entre générations.
Explorant la condition sociale, selon qu’elle soit «dépouillée de plumes» ou «sans emploi» (huiles sur toile), ou encore avantageuse, comme dans L’homme chef (crayon sur papier), Mohammad s’intéresse aussi à l’enseignement, illustré par un âne, dans son tableau Éducation.
Parmi ses autres champs de bataille, la paresse dans Double engourdissement, mais aussi l’emprisonnement vestimentaire dans Holiday in Guantanamo, où il critique l’uniformisation de l’habillement en prison qui se retrouve dans les habitudes ancrées et abrutissantes du quotidien. Dans la ligne de mire de ce qu’il considère comme un pamphlet politique, l’attaque de la surveillance exagérée des autorités syriennes, dans sa peinture au pastel Quatre yeux.
Un parcours atypique
Vocation tardive, c’est à 20 ans que Mohammad prend pour la première fois le pinceau. Et c’est dans une galerie à Damas qu’il se découvre une attirance pour le dessin. Le jeune homme décide de s’inscrire à la faculté d’arts de Damas. «Au départ, je me suis consacré au portrait. En 2012, j’ai entamé le premier volet du projet “Est-ce que tu me connais?”, rebaptisé “Ne sommes-nous pas humains?”» précise-t-il.
La révolution syrienne a été un élément déclencheur. «J’ai dessiné des tas de moutons dont l’un se distinguait par son accoutrement rouge, une caricature de la situation politique en Syrie», explique Mohammad, qui poursuit: «Après ce premier tableau, j’ai voulu réaliser un projet plus complet et développer mon idée en y intégrant des sculptures et des collages.»
S’ensuivent d’autres animaux et d’autres critiques qui fusent au rythme de la guerre, mais aussi de l’exil.
Maya SOURATI