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Mohammad Abbas, le peintre des animaux aux expressions humaines

Le jeune artiste syrien, établi au Liban depuis quatre mois, expose le premier volet de son exposition « Are we not Humans » à la galerie Artlab, du 21 février au 16 mars.

Si Mohammad Abbas, peintre de 29 ans, affirme que son œuvre est politique, un premier regard sur son travail en donne une toute autre interprétation. Là où l’art exerce une certaine fascination, l’analyse rationnelle se tait, dominée par l’admiration de tableaux qui, d’emblée, suscitent un trouble hypnotisant. Mettant en scène des animaux aux expressions humaines, Mohammad peint sur un fond gris pour «exprimer le vide». Des hiboux, des lapins, des chèvres, des crapauds, des cochons ou des ânes. Présentés en solo ou en groupe, une grande solitude se dégage de leurs traits et de leurs regards dévisageant l’observateur. Troublants, ils le sont aussi par la tristesse et par les différentes facettes des expressions humaines reproduites.
Seul un tableau contraste avec l’atmosphère régnante de l’exposition – intitulé N’avoir peur de rien d’autre que soi – dans lequel un lapin se fait porter par un vieux cochon et où l’on perçoit une grande tendresse se manifester entre générations.
Explorant la condition sociale, selon qu’elle soit «dépouillée de plumes» ou «sans emploi» (huiles sur toile), ou encore avantageuse, comme dans L’homme chef (crayon sur papier), Mohammad s’intéresse aussi à l’enseignement, illustré par un âne, dans son tableau Éducation.
Parmi ses autres champs de bataille, la paresse dans Double engourdissement, mais aussi l’emprisonnement vestimentaire dans Holiday in Guantanamo, où il critique l’uniformisation de l’habillement en prison qui se retrouve dans les habitudes ancrées et abrutissantes du quotidien. Dans la ligne de mire de ce qu’il considère comme un pamphlet politique, l’attaque de la surveillance exagérée des autorités syriennes, dans sa peinture au pastel Quatre yeux.

Un parcours atypique
Vocation tardive, c’est à 20 ans que Mohammad prend pour la première fois le pinceau. Et c’est dans une galerie à Damas qu’il se découvre une attirance pour le dessin. Le jeune homme décide de s’inscrire à la faculté d’arts de Damas. «Au départ, je me suis consacré au portrait. En 2012, j’ai entamé le premier volet du projet “Est-ce que tu me connais?”, rebaptisé “Ne sommes-nous pas humains?”» précise-t-il.
La révolution syrienne a été un élément déclencheur. «J’ai dessiné des tas de moutons dont l’un se distinguait par son accoutrement rouge, une caricature de la situation politique en Syrie», explique Mohammad, qui poursuit: «Après ce premier tableau, j’ai voulu réaliser un projet plus complet et développer mon idée en y intégrant des sculptures et des collages.»
S’ensuivent d’autres animaux et d’autres critiques qui fusent au rythme de la guerre, mais aussi de l’exil.

Maya SOURATI
Si Mohammad Abbas, peintre de 29 ans, affirme que son œuvre est politique, un premier regard sur son travail en donne une toute autre interprétation. Là où l’art exerce une certaine fascination, l’analyse rationnelle se tait, dominée par l’admiration de tableaux qui, d’emblée, suscitent un trouble hypnotisant. Mettant en scène des animaux aux expressions humaines, Mohammad peint...
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