C’est « à un moment de risques accrus sur plusieurs fronts au Moyen Orient » que le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni hier pour débattre de la situation régionale. Dans son exposé devant le Conseil, Jeffrey Feltman, secrétaire général adjoint pour les Affaires politiques de l’ONU, a mis en exergue les « développements dans la région », indiquant que la situation en Syrie « continue d’être une source de vive préoccupation pour les Nations unies. » Il n’a pas manqué de soulever « l’inquiétude » de la communauté internationale quant à « l’impact » de la situation en Syrie sur le Liban.
« Si la situation générale au Liban est restée stable, les tensions ont toutefois augmenté dans les zones frontalières du Nord-Est, » a-t-il déclaré. Et d’ajouter que « l’opération menée le 1er février par l’armée libanaise à proximité de Ersal, qui a fait plusieurs victimes, a entraîné la mort d’un homme recherché pour terrorisme et de deux soldats de l’armée libanaise ». Il a noté que les « tensions ont de nouveau augmenté, les 16 et 22 février, en raison des rapports de coopération transfrontalière, des bombardements, de la mort de combattants du Hezbollah et des menaces d’escalade ». Le 24 février, d’autres combats ont eu lieu le long de la frontière, provoquant la réaction publique du président Michel Sleiman qui a souligné la nécessité d’un engagement continu de la distanciation de la politique du Liban et a appelé la partie syrienne à s’abstenir de tirer des missiles en direction du Liban. Les Nations unies craignent que le Liban soit aspiré dans la guerre civile en Syrie, qui va bientôt entrer dans sa troisième année.
Dans ce cadre, M. Feltman a présenté mardi une « image effrayante » du conflit syrien qui a fait près de 70 000 morts depuis mars 2011. « La spirale militaire destructrice s’étend chaque jour un peu plus et menace d’entraîner dans le tourbillon les pays voisins, avant tout et de façon inquiétante le Liban », a dit Feltman au Conseil de sécurité.
Il a dénoncé les « aspects sectaires » de ce conflit et la présence en Syrie « de combattants étrangers et de groupes extrémistes », et a condamné l’attitude des Chabbiha, milice favorable au régime du président Bachar el-Assad.
« Il est regrettable de voir que les parties en conflit restent prisonnières d’une logique militaire qui ne peut qu’apporter plus de morts et de destructions, a poursuivi le responsable de l’ONU. Les deux camps ont commis des violations des droits de l’homme qui sont des crimes de guerre – même si les actes commis par les gouvernementaux sont bien plus nombreux que ceux commis par l’opposition. »
Vive « inquiétude »
L’ancien ambassadeur des États-Unis au Liban a aussi exprimé « l’inquiétude » de la communauté internationale au sujet de « toute action qui risque d’entraîner le Liban dans le sillage du conflit en Syrie ». « Les informations persistantes faisant état de transfert d’armes vers et à travers le Liban sont contraires aux obligations internationales », a-t-il martelé, tout en appelant « toutes les parties à respecter l’intégrité territoriale de la frontière et la souveraineté du Liban, ainsi que toutes les parties libanaises à honorer les engagements pris dans la Déclaration de Baabda, en juin 2012 ».
Soulevant l’affaire Samaha, Jeffrey Feltman a rappelé devant le Conseil que le tribunal libanais a émis, le 4 février, des mandats d’arrêt contre le général syrien Ali Mamlouk et un aide, dont le nom n’a pas été divulgué, pour leur implication présumée dans un complot terroriste au Liban avec l’ancien ministre libanais Michel Samaha. Le 20 février, un juge a émis des actes d’accusation contre les trois suspects, a-t-il indiqué.
Quant à la situation le long de la ligne bleue, le responsable de l’ONU a estimé qu’elle est « restée généralement calme ». Il a toutefois signalé « une augmentation » des violations israéliennes de l’espace aérien libanais, « notamment dans la perspective de la frappe aérienne en Syrie le 30 janvier dernier ». Il n’a pas manqué de rappeler que le secrétaire général a lancé un appel à « toutes les parties concernées à prévenir les tensions et escalades, et à respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté de tous les pays de la région ».
TSL et élections législatives
Soulevant la question du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), Jeffrey Feltamn a rappelé l’annonce du report de l’ouverture du procès, provisoirement prévu le 25 mars. Une nouvelle date provisoire devrait être bientôt arrêtée, a-t-il dit. « La huitième commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février, souligne la nécessité que justice soit faite pour les assassinats et dernières tentatives d’assassinat, y compris celles de l’an dernier ».
D’autre part, le consensus n’est pas encore atteint sur un projet de loi pour les élections législatives prévues en juin, a-t-il laissé entendre. Il a mis l’accent sur l’importance des « élections libres, justes et crédibles, dans les délais prévus, pour la stabilité du Liban et le progrès politique ». Il a invité toutes les parties à veiller à ce que les élections aient lieu « sur une base consensuelle dans le délai légal et constitutionnel ».
Le prochain rapport sur la mise en application de la résolution 1701 est attendu le 28 février.
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