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II- La peine de mort : des familles de victimes et un condamné témoignent

Jusqu’à quand la peine de mort hantera-t-elle nos législations et notre conscience ?

La société n’est que le reflet de ce que nous sommes, des comportements des individus, qu’ils soient barbares ou civilisés. La peine de mort, ou plus exactement la peur de la mort, n’a pas vraiment réussi à contenir les réactions passionnelles. Victor Hugo l’a bien dit : « Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine ; partout où la peine de mort est rare, la civilisation règne. »
La peine capitale n’a ni enrayé les crimes ni dissuadé les criminels. Et l’évolution des civilisations n’a pas transformé l’homme. L’homme pécheur est tiraillé entre le mal et le bien : un bien loin d’être toujours vainqueur. Cruelle, barbare, dégradante, la peine de mort affecte non seulement le prisonnier, mais également tout son environnement : sa famille, les gardiens de prison, le personnel de santé. Des juges, des procureurs, des hauts responsables sont confrontés à de terribles dilemmes si la sentence est contraire à leur conviction. Les bourreaux chargés de procéder à l’exécution sont éprouvés, voire même traumatisés.
Éliminer une vie ! Rien ne saurait justifier la cruauté d’une telle sentence, quelles que soient l’horreur et l’atrocité du crime. Dieu, seul créateur, donne la vie et choisit l’heure de la prendre.
Mais qu’est-ce que la vie et la mort ? La définition ne se trouve pas dans un texte de loi. Le mystère de la vie et de la mort tient du sacré. Elles ne peuvent ni être violées ni relever du droit positif. La suppression d’une « âme » dépasse les règles sociales « dissuasives » et les pouvoirs de l’État. Un texte juridique légalisant la peine de mort n’est que l’expression « civilisée » d’une société vengeresse. Un jugement rendant cette même peine n’est que le « symbole » de l’esprit du Talion. N’est-il pas temps d’abolir cette peine de notre législation ? De l’abolir dans un monde qui renonce de plus en plus, lentement mais sûrement, aux exécutions judiciaires ?
Il est grand temps, pour atteindre cet objectif, de réclamer d’abord des ressources plus efficaces dans la lutte contre les crimes violents, des mesures de sécurité plus rassurantes pour notre société, traduites par l’exigence d’une réforme stricte des prisons et du système pénitentiaire, par des sanctions fermes, pouvant remplacer la peine de mort. L’exécution a un effet passager contrairement à l’emprisonnement à vie qui est un puissant moyen de dissuasion. La prison à perpétuité avec des travaux forcés, mais la vraie prison dont on ne sort jamais, l’enfermement incompressible, sans espoir de libération, seraient sûrement un châtiment moins clément qu’une mort brutale. Le Liban réussira-t-il à relever ce défi ?
Selon une étude récente, la majorité des Libanais n’a pas confiance dans le système judiciaire, tant il est vrai que les abus et les dénis de justice sont nombreux. Si l’on réussit à convaincre les politiques de la nécessité d’abolir la peine capitale, qu’en est-il de l’opinion publique souvent effrayée par la perspective de récidive ou d’évasion des criminels ? Le combat est encore à poursuivre, pour que la société libanaise mieux préparée, plus confiante, aille dans le sens de l’abolition universelle, pour que le droit et la justice l’emportent sur la démagogie, pour que militants ou non, concernés ou pas, œuvrent pour le respect de la dignité humaine et pour que le « rêve » d’aujourd’hui devienne la réalité de demain. Combat enfin pour le respect de la vie, qui doit être le combat de chacun.

M.A.F.
La société n’est que le reflet de ce que nous sommes, des comportements des individus, qu’ils soient barbares ou civilisés. La peine de mort, ou plus exactement la peur de la mort, n’a pas vraiment réussi à contenir les réactions passionnelles. Victor Hugo l’a bien dit : « Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine ; partout où la peine de mort...