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Moyen Orient et Monde

Le calice disparu et la sacristie fouillée

Les bibles n’ont pas bougé de leur présentoir de bois sculpté. Sur l’autel, des chandeliers ont été renversés. À l’image de son église, le village chrétien d’al-Yacoubiyé a échappé aux destructions de la guerre, mais pas aux rapines de la soldatesque. Le long de l’avenue principale de ce bourg agricole de la province d’Idleb, un vieux cimetière aux croix de pierre annonce l’Église apostolique arménienne. La porte est ouverte aux quatre vents. Le où les visiteurs cherchaient à l’évidence des objets de valeur. Sous un portrait bienveillant de la Vierge Marie, le calice a disparu du tabernacle entrebâillé. Le chœur et la sacristie ont été fouillés.
Dans la montagne verdoyante qui surplombe la vallée de l’Oronte, al-Yacoubiyé est tombé il y a deux semaines aux mains des rebelles. Les combats ont duré plusieurs jours autour d’une position fortifiée de l’armée à l’entrée du village, avant que les militaires ne se retirent vers Jisr al-Choughour, plus au sud. Les soldats ont ainsi épargné au hameau chrétien une bataille de rue qui l’aurait inévitablement transformé en champ de ruines.
Seuls quelques hommes, une poignée de personnes âgées, et un prêtre catholique sont restés pendant les affrontements. « Près de 600 personnes vivent ici en hiver », précise Georges, retraité à épaisse moustache, dont la famille est enracinée ici « depuis mille ans ». Dans une région majoritairement musulmane sunnite, ce village de paysans, « moitié arménien, moitié catholique », sert de villégiature d’été à des chrétiens d’Alep, la grande métropole du Nord. « Chrétiens et musulmans vivent ici en frères depuis des siècles », insiste Georges.
Jusqu’à leur départ précipité, les forces loyalistes avaient pris leur quartier dans le jardin de l’autre église arménienne, avec chars et blindés. Les soldats n’ont pas pénétré dans l’église elle-même, toujours fermée, mais le parvis n’est plus qu’un dépotoir à ciel ouvert de sacs de sable, chiffons souillés, restes de popotes et autres immondices.
Des familles sont déjà discrètement revenues, certaines malheureusement pour découvrir que leur maison avait été cambriolée.
Les bibles n’ont pas bougé de leur présentoir de bois sculpté. Sur l’autel, des chandeliers ont été renversés. À l’image de son église, le village chrétien d’al-Yacoubiyé a échappé aux destructions de la guerre, mais pas aux rapines de la soldatesque. Le long de l’avenue principale de ce bourg agricole de la province d’Idleb, un vieux cimetière aux croix de...
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