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Nos Lecteurs ont la Parole

Hiver islamiste ou transition démocratique?

Ibrahim TABET
La guerre actuelle au Mali survenant après celle d’Afghanistan accrédite-t-elle sinon la thèse du choc des civilisations, du moins celle d’une quatrième guerre mondiale contre le terrorisme islamiste qui aurait débuté un certain 11 septembre 2001? Le jihad disposera-t-il d’une nouvelle assise territoriale en Syrie et les talibans reprendront-ils le pouvoir à Kaboul? L’islamophobie est-elle appelée à se renforcer en Europe en réaction à la perception de la part d’une large frange de son opinion de l’existence d’un menace islamique contre ses valeurs et son mode de vie? L’émergence de l’islamisme politique représente-t-elle un danger pour les communautés chrétiennes et les autres minorités d’Orient? L’essor du communautarisme menace-t-il certains pays de la région de fragmentation? S’il est difficile de répondre de manière tranchée à ces interrogations, on ne peut en revanche s’empêcher de penser que l’avenir immédiat de la région Afrique du Nord – Proche-Orient paraît bien sombre.
Un hiver islamiste a succédé au printemps arabe depuis l’accession au pouvoir des partis se réclamant de l’islam politique en Égypte, en Tunisie et en Libye. Décevant les aspirations de démocratisation suscités par le renversement des régimes en place, ils font preuve du même autoritarisme et du même niveau de corruption. Indépendamment de la crise économique et sociale qu’ils sont bien incapables de résoudre, leur idéologie ne peut qu’augurer une longue traversée du désert faite d’obscurantisme, de régression culturelle, d’entraves aux libertés individuelles et d’atteintes au statut des femmes dans ces pays. Sans compter l’aggravation des discriminations à l’égard de la communauté copte. Il n’est pas étonnant dans ce contexte qu’une partie très importante des Égyptiens ait le sentiment de s’être fait confisquer sa révolution et se soulève de nouveau. Si ce soulèvement ne peut qu’aggraver l’instabilité que connaît le pays depuis le déclanchement de la révolution, il prouve au moins que les peuples arabes ne sont plus disposés à supporter passivement le despotisme et que les forces laïques n’ont pas dit leur dernier mot en Égypte. L’histoire a montré que les périodes postrévolutionnaires sont le plus souvent émaillées de grandes difficultés et de retours en arrière, et que les transitions démocratiques prennent parfois des décennies. Il faut espérer que ce sera le cas au bout du compte. Autrement, après l’échec de la Nahda, du nationalisme arabe et des expériences socialo-militaires, le monde arabo-musulman ratera une nouvelle fois le coche de l’histoire.
Bien pire en comparaison est le sort tragique de la Syrie où aucune solution politique ne semble pour le moment poindre à l’horizon. Certes, certains milieux de l’opposition civile à l’étranger commencent à réaliser qu’une victoire militaire est impossible. Mais trop de sang a été versé pour que celle-ci accepte de dialoguer avec un président qu’elle estime de toute façon condamné à terme, et à supposer que ce soit le cas, il est douteux que les combattants sur le terrain la suivent sur cette voie. On peut aussi se demander si ses soutiens occidentaux, et surtout turc et arabes, ne sont pas plus soucieux d’affaiblir l’axe Téhéran-Damas que d’établir une démocratie à laquelle plus personne ne croit. Et, s’agissant du Qatar et de l’Arabie saoudite, d’évincer au profit des sunnites le régime alaouite honni, contrebalançant ainsi la domination chiite en Irak. Reste donc deux scénarios aussi cataclysmiques l’un que l’autre. Le moins probable du fait de l’équilibre des forces militaires serait une victoire militaire d’une opposition de plus en plus dominée par son aile islamiste radicale; issue qui entraînerait de sanglantes représailles contre la communauté alaouite, sans compter, l’expérience irakienne le laisse craindre, le risque que la minorité chrétienne ne fasse les frais de ce règlement de comptes. D’où les réticences grandissantes de l’Occident, instruit par les conséquences désastreuses de l’intervention militaire en Libye, à soutenir militairement l’opposition. Quant au second scénario – la prolongation pendant des années du conflit -, il entraînerait un effondrement de l’État, une partition de facto du pays en cantons alaouite, kurde, sunnite et druze, une fragmentation des régions contrôlées par l’opposition en minifiefs rivaux, la ruine de la Syrie et une augmentation intolérable du nombre de victimes et de réfugiés.
Il ne faut pas écarter non plus le risque de débordement du conflit sur les voisins de la Syrie. En particulier l’Irak qui connaît une recrudescence de la violence et où les sunnites enhardis par la perspective de la prise de pouvoir de leurs coreligionnaires en Syrie sont de moins en moins enclins à accepter leur marginalisation. Si on ajoute à ces facteurs négatifs le clivage sunnite-chiite, la montée du salafisme sunnite généreusement financé par les pétrodollars saoudiens et qataris, et le dossier potentiellement explosif du nucléaire iranien, les motifs de pessimisme ne manquent pas.
Le Liban parviendra-t-il à tirer son épingle du jeu et surtout à éviter les répercussions internes du conflit syrien? Sans préjuger de ce qui adviendrait en cas d’éclatement ou de changement de régime en Syrie, et malgré quelques dérapages verbaux et sécuritaires, surtout à Tripoli, c’est heureusement le cas jusqu’à maintenant pour plusieurs raisons: la diminution du pouvoir de nuisance du régime syrien, en dépit de l’assassinat du général Wissam el-Hassan; la volonté internationale de préserver la stabilité du pays; la sagesse du président de la République. Et, il faut
l’admettre, l’habileté du Hezbollah, conscient qu’il n’a aucun intérêt à se laisser entraîner dans une confrontation avec ses adversaires dans la conjoncture présente. Enfin, bien que reflétant la profonde amertume de la rue sunnite, la portée limitée des gesticulations de cheikh Ahmad el-Assir. Quant à la crainte des chrétiens de se voir de plus en plus marginalisés et à leur peur légitime face à la montée du fondamentalisme musulman, elle ne justifie en rien la tentation de replis sur soi qui gagne de l’ampleur en leur sein. Comme le préconise l’Exhortation apostolique, le meilleur rempart contre ce fondamentalisme est une collaboration avec la majorité des musulmans qui le rejette autant qu’eux. C’est pourquoi le projet rétrograde de loi électorale dit «orthodoxe» prôné par la plupart de leurs dirigeants politiques pour des raisons démagogiques serait la pire des solutions pour eux et pour le Liban. L’élection par chaque communauté de ses propres députés ne peut en effet qu’entraîner le recul des partis transcommunautaires au profit des représentants les plus radicaux de leurs communautés respectives. Si elle n’ouvre pas la voie à la partition comme l’accusent certains, elle ne fait que refléter l’essor mondial du communautarisme et du recours au religieux à des fins politiques dont le Liban est un des modèles les plus accomplis.

Ibrahim TABET
La guerre actuelle au Mali survenant après celle d’Afghanistan accrédite-t-elle sinon la thèse du choc des civilisations, du moins celle d’une quatrième guerre mondiale contre le terrorisme islamiste qui aurait débuté un certain 11 septembre 2001? Le jihad disposera-t-il d’une nouvelle assise territoriale en Syrie et les talibans reprendront-ils le pouvoir à Kaboul? L’islamophobie...

commentaires (1)

Rigolo,cet article...très sérieux en fait.Mais il passe à côté de l'essentiel...ce n'est pas guerre des boutons,c'est la guerre des cons...le con créateur de l'islamisme radical,j'ai cité l'occident et plus précisément les US,et les cons divers et variés, créatures devenues autonomes des susdits,j'ai cité les islamistes de tous poils et de toutes couleurs...c'est ballot,hein?Et tout çà a commencé à Neauphle le Chateau..et avec les sisters,très fâchées que Shah décide de prendre une certaine autonomie...et dire que l'Iran mollahiste fait presque figure de modéré maintenant dans cette résurgence de l'islam "conquérant"...ils sont bêtes,hein,ces occidentaux...

GEDEON Christian

04 h 53, le 05 février 2013

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Commentaires (1)

  • Rigolo,cet article...très sérieux en fait.Mais il passe à côté de l'essentiel...ce n'est pas guerre des boutons,c'est la guerre des cons...le con créateur de l'islamisme radical,j'ai cité l'occident et plus précisément les US,et les cons divers et variés, créatures devenues autonomes des susdits,j'ai cité les islamistes de tous poils et de toutes couleurs...c'est ballot,hein?Et tout çà a commencé à Neauphle le Chateau..et avec les sisters,très fâchées que Shah décide de prendre une certaine autonomie...et dire que l'Iran mollahiste fait presque figure de modéré maintenant dans cette résurgence de l'islam "conquérant"...ils sont bêtes,hein,ces occidentaux...

    GEDEON Christian

    04 h 53, le 05 février 2013

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