Ce serait reconnaître que l’épouvantail de l’islamisme radical, agité depuis des années par le président syrien, s’est avéré une carte payante alors même que l’Occident est confronté collectivement au terrorisme « qaëdiste », celui-là même qui tente de se frayer un chemin au détriment d’une rébellion authentique issue du peuple syrien.
Pour être encore plus précis, les questions fondamentales, en ce début d’année, sont les suivantes : qui de l’hydre islamiste ou du tyran baassiste doit être abattu en priorité ? La chute du président syrien ouvrira-t-elle la voie à une prolifération du cancer jihadiste, à sa possible extension au-delà des frontières, vers la Jordanie ou le Liban ?
La Turquie et même les pays du Golfe, comme le Qatar et l’Arabie saoudite, peuvent-ils aller plus loin dans leur appui à la rébellion, sunnite par essence, alors que les salafistes, eux-mêmes, sont pris de vitesse par les plus extrémistes d’entre eux ?
La presse officielle à Damas a beau jeu d’ironiser, aujourd’hui, sur l’engagement des pays occidentaux contre les islamistes en Afrique alors qu’ils soutiennent en même temps une rébellion syrienne « phagocitée par la Qaëda » aux dires des thuriféraires du régime baassiste.
Il est vrai que l’entrée en scène de l’armée française au Mali, un pays dépecé par diverses organisations jihadistes, la bataille menée contre l’AQMI, avorton de la Qaëda de Ben Laden, et enfin la prise d’otages sanglante en Algérie conduite par d’autres fous de Dieu ont accru les craintes liées à la menace islamiste et inversé, dans certains cas, l’ordre des priorités.
Mais l’erreur, la grande erreur, serait bien sûr d’en tirer des conclusions hâtives quant à la situation en Syrie et au rôle joué par les jihadistes dans ce pays. Pour rappel seulement : la révolte dure depuis presque deux ans déjà, elle a été initiée par la société civile, par tous ceux qui ployaient sous la plus abjecte des tyrannies, elle s’est positionnée dans la continuité du printemps arabe, une vague populaire qui a déjà renversé de leurs piédestaux plus d’un dictateur arabe.
Si les jihadistes sont parvenus, deux ans plus tard, à se faire une place au soleil de la rébellion, c’est qu’entre-temps, 60 000 martyrs sont tombés, que les exactions du régime ont atteint un seuil intolérable et que face à la barbarie surgit, inévitablement, une contre-barbarie. Plus vite Bachar el-Assad sera, alors, neutralisé, plus vite s’effectuera le retour à la normalité révolutionnaire, celle issue du printemps arabe.
Attention donc aux amalgames : le Mali n’est pas la Syrie, les terroristes d’AQMI n’ont rien à voir avec les salafistes d’al-Nosra et ce n’est certainement pas Bachar el-Assad qui débarrassera le pays de la percée islamiste, celle-là même qu’il appelle aujourd’hui de ses vœux pour garantir sa propre survie...
...et prolonger le calvaire de son peuple.
Oui tout est probable . L’Occident confronté collectivement au terrorisme et entre qaëdiste et assadiste il a bien sûr opté pour le second Mal en attendant de jours meilleurs . Nazira.A.Sabbagha
09 h 21, le 21 janvier 2013