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Poker menteur

Dire qu’on est en plein bazar serait un euphémisme absolu : Ubu est probablement né au Liban et entre fiction et réalité les repères se perdent, les certitudes disparaissent. « C’est la faute à notre ADN », allèguent les âmes charitables, un défaut de fabrication, une fatalité qui resurgit en période préélectorale, qui se fait pressante quand il s’agit alors de solliciter les voix indécises.
« Pure calomnie », serait-on tenté de répondre, mais quand on assiste au spectacle ubuesque de nos politiciens s’échinant à défendre, aujourd’hui, les programmes qu’ils critiquaient la veille, à renflouer, en soirée, les plans qu’ils avaient voués aux gémonies le matin même, ce n’est plus de bazar qu’il s’agit mais d’une vaste supercherie à laquelle les citoyens sont invités à souscrire.
De démagogie en populisme, de caresses dans le sens du poil en stimulation des réflexes confessionnels, c’est toute la classe politique qui fonce dans la brèche ouverte, qui se livre à des surenchères pathétiques, « l’intérêt supérieur des chrétiens prévalant sur toute autre considération... »
Le Hezbollah chiite, lui-même, se met de la partie, se pose en défenseur acharné des « droits chrétiens » et, subrepticement, en toute orthodoxie, on passe alors du confessionnalisme au communautarisme, on pave progressivement la voie à toutes les dérives, à toutes les revendications, de la remise en question de l’accord de Taëf à l’imposition de la formule des « trois tiers ».
Brouillées les cartes ? Elles le sont autant dans les rangs du 14 Mars que dans celles du 8 et ceux qui se disent conséquents avec leurs convictions intimes sont probablement les plus menteurs...
Désolant spectacle qui met à mal plus d’une personnalité, plus d’un courant politique, un exhibitionnisme scandaleux qui confirme que la défense des droits communautaires n’est qu’un prétexte pour se positionner au premier rang dans la quête désespérée, et ô combien désespérante, du suffrage populaire...
Le projet dit orthodoxe aura eu pour résultat immédiat de faire des alliés d’hier les adversaires d’aujourd’hui et, si on n’y prend garde, les ennemis de demain. Perturbation dans les rangs chrétiens, frustration dans le camp sunnite, colère du côté druze : les chiites, eux, tirent leur épingle du jeu et le Hezbollah a beau jeu de claironner qu’il applique à la lettre le document d’entente signé avec le Courant patriotique libre...
De manœuvres en contre-manœuvres, de pièges en contre-pièges, l’échéance électorale prime désormais sur toute autre préoccupation. Mais n’imaginez surtout pas que les intérêts et besoins essentiels du citoyen seront oubliés : vous les entendrez tous les jours, nos braves politiciens, clamer haut et fort leur souci du bien-être des Libanais, leur volonté de lutter contre les magouilles et autres formes de corruption. Cela dure depuis des décennies et leur enthousiasme ne s’est toujours pas émoussé !
Lors d’une récente intervention, place de l’Étoile, Samy Gemayel s’était demandé, ingénument, comment les citoyens n’avaient pas encore réussi à embarquer tous les parlementaires dans un navire pour les expédier outre-mer !
C’est oublier que la plupart de nos hommes politiques ont façonné leur clientèle électorale à leur image...Quant aux autres Libanais, ceux qui ont échappé au matraquage confessionnel, il y a longtemps qu’ils ont rangé leurs espoirs de changement dans les placards de l’amnésie.
Dire qu’on est en plein bazar serait un euphémisme absolu : Ubu est probablement né au Liban et entre fiction et réalité les repères se perdent, les certitudes disparaissent. « C’est la faute à notre ADN », allèguent les âmes charitables, un défaut de fabrication, une fatalité qui resurgit en période préélectorale, qui se fait pressante quand il s’agit alors de solliciter...
commentaires (6)

Merci Mr Aoun de traduire notre degout par des mots.J'ai l'impression qu'on nous oblige a voir la meme serie televisee qui n'a plus aucun sens, aucun suspense aucun interet, plate comme leur discours, mauvaise comme leur prestation.

Carla khaled

14 h 34, le 14 janvier 2013

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Commentaires (6)

  • Merci Mr Aoun de traduire notre degout par des mots.J'ai l'impression qu'on nous oblige a voir la meme serie televisee qui n'a plus aucun sens, aucun suspense aucun interet, plate comme leur discours, mauvaise comme leur prestation.

    Carla khaled

    14 h 34, le 14 janvier 2013

  • Touts les parlementaires dans un navire pour les expédier outre-mer serait la solution idéale et vivre sans parlement serai aussi fantastique dans un pays ou aucune loi ne s'applique et à titre d 'exemple la nouvelle loi des loyers car la majorité des députés sont locataires . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    07 h 10, le 14 janvier 2013

  • Devrait-on rester " DES SUIVISTES " pour autant ? Dans le contexte actuel où en sont les choses la loi dite Orthodoxe est la meilleure représentation de toutes les communautés. Dans l'attente " DU RENOUVEAU " LAÏC ou de tant d'autres solutions possibles...

    SAKR LEBNAN

    02 h 32, le 14 janvier 2013

  • Que les lecteurs veuillent bien ne pas comprendre que je suis en train de défendre la loi électorale de 1960, mais l'élaboration d'une loi qui assure la représentativité et convienne à toutes les parties.

    Halim Abou Chacra

    00 h 12, le 14 janvier 2013

  • "Poker menteur" et cynique ! En 2008, après la "mise du train sur la bonne voie" par le Hezbollah, à travers son agression "glorieuse" (!!!) contre Beyrouth-Ouest et la montagne, suivie de "l'accord de Doha" accepté par les naives têtes du 14 Mars, le général Aoun revient triomphant et fait sa déclaration pompeuse : "(Moi leur Sauveur) j'ai récupéré aux chrétiens leurs droits à élire leurs représentants au Parlement, à travers la loi électorale de 1960". Hier encore le gendre-ministre Bassil : "Ceux qui refusent la loi électorale orthodoxe, qui réupère les droits des chrétiens à élire leurs représentants au Parlement, sont les plus grands traîtres (sic !). Y a-t-il un citoyen qui puisse expliquer encore ce revirement de 180 degrés de mon général ? La loi Ferzli dynamite l'essence et le sens du Liban, ceux-ci étant l'intégration de ses 18 communautés en une merveilleuse nation, exemple et modèle pour le monde en unité dans la diversité, une nation "message" en dira le pape Jean Paul II. Or la loi Ferzli : Liban aggolmération anarchique de confessions. Unité impossible ! N'en déplaise à M Ferzli, c'était et c'est bien la conception du Baas de Damas pour justifier sa tutelle exécrable sur ce pays. Peut-on imaginer ce que le grand martyr Gebran Tuéni aurait dit de cette loi ?

    Halim Abou Chacra

    23 h 51, le 13 janvier 2013

  • Certains "politiciens" tiennent encore le devant de la scène tous d’Électoralisme vêtus et porteurs de tous les Désespoirs ! Des types qui font et défont tant leurs amis que leurs ennemis, avec l'alacrité désordonnée de Brouillons pris dans un rituel infernal qui durerait éternellement si on ne l’arrête. Que grâce soit rendue aux Sains d’avoir averti, tard, que leur "politique?" Opportuniste sera Catastrophique pour tout Libanais Sain…. En effet, pour ces "politiciens", toute Réforme électorale ne serait qu’une simple variété "d’hygiénique" papier ! Ces Sains mêmes prophétisaient : "Le Populisme a de l'avenir; un jour on en fera des discours." ! Et le fait est que ces "politiciens" discoureurs inspirés semblent avoir un Goût invétéré pour la Lourdinguerie d’office poujado-simpliste, qui ne le cède en rien à ce qu'ils ont pour le Késchék, le Äadass/Lentilles, le Hommos ou mêêême le Bézér Laätîîîne ! Soit ; après tout c'est une affaire de "Goût" précisément ! Surmontant leur Dépit qu'ils aient décidé de ne plus les ouïr, les Sains ne résistent point à leur dédier une citation latine qu'ils affectionnent, espérant qu’ils la pigeront vu leurs Difficultés en "linguistique classique" dues à de Mauvaises fréquentations et/ou "éducations" politiques ! Citation dont ces Libanais ne se lassent point d'apprécier l'alacrité : "Cuicumque Pullamen bonum olet ou, à chacun son Poulain sent bon."....

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    21 h 49, le 13 janvier 2013

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