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Nos Lecteurs ont la Parole

Ziad Rahbani et les artistes : un concert de rêve

Christelle KIKANO

Le concert de Ziad Rahbani dans les derniers jours de l’année 2012 a eu droit à quelques critiques négatives concernant la planification de l’événement.
Ce n’est pas tout à fait faux, mais il faut avouer que pas mal de gens, moi incluse, attendaient cette chance de voir Ziad et de passer deux heures loin des soucis de la vie quotidienne, loin du chaos qui règne depuis pas mal de temps dans la région, loin aussi des fleurs presque fanées du printemps arabe... Oui, c’était simplement cet espoir qui animait les fans venus des quatre coins du Liban, sans oublier les expatriés ayant décidé de passer des vacances inoubliables grâce à ce concert.
Mais d’abord, laissez-moi parler du marketing de l’événement: quelques posts sur les réseaux sociaux, le bouche-à-oreille qui avait le plus grand effet, et une ou deux annonces passées à la télévision après l’épuisement des billets pour les deux premières journées (il y en eut trois).
Des billets épuisés, un artiste exceptionnel mais qui joue à cache-cache avec ses admirateurs depuis des années; et le public qui ne veut plus attendre pour rencontrer son musicien préféré.
Personnellement, je n’étais présente que le dernier jour, quand une dispute a éclaté. Elle a commencé quand Ziad est monté sur scène avec une heure et demie de retard, ce que le public n’a pas vraiment digéré. Mais tout se passait bien jusqu’au moment où un homme décida de hausser sa voix. La tension est montée quand Ziad ne s’est pas excusé, ce que le public n’a pas apprécié, et il s’est trouvé quelques-uns pour exprimer ce mécontentement. Mais, comme à son habitude, l’intéressé a réagi de la manière la plus polie et la plus convenable.
Mais soyons francs, Ziad est l’une des personnes qui ne laissent pas place à un troisième choix: on l’aime ou on ne l’aime pas. Alors même quitte à attendre jusqu’au lendemain, il ne fallait pas trop se plaindre, surtout que l’artiste a évoqué à l’adresse du public les raisons du retard: tout le monde n’était pas encore là, le temps nécessaire pour beaucoup pour se familiariser avec l’endroit, la mauvaise planification (oui, il l’a dit!).
Autre problème: l’exiguïté de la salle et la façon dont les chaises (en plastique, oui!) étaient disposées. C’est maintenant que je comprends l’allusion à la boîte à sardines employée fréquemment au Liban pour désigner des milieux étroits.
Mais oublions le brouhaha qui n’a fait que troubler l’humeur festive du public. Il reste que les personnes présentes ont passé deux heures de rêve, deux heures de pur bonheur, où la musique avait un goût presque amer. Je m’explique: entre les chansons et les morceaux de musique, des articles parus dans certains journaux ont été lus. Ils concernaient la politique bien évidemment, mais aussi la société et les conditions dominantes ces quelques derniers mois, ces dernières années, ces dernières décennies... Rien n’a changé, malheureusement. Les articles décrivaient la situation d’une manière ironique mais poignante, alarmante. Les articles concernaient la discrimination qu’on vit au Liban, même si on ne l’avoue pas, les droits des employés, l’émigration, les vains propos de quelques politiciens,...
Les chansons, elles, étaient variées, entre l’arabe (le pur libanais), l’anglais et le portugais puisqu’une des chanteuses est venue du Brésil spécialement pour animer ce concert: elle s’appelle Naïma et a dû préciser qu’au fond, elle est plus libanaise que brésilienne.
Il y avait aussi Manal Semaan, la voix qui en a fait tomber plus d’un sous son charme, une voix orientale qui a interprété Kifak enta originellement chantée par notre diva Feyrouz. Nous avons retenu notre souffle tout au long de la chanson, et savouré la délicatesse de sa voix et le sens de chaque expression. C’était émouvant.
Ziad, comme à son habitude, a prouvé à tout le monde qu’il fut, est et restera sans doute le meilleur organiste libanais. Il a donné la preuve de sa parfaite maîtrise de cet instrument. À le voir, à l’écouter, on finit par croire que lui et l’orgue ne font qu’un, tellement l’harmonie est parfaite.
La conclusion? Celui qui est resté jusqu’à la fin a pu juger que l’attente valait la peine: car enfin, ce n’est pas tous les jours qu’on peut assister à un tel concert...

Christelle KIKANO
Le concert de Ziad Rahbani dans les derniers jours de l’année 2012 a eu droit à quelques critiques négatives concernant la planification de l’événement.Ce n’est pas tout à fait faux, mais il faut avouer que pas mal de gens, moi incluse, attendaient cette chance de voir Ziad et de passer deux heures loin des soucis de la vie quotidienne, loin du chaos qui règne depuis pas mal de temps...

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