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Campus

« Mes priorités : la règlementation de l’enseignement supérieur »

Campus a rencontré le directeur général de l’Enseignement supérieur au Liban, le Dr Ahmad Jammal, dans son bureau au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Entretien.

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

Question – Quel état des lieux dressez-vous de l’enseignement supérieur au Liban ?
Réponse – Le Liban compte 120 000 étudiants universitaires dont 70 000 à l’UL. 80 % des étudiants libanais poursuivent leurs études dans les grandes universités, les 20 % restants fréquentent les nouveaux établissements.
Personnellement, je suis confiant quant à la qualité de l’enseignement supérieur au Liban. Nos diplômés sont très compétents. D’ailleurs, on peut évaluer le niveau des universités en analysant les résultats de leurs diplômés sur le marché du travail ou en mesurant les aptitudes de leurs étudiants à la poursuite d’études de deuxième ou de troisième cycle. Or les diplômés des universités libanaises poursuivent et réussissent des études supérieures à l’étranger. Ce que je déplore toutefois, c’est la création de branches régionales par certaines universités qui louent leur permis à des tiers sans aucun souci de qualité ou surveillance de leur part.

Quelles sont vos priorités d’action pour la nouvelle année ?
La réglementation de l’enseignement supérieur. Trois projets de lois sont déposés pour examen devant le Parlement. Le premier projet de loi, d’une grande importance, couvre tous les aspects de l’enseignement supérieur, des droits des étudiants aux droits des enseignants, en passant par l’évaluation des établissements d’enseignement supérieur, les diplômes et les sanctions. La loi actuelle, qui remonte à 1961, permet une reconnaissance définitive des diplômes. Cela ne sera plus possible dans la nouvelle loi, qui prévoit la création de commissions académiques spécialisées et une reconnaissance des diplômes limitée dans le temps.
Le deuxième projet de loi concerne l’assurance qualité de l’enseignement supérieur et la création d’une commission d’évaluation indépendante de la direction de l’Enseignement supérieur.
Enfin, le troisième projet de loi se rapporte à la structure de la direction de l’Enseignement supérieur. Depuis 2002, je suis l’unique fonctionnaire à la direction. J’ai certainement des assistants. Et nous nous appuyons sur une trentaine de fonctionnaires non affiliés à la direction. Une structure claire nous permettra d’embaucher notre personnel qui aura la possibilité de progresser et d’évoluer dans sa carrière.

Quelle place occupe l’étudiant dans vos priorités ?
L’étudiant est au centre de nos intérêts. Le projet de loi sur l’assurance qualité y est basé. Nous tenons à ce que les universités accompagnent leurs étudiants diplômés dans leur recherche d’emploi. Nous préconisons la création de bureaux de relations extérieures dans chacune des universités pour les rapprocher du monde professionnel. Et nous exigeons de l’établissement qui sollicite un permis pour un nouveau programme de spécialisation une preuve de la demande du marché de travail pour la nouvelle formation.
Je signale qu’au Liban, nous avons actuellement besoin de jeunes formés dans less domaines bancaire, touristique et de restauration. Le Liban a également besoin d’infirmiers.

Comment l’évaluation des universités est-elle réalisée par la direction de l’Enseignement supérieur ?
Suite à une plainte qui lui est adressée, la direction recourt à un comité technique composé de neuf professeurs universitaires expérimentés issus des grandes universités pour évaluer la situation. Dans l’état actuel des choses, on attend les plaintes pour faire une inspection. On ne peut pas être présent partout, tous les jours. La nouvelle loi, elle, prévoit la création de commissions spécialisées dans les 136 programmes d’études existants.
Suite à des inspections, nous avons fermé un établissement, obligé un autre à signer des contrats de travail avec ses enseignants et contraint un troisième à se trouver un bâtiment pour exercer ses fonctions. Cela étant dit, notre objectif n’est pas de fermer les établissements mais de trouver des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent et de les pousser à améliorer leur performance.
Au début, les universités montraient des signes d’appréhension envers nous. Mais nous avons réussi à développer et entretenir une relation de confiance avec elles. Nous respectons le secret professionnel à leur égard et faisons preuve d’un comportement éthique dans le traitement de leurs dossiers.

Comment expliquez-vous la floraison incontrôlée d’universités-boutiques ces dernières années ?
Lorsqu’une université présente une demande de licence, le comité technique analyse le dossier et remet un rapport détaillé au Conseil de l’enseignement supérieur. Malheureusement, ce dernier ne prend pas toujours en considération ce rapport. En 1999, des licences ont été délivrées pour 23 nouveaux établissements bien que 80 % des rapports étaient négatifs. À mon avis et bien que je sois membre du Conseil de l’enseignement supérieur, je trouve qu’il ne faut pas faire fi de l’avis du comité technique. Toutefois, il faut noter que certaines des institutions dont le rapport était négatif se sont améliorées et le contraire est vrai.
Pour essayer de remédier à cette situation, il y a une dizaine d’années, nous avons proposé au ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur de l’époque, Samir el-Jisr, d’imposer aux nouvelles universités l’obtention d’un second permis avant d’exercer, appelé « Moubachara », qui exige une inspection des campus. L’impact de cette initiative était très positif.

Propos recueillis par Roula AZAR DOUGLAS
Site web de la Direction de l’enseignement supérieur : www.higher-edu.gov.lb
Question – Quel état des lieux dressez-vous de l’enseignement supérieur au Liban ? Réponse – Le Liban compte 120 000 étudiants universitaires dont 70 000 à l’UL. 80 % des étudiants libanais poursuivent leurs études dans les grandes universités, les 20 % restants fréquentent les nouveaux établissements. Personnellement, je suis confiant quant à la qualité de...

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