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Hollande et Valls s’invitent au procès Trierweiler

Les deux hommes politiques ont envoyé des lettres au tribunal, suscitant les critiques de l’opposition qui a dénoncé des « pressions ».

Le président français, François Hollande. AFP PHOTO / POOL / DANIEL SANNUM-LAUTEN

Les avocats de la compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler, ont produit hier des lettres du président et du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, pour appuyer des poursuites contre un livre de deux journalistes. Valérie Trierweiler demande en effet 80 000 euros de dommages et intérêts pour « diffamation et atteinte à la vie privée » aux auteurs de La Frondeuse, Alix Bouilhaguet et Christophe Jakubyszyn, et 5 000 euros de frais de justice aux auteurs.
Une lettre manuscrite de François Hollande a été produite par ses défenseurs, concernant un passage du livre relatant que l’actuel chef de l’État aurait écrit à Patrick Devedjian, personnalité de la droite, en 1994, pour rencontrer le Premier ministre d’alors, Édouard Balladur. « Je tiens à dénoncer comme pure affabulation les passages du livre La Frondeuse concernant une prétendue lettre jamais écrite et donc jamais parvenue à son prétendu destinataire », lit-on dans la missive à en-tête manuscrit avec une adresse personnelle à Paris. « L’invention ne peut être un procédé dans un essai politique sauf à être présenté comme un roman », ajoute le président dans ce document, daté du 25 novembre.
Manuel Valls conteste de son côté avoir mis en doute l’avenir du couple Hollande-Trierweiler. « Les propos qui me sont prêtés dans ce livre sont souvent approximatifs, partiels et sortis de leur contexte », écrit-il sur papier à en-tête de son ministère. « Des propos portant sur des faits politiques ou des remarques à caractère personnel me sont attribués alors même que je ne les ai pas tenus. »


La défense de l’éditeur et des auteurs s’est déclarée stupéfaite de ces démarches qui constituent à ses yeux une pression du pouvoir exécutif sur la justice. « On sort l’arme nucléaire pour écraser une mouche », a dit en marge de l’audience Yves Derai, directeur des éditions du Moment qui a publié cet essai. À l’audience, les avocats de l’éditeur ont soulevé des arguments de procédure, estimant que Valérie Trierweiler n’avait pas visé de passage spécifique dans sa poursuite.


François Hollande avait promis durant la campagne présidentielle de ne pas mêler sa vie privée aux affaires de l’État. Son prédécesseur Nicolas Sarkozy avait été critiqué pour ses interventions dans des procédures judiciaires le concernant, comme par exemple celle de la manipulation Clearstream, où il était partie civile contre son rival Dominique de Villepin. Le chef de l’État est garant en France selon la Constitution de l’indépendance des magistrats et procède à leur nomination par décret. Toute intervention est considérée juridiquement comme une pression par les juristes.

Démarche « citoyenne »
De source proche du président de la République, on évoquait hier une démarche « individuelle, citoyenne et privée » de la part de François Hollande, « directement concerné » par cette affaire. « Tout se fait dans la transparence puisque la lettre a été transmise à la presse. On est à 10 000 lieues de quelconques voies de pression comme cela a pu se faire par le passé », a-t-on ajouté. Il n’y a pas de « pression », « puisqu’il n’est pas partie à la procédure », a renchéri l’avocate de Valérie Trierweiler, Me Frédérique Giffard. Il a « jugé bon » d’écrire « pour la pleine information de la justice ».


Bruno Beschizza, secrétaire national de l’UMP, a toutefois critiqué la démarche. « Ces deux courriers peuvent légitimement être considérés comme un moyen de pression tant sur le tribunal de grande instance de Paris que sur l’ensemble des journalistes couvrant l’événement », a-t-il écrit dans un communiqué. Le président proclamé de l’UMP Jean-François Copé a quant à lui estimé qu’une « brèche » avait été ouverte. « Je m’interroge sur les raisons qui ont pu conduire M. Hollande à donner tellement de leçons de morale à M. Sarkozy pendant le quinquennat précédent et à ne pas se les appliquer à lui-même », a-t-il dit lors d’un point de presse. Le Front national a aussi protesté. « C’est scandaleux. Je pense que la séparation des pouvoirs dans ce pays n’est pas respectée », a déclaré Gilbert Collard, député lié à ce parti.

 

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