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À La Une - Le point

« Bibi » et le boomerang onusien

Et s’il bluffait ? ... Ils sont nombreux, en Israël et ailleurs dans le monde, à penser qu’en confirmant vendredi dernier l’existence de projets prévoyant la construction de 3 000 logements en Cisjordanie, le Premier ministre israélien n’avait nullement l’intention de passer aux actes. D’ailleurs, ajoute-t-on, on chercherait en vain des traces de ces plans ; il s’agirait bel et bien d’une manœuvre entreprise à des fins électorales, à six semaines du 22 janvier, date prévue pour la consultation anticipée à laquelle le gouvernement a appelé.


Bien qu’attendue – l’immense majorité des États membres de l’ONU est acquise à la cause palestinienne –, l’admission par l’organisation internationale de la Palestine comme observateur aura représenté pour l’État hébreu une défaite d’autant plus lourde que le score final était sans appel : 138 contre 9. On attendait la riposte : elle est venue sous deux formes : d’abord la réactivation du nébuleux dossier E1, soit une superficie d’environ 1 200 hectares ; ensuite le gel de l’équivalent de 100 millions de dollars collectés par Tel-Aviv pour le compte de l’Autorité palestinienne.
La riposte à la riposte fut cinglante : pour la première fois dans l’histoire des rapports avec le reste du monde, les ambassadeurs israéliens étaient convoqués par les ministères des Affaires étrangères britannique, français, espagnol, suédois et danois qui leur signifiaient leur « préoccupation » et leur « désapprobation ». Voilà pour le langage diplomatique. En clair, laisse-t-on entendre dans deux au moins des cinq capitales concernées, les critiques ont été sévères et il aurait été question, un moment, du rappel des représentants des Cinq. Constat amer d’un diplomate israélien : « Jamais nous n’avons frôlé d’aussi près la crise. »


Dans un éditorial publié hier, le New York Times, évoquant « les erreurs de Nentanyahu », juge que le pas de clerc de celui-ci ne peut que menacer la solution des deux États, nuire aux intérêts d’Israël et miner le rôle de « médiateur crédible » de l’administration Obama. L’opposition, elle, jubile. Et dire, se plaisent à répéter certains de ses ténors, que cette maladresse est l’œuvre d’un homme qui fut notre ambassadeur à l’ONU (1984-1988). D’autres rappellent un précédent qui remonte au 9 juillet dernier. À l’époque, le cabinet avait laissé entendre qu’il pourrait faire siennes les thèses contenues dans le rapport Edmund Lévy, du nom d’un membre de la Cour suprême qui avait présidé une commission chargée d’étudier « le statut légal de la construction en Judée-Samarie ». Cet organisme, formé en janvier de la même année, avait conclu, dans un document de 89 pages, que la présence israélienne en Cisjordanie ne constituait pas une occupation et que « les colonies de peuplement dans cette région étaient légales du point de vue de la législation internationale ». Cinq mois plus tard, ajoute-t-on, aucune suite sur le terrain n’a été donnée à ces conclusions.
L’ancienne chef de la diplomatie, Tzipi Livni, estime elle aussi que dans les annonces tonitruantes de « Bibi », il conviendrait de ne voir qu’une tentative de gagner les voix de l’extrême droite et que tout sera oublié au lendemain même des législatives. Elle ajoute toutefois qu’Israël aura alors perdu « le soutien du monde entier ainsi que ses plus proches amis ». Propos de campagne électorale, là aussi, venant de la présidente du parti « Hatnua » (Le mouvement).
Premier – qui l’eût cru ? – à avoir flairé le danger, Avigdor Lieberman observe ces derniers temps un mutisme prudent, lui qui avait qualifié l’initiative palestinienne de « terreur diplomatique » et menacé de tout mettre en œuvre pour hâter la fin de l’Autorité présidée par Mahmoud Abbas. Le chef d’Israel Beiteinou aurait alors été bien attrapé, lui a-t-on fait remarquer, car il se serait retrouvé avec 2,5 millions de demandes de naturalisation et une avalanche de responsabilités économiques et sociales supplémentaires. D’où cette inhabituelle discrétion, à laquelle il existe encore une raison éminemment valable : à en croire les derniers sondages, près de deux tiers d’Israéliens demeurent favorables à la formule de deux États, même s’ils se disent convaincus que ce sont les Palestiniens qui n’en veulent pas.
Un autre danger, et non des moindres, pointe à l’horizon, émanant de Washington, où Obama adopte désormais un ton ferme. Ainsi, il affirme que le développement de colonies sur la rive occidentale du Jourdain « est contraire à la position des États-Unis » ; il invite Tel-Aviv à la retenue et il lui demande même de reconsidérer sa position. C’est que l’hôte de la Maison-Blanche est désormais libéré des contraintes électorales alors que Netanyahu se prépare à affronter l’épreuve des urnes.


Il y a là comme un juste retour des choses qui fait chaud au cœur.

 

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