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À La Une - Syrie

L’OTAN menace très sérieusement Damas et rassure Ankara

Les armes chimiques du régime au cœur des discussions internationales ; Riyad juge la transition politique « plus nécessaire que jamais » ; au moins 102 morts hier.

Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN étaient réunis hier à Bruxelles pour mettre en garde Damas contre les armes chimiques. Yves Herman/Reuters

Les pays de l’OTAN ont accru hier la pression internationale sur la Syrie en mettant en garde contre le recours à des armes chimiques par Damas. Sans surprise, la Turquie a reçu une réponse positive de ses alliés de l’OTAN pour l’installation temporaire de Patriot capables de détruire en vol d’éventuels missiles en provenance de la Syrie voisine. « L’OTAN a donné son accord pour renforcer les capacités de défense aérienne de la Turquie afin d’assurer la défense de sa population et de son territoire, et de contribuer à la désescalade de la crise », ont ainsi annoncé les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN réunis hier à Bruxelles, insistant sur le caractère « totalement défensif » des Patriot. Ils ne seront « en aucune façon une manière de promouvoir une zone d’exclusion aérienne ou une quelconque opération offensive » en Syrie, a réitéré le secrétaire général de l’Alliance, Anders Fogh Rasmussen. Il revient désormais aux trois pays possédant des Patriot (États-Unis, Allemagne et Pays-Bas) de décider du nombre de batteries, de la date et de la durée de leur déploiement. En raison des délais nécessaires, liés notamment à l’approbation parlementaire en Allemagne, les Patriot devraient être opérationnels au cours du premier trimestre 2013. La Turquie a immédiatement salué le feu vert officiel donné par l’OTAN.

« Rumeurs » pour Moscou...
Selon M. Rasmussen, la menace des armes chimiques de la Syrie est « un sujet de forte préoccupation » pour l’ensemble des Alliés. C’est pour cela qu’il est « urgent » d’ « assurer la protection efficace de notre allié turc ». Les craintes liées à ces armes ont brusquement refait surface ces derniers jours, alors que les forces rebelles mettaient en difficulté l’armée officielle, notamment autour de l’aéroport de Damas.


Le président américain Barack Obama a de son côté averti Damas que « le recours à des armes chimiques serait totalement inacceptable ». Quelques heures plus tard, l’adjectif « inacceptable » a été repris par plusieurs ministres réunis à Bruxelles, dont l’Allemand Guido Westerwelle, le Français Laurent Fabius et le Britannique William Hague. M. Rasmussen a prévenu que le régime de Bachar el-Assad serait confronté à « une réaction immédiate de la communauté internationale » s’il utilisait des armes chimiques. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré pour sa part qu’Israël suivait « de près » la question des armes chimiques.

 

(Pour mémoire : La panoplie d’agents chimiques de Damas "est assez robuste")


Présent à Bruxelles, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a appelé les Occidentaux à ne pas « exagérer » les « rumeurs » circulant sur cette menace. Il a toutefois précisé que Moscou restait opposé à l’utilisation des armes chimiques, comme le stipulent les règles internationales.
Un responsable américain avait affirmé lundi que Damas était en train de mélanger les composants nécessaires à la militarisation du gaz sarin, un puissant neurotoxique qui provoque une paralysie complète puis la mort.

Arabie saoudite
Toujours sur le plan diplomatique, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud el-Fayçal, a estimé qu’une transition politique était « plus que jamais nécessaire en Syrie » pour préserver l’unité de ce pays. « Le processus de transfert politique du pouvoir est plus que jamais nécessaire pour préserver le peuple et le territoire syriens (...) car la situation se dégrade de plus en plus », a-t-il ainsi affirmé, estimant que « la constitution de la coalition de l’opposition syrienne est un pas positif important sur la voie de l’unification de l’opposition, et nous espérons maintenant que la communauté internationale va elle aussi unifier sa position ».

 

(Lire aussi : De la difficulté de distinguer un jihadiste d’un rebelle)


Le prince Saoud a notamment souligné qu’un « changement de la position de la Russie (...) ouvrira la voie à un règlement » en Syrie. Selon lui, le soutien russe au régime « est étrange et condamnable, et a surpris le monde arabo-musulman », car la « Russie a toujours eu des positions honorables à l’égard des causes arabes ».
Le prince a reçu à Riyad une délégation de la nouvelle Coalition de l’opposition syrienne, dirigée par son président Ahmad Moaz el-Khatib, selon l’agence officielle saoudienne SPA. L’entretien a porté sur « les développements sur la scène syrienne et les contacts et les efforts internationaux » menés pour un règlement. Cette délégation a également été reçue, toujours à Riyad, par l’ancien Premier ministre libanais Saad Hariri. « Les discussions ont porté sur les objectifs que la Coalition s’efforce de réaliser, surtout maintenant que la révolution syrienne est aux portes de Damas et est proche de la victoire », indique un communiqué de l’ancien PM.

Encore des pertes
Sur le terrain, au moins 102 personnes ont péri hier dans le pays, dont 30 à Damas et sa périphérie, où l’armée poursuivait ses opérations et pilonnait les vergers de la Ghouta orientale. L’armée syrienne bombardait ainsi le rif de Damas, après la prise d’un village par des combattants islamistes dans la province de Deir ez-Zor. En outre, « l’armée a continué de pourchasser les hommes armés dans les quartiers sud de Damas, particulièrement à Hajar el-Aswad ;
Tadamoun, où un journaliste du quotidien gouvernemental Techrine, Naji Assaad, a été tué ;
Qadam et Assali, détruisant de nombreuses caches et leur faisant subir d’énormes pertes humaines et matérielles ».
Neuf élèves et un professeur ont par ailleurs été tués dans la chute d’un obus de mortier de l’ASL sur une école du camp al-Wafidine dans la province de Damas, a rapporté la télévision officielle.
Enfin, sur le plan humanitaire, l’acheminement et la distribution de vivres deviennent de plus en plus difficiles en Syrie, où le nombre des personnes vulnérables s’élève à un million et demi, a annoncé mardi le Programme alimentaire mondial (PAM).

 

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