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À La Une - Crise

Le référendum sur la Constitution divise les juges égyptiens

Manifestation du « dernier avertissement » devant le palais présidentiel aujourd’hui.

En Une de plusieurs quotidiens égyptiens, lundi 3 décembre au Caire, le même dessin et le même message : "non à la dictature". AFP PHOTO/GIANLUIGI GUERCIA

L’instance chargée des affaires de la magistrature en Égypte, le Conseil supérieur de la justice, a décidé hier de déléguer des magistrats pour superviser le référendum controversé sur la Constitution prévu dans moins de deux semaines, selon l’agence officielle égyptienne MENA, portant ainsi un coup à l’opposition, pour qui le référendum est « illégitime ». Le projet de Loi fondamentale, rédigé par une commission dominée par les islamistes et accusé de saper certains droits fondamentaux, est au cœur de la crise politique la plus grave depuis l’élection du chef de l’État Mohammad Morsi en juin. Le Club des juges, un syndicat professionnel représentant des magistrats à travers le pays, a d’ailleurs annoncé dimanche qu’il boycotterait le référendum, espérant retirer toute légitimité au vote.
Mohammad Gadallah, conseiller juridique du président Morsi, a donc annoncé que la décision du Conseil supérieur de la justice signifiait que le référendum se déroulerait sous supervision judiciaire malgré l’appel au boycott du Club des juges. D’après lui, le Conseil d’État, qui conseille juridiquement le gouvernement, a pris la même décision. « La plus grande instance en charge des juges est le Conseil supérieur de la justice. Ils ont réalisé qu’ils avaient une responsabilité vis-à-vis de la nation », a-t-il dit, en ajoutant qu’individuellement, des juges pouvaient ne pas superviser le vote après avoir soumis leurs raisons par écrit.


Le pouvoir judiciaire est de fait engagé dans une épreuve de force avec M. Morsi depuis le décret du 22 novembre, dans lequel le président interdit notamment tout recours en justice contre ses décisions et contre la commission constituante, boycottée par l’opposition de gauche et laïque ainsi que par les Églises chrétiennes. Le décret de M. Morsi a provoqué une crise politique à l’origine d’une forte mobilisation dans les rues. Samedi, des centaines de milliers d’islamistes ont manifesté leur soutien à M. Morsi, au lendemain d’un rassemblement massif de l’opposition contre les pouvoirs élargis du président et contre le projet de Constitution. M. Morsi a plusieurs fois assuré que ses pouvoirs élargis prendraient fin dès l’entrée en vigueur d’une nouvelle Constitution, sans convaincre l’opposition.
Dans ce contexte, les jeunes du Front du salut national (FSN), une coalition d’opposition dont font partie le Parti de la Constitution de Mohammad el-Baradei et le mouvement du Courant populaire de Hamdeen Sabbahi, un ancien candidat à la présidentielle, ont prévu de marcher aujourd’hui sur le palais présidentiel, pour une manifestation dite du « dernier avertissement ». Si M. Morsi maintient son décret, « nous verrons quelles mesures nous prendrons », a dit Tarek el-Khouly, du mouvement du 6-Avril, membre du FSN, en n’écartant pas un appel à la désobéissance civile et à la grève en coordination avec le mouvement ouvrier.


Hier toujours, plusieurs journaux ont publié en une le même dessin montrant un journal prenant une forme humaine et menotté dans une cellule, avec en légende : « Une Constitution qui supprime des droits et menotte la liberté. Non à la dictature. » Ces journaux, dont el-Watan et el-Masry el-Youm, font partie des 11 quotidiens qui ne paraîtront pas aujourd’hui pour protester contre le manque de garanties pour la liberté de la presse dans le projet de Constitution.

 

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