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À La Une - Éclairage

En dépit du pourrissement, pas de déstabilisation en vue

En dépit de la tension grandissante dans le pays et de l’implication de plus en plus évidente et grave du Liban dans la crise syrienne, une source haut placée continue d’affirmer que la situation ne devrait pas se détériorer. Cette source reconnaît que depuis quelques semaines, les diplomates avec lesquels elle s’entretient n’ont qu’une question dans la bouche : dans quelle mesure le Liban pourra-t-il rester à l’abri des développements en Syrie ? Désormais, avec le rôle clair du député Okab Sakr dans l’aide financière et militaire aux rebelles syriens et le piège tendu par l’armée syrienne à un groupe de combattants libanais en Syrie, la question devient de plus en plus pressante, d’autant qu’à Tripoli, la tension est grande depuis deux jours, notamment entre Baal Mohsen et Bab el-Tebbaneh. Il existe désormais deux importants foyers de tension quasi permanents, Tripoli au nord et Saïda au sud avec cheikh Ahmad el-Assir et son groupe qu’il promet d’agrandir.


Malgré cela, la source haut placée n’en démord pas. Selon elle, il y a au moins quatre bonnes raisons pour que la situation ne se détériore pas au Liban. Elles reposent toutes sur les intérêts de l’Occident qui a besoin de maintenir un minimum de stabilité au Liban. D’abord, parce que le Liban est une plaque tournante pour tous les services secrets actifs dans la région qui ont besoin d’une base arrière pour pouvoir travailler, collecter des informations, les gérer et les traiter. Beyrouth est une ville idéale pour toutes ces activités et elle doit rester un lieu sûr pour les agents des différents services de renseignements.


La deuxième raison est la présence des chrétiens au Liban. Ce pays est désormais le seul de la région où les chrétiens ont une présence influente et où ils ont leur mot à dire au sein du pouvoir. Si les chrétiens du Liban sont contraints à l’exode, c’est toute la présence chrétienne dans la région qui sera appelée à disparaître et le Vatican refuse totalement un tel scénario. La visite du pape Benoît XVI au Liban en septembre est la confirmation de l’importance que revêt pour l’Église catholique la présence des chrétiens dans ce pays. À partir de là, il devient clair que pour pouvoir rester, les chrétiens ont besoin de stabilité. Les grandes vagues d’exode chrétien du Liban ont toujours été liées aux développements sécuritaires, bien plus qu’à d’autres considérations. La présence des chrétiens est en quelque sorte un facteur de stabilité pour le Liban. Même divisés, ils doivent rester sur place, et pour les protéger, il faut éviter une grande explosion, notamment l’éclatement d’une discorde entre sunnites et chiites dont les chrétiens pourraient être les premières victimes.


La troisième raison est la présence de la Finul au Sud. Cette force internationale de l’ONU qui regroupe des contingents de plus d’une vingtaine de pays, dont la plupart sont européens, et qui est chargée de veiller à l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, a elle aussi besoin de stabilité pour pouvoir remplir sa mission. De plus, tous les pays ayant un contingent au Liban, dans le cadre de cette force internationale, pourraient le retirer si la situation devait s’y détériorer. En tout cas, ces pays refusent de voir leurs contingents se transformer en otages entre les mains des parties libanaises, et par conséquent, ils préfèrent maintenir la stabilité pour éviter de tels scénarios.
Enfin, la quatrième raison, selon la source haut placée, est la sécurité d’Israël, si importante pour les Occidentaux.

 

Avec les développements en Syrie, la situation encore confuse en Égypte, la montée en flèche de l’esprit résistant à Gaza et le refus clair des États-Unis de mener une opération militaire contre l’Iran, Israël n’a pas besoin d’ouvrir un nouveau front au Liban, surtout avec l’arsenal de plus en plus important du Hezbollah. Israël est sans doute en mesure de lancer une opération contre le Liban, mais il n’est pas prêt à supporter le lancement de missiles sur ses villes et ses installations touristiques, économiques et militaires. Or le secrétaire général du Hezbollah a maintes fois déclaré qu’à la moindre attaque contre le Liban, des milliers de missiles devraient tomber sur les villes israéliennes. La sécurité d’Israël exige donc le maintien d’un minimum de stabilité au Liban, pour éviter qu’un éventuel chaos ne permette à n’importe quelle faction de lancer des roquettes contre Israël ou pour qu’un conflit à large échelle ne pousse le Hezbollah à renforcer son emprise sur le pays.


La stabilité au Liban est donc nécessaire à cette étape pour des raisons qui concernent essentiellement les intérêts de l’Occident. Mais ce que cette source ne dit pas, et qui a été développé par le général Michel Aoun dans sa dernière déclaration, c’est que les forces capables de déstabiliser le Liban ne veulent pas le faire alors que les forces qui cherchent à le déstabiliser n’ont pas les moyens d’y provoquer un grand conflit. Pour toutes ces considérations et en dépit d’un pourrissement quasi généralisé qui atteint à la fois les milieux politiques et étatiques, le Liban ne serait pas au bord de l’explosion. Au moins à ce stade.

 

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