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À La Une - Syrie

Armes chimiques : Clinton met en garde, Damas rassure

Le régime de Assad peut tomber "à n'importe quel moment", assure le chef de la Ligue arabe.

Les quartiers de Hanano et Bustan al-Basha, à Alep, soumis aux bombardements, le 1er décembre 2012. AFP/JAVIER MANZANO

Alors que la violence ne connaît aucun répit, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a lancé lundi à Prague un "avertissement sévère" au régime du président syrien Bachar el-Assad concernant l'éventuelle utilisation d'armes chimiques contre son peuple. "C'est une ligne rouge pour les Etats-Unis", a-t-elle déclaré devant la presse. "Une fois de plus, nous lançons un avertissement très sévère au régime d'Assad, son comportement est condamnable. Ses actions envers son propre peuple sont tragiques".

 

"La Syrie réaffirme qu'elle n'utilisera pas ce genre d'armes si elle en possède, contre son peuple, quelles que soient les circonstances, car elle est en train de défendre son peuple", a rétorqué une source au ministère syrien des Affaires Etrangères, citée par l'agence officielle Sana. "La Syrie lutte avec son peuple contre le terrorisme d'el-Qaëda, qui est soutenu par des pays bien connus, dont le premier est les Etats-Unis", a ajouté le ministère.

 

Le 1er octobre, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, avait accusé les Etats-Unis d'oeuvrer à la chute du régime de Damas en se saisissant du prétexte des armes chimiques, comme ils l'avaient fait en Irak.

 

Selon des experts, la Syrie dispose de stocks d'armes chimiques qui datent des années 1970 et sont les plus importants du Moyen-Orient, avec des centaines de tonnes.

 

(Pour mémoire : La panoplie d’agents chimiques de Damas "est assez robuste")


Le régime syrien a reconnu pour la première fois fin juillet posséder des armes chimiques et a menacé de les utiliser en cas d'intervention militaire occidentale, mais jamais contre sa population.

 

De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a déclaré à l'AFP que le régime de Assad pouvait tomber "à n'importe quel moment" face à une opposition qui ne cesse de gagner du terrain. "Aujourd'hui il y a des combats dans Damas", et après vingt mois de violences dans ce pays "je pense qu'il va se passer quelque chose bientôt", a-t-il poursuivi alors que les combats ont gagné jeudi pour la première fois en 20 mois de violence les abords de l'aéroport international de Damas.

 

 

La banlieue de Damas au coeur des combats

Sur le terrain, l'armée syrienne bombardait toujours, lundi, les quartiers sud de Damas ainsi que sa banlieue où son aviation menait des raids, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

La banlieue de Damas est désormais au cœur des combats, le régime ayant lancé jeudi une opération militaire pour reconquérir un rayon de huit kilomètres autour la capitale, qu'il veut à tout prix conserver pour être en position de négocier une issue au conflit, selon les experts.

 

Dans le sud de la capitale, l'aviation a pilonné Beit Sahem et ses vergers, où de violents combats opposaient soldats et rebelles au sol, de même qu'à Babbila et à Harasta, a ajouté l'OSDH.

Dans la nuit, l'artillerie avait pilonné la Ghouta orientale, la campagne bordant la capitale, traversée par la route de l'aéroport international gagnée jeudi pour la première fois en 20 mois de conflit par de violents combats.

 

Le journal proche du pouvoir Al-Watan avait promis dimanche "l'enfer" à ceux qui songeraient à attaquer Damas. Lundi, il faisait état de nouvelles "opérations de qualité de l'armée" qui a tué de nombreux "terroristes", terme par lequel Damas désigne les rebelles. "Pour continuer de sécuriser la route de l'aéroport international de Damas du côté sud, l'armée poursuit sa progression sur l'axe al-Houjeira, Aqraba, Beit Sahem", rapporte le quotidien.

 

Il souligne par ailleurs que "la compagnie Egypt Air a annoncé qu'elle reprenait ses vols vers Damas et Alep après une interruption de trois jours à cause des affrontements entre l'armée et les groupes armés qui avaient tenté sans succès de couper la route de l'aéroport".

 

Al-Watan évoque également Hama, une ville du centre du pays où semble s'ouvrir un nouveau front, avec des combats qui ont éclaté dimanche et des renforts militaires envoyés lundi, selon l'OSDH. Pour le journal, "les groupes armés imposent depuis deux jours une grève générale aux commerçants par les forces des armes".

 

Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a expliqué à l'AFP que ces affrontements étaient "très significatifs car ils montrent que malgré le contrôle total de l'armée et des forces de sécurité sur la ville (après des manifestations monstres à l'été 2011), les rebelles sont parvenus à s'infiltrer".

 

(Liban: Heurts entre l’armée et les rebelles syriens à Macharih el-Qaa)

 

Dimanche, 180 personnes ont péri à travers la Syrie, selon un bilan de l'OSDH, qui a recensé plus de 41.000 morts dans le pays en 20 mois de violences.

 

 

Poutine en Turquie

Alors que tous les efforts diplomatiques pour trouver une issue au conflit semblent dans l’impasse, le président russe Vladimir Poutine, allié du régime syrien, est arrivé lundi en Turquie pour un entretien avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, partisan de la rébellion syrienne.

 

La visite de M. Poutine intervient dans un contexte de tensions entre les deux pays, notamment après l'interception en octobre par Ankara d'un avion de ligne syrien venant de Moscou et soupçonné de livrer des armes à Damas.

 

La Russie, l'un des soutiens du régime syrien qui bloque les projets de résolution du Conseil de sécurité le condamnant, a affirmé qu'il s'agissait d'équipements radar qui n'étaient pas interdits par les conventions internationales.

Moscou a également critiqué la demande d'Ankara de déployer des missiles Patriot de l'Otan le long de sa frontière avec la Syrie, déchirée depuis 20 mois par des violences, estimant que cela augmentait le risque de contagion du conflit.

 

Les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance devraient sans surprise répondre positivement mardi à la demande turque formulée après la mort de cinq civils dans un village limitrophe atteint par des obus syriens, selon des sources diplomatiques.

 

Un délai de plusieurs semaines sera toutefois nécessaire pour la mise en place des batteries anti-missiles, selon un haut responsable américain.

 

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"La Syrie réaffirme qu'elle n'utilisera pas ce genre d'armes contre son peuple car elle est en train de défendre son peuple" ! Par ces propos chaleureux et humains, le ministère syrien des Affaires Etrangères nous rassure : la Syrie défend tellement son peuple qu'elle peut le massacrer par tout autre moyen.

Robert Malek

11 h 17, le 03 décembre 2012

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Commentaires (2)

  • "La Syrie réaffirme qu'elle n'utilisera pas ce genre d'armes contre son peuple car elle est en train de défendre son peuple" ! Par ces propos chaleureux et humains, le ministère syrien des Affaires Etrangères nous rassure : la Syrie défend tellement son peuple qu'elle peut le massacrer par tout autre moyen.

    Robert Malek

    11 h 17, le 03 décembre 2012

  • Un dialogue de sourds pour des folies meurtrières. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    05 h 45, le 03 décembre 2012

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