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À La Une - Syrie

De fer et de feu autour de l’aéroport de Damas...

Les opposants manifestent pour la capitale aux quatre coins du pays ; les loyalistes perdent un champ pétrolifère ; au moins 92 morts hier.

À Kfar Nubul, les manifestants ne manquent pas d’imagination. La journée de mobilisation d’hier avait été placée sous le signe du soutien à la région de Damas. Raëd al-Farès/Reuters

De violents combats ont eu lieu hier aux abords de l’aéroport international de Damas, une première depuis le début du conflit. L’armée a lancé une vaste offensive sur la ceinture est et sud de la capitale où les rebelles ont leurs bases arrière. « L’armée veut prendre le contrôle du côté est de l’aéroport (la Ghouta), où se trouvent des milliers de terroristes et cela va prendre plusieurs jours », a ainsi déclaré une source de sécurité. Les affrontements ont duré jusqu’à l’aube hier, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), alors que les combats et bombardements se sont poursuivis toute la journée dans la Ghouta orientale, la campagne qui borde Damas, ainsi que dans le sud de la capitale.


À travers le pays, les violences ont fait hier au moins 92 morts, dont 53 civils, selon un bilan provisoire de plusieurs activistes, l’OSDH faisant état de plus de 41 000 tués depuis mars 2011.
Une source aéroportuaire et la compagnie Syrian Air ont assuré que le trafic aérien avait repris hier à Damas, le ministère de l’Information affirmant que des « forces compétentes » avaient « sécurisé » jeudi la route de l’aéroport qui s’étend sur 27 kilomètres au sud-est de Damas. Néanmoins, un convoi de l’ONU qui quittait l’aéroport de Damas a été la cible hier de tirs d’origine indéterminée, pour le deuxième jour consécutif, a indiqué un porte-parole onusien.

« Peuple en otage »
Alors que les violences ont gagné en intensité et surtout atteint la capitale et sa proche banlieue, une grande partie de la Syrie se trouvait pour le second jour consécutif sans téléphone ni Internet, militants et ONG disant craindre le pire. Les autorités syriennes ont affirmé que des « travaux de maintenance » étaient responsables de ce black-out, mais Washington a accusé le régime de Damas d’avoir coupé les communications, tandis que Paris l’appelait à les « rétablir sans délai ». Ces coupures sont « une nouvelle démonstration du choix du gouvernement syrien de prendre son propre peuple en otage. C’est un motif de très vive préoccupation pour nous », a indiqué le Quai d’Orsay. Pour permettre aux internautes de transmettre des informations, alors que les autorités restreignent l’accès des médias internationaux, Google et Twitter ont activé en Syrie le « tweet voice », mis en place durant la révolution égyptienne en 2011, qui permet de tweeter via des messages vocaux sur téléphone portable. Amnesty International a estimé pour sa part que cette coupure « pourrait annoncer l’intention des autorités de dissimuler aux yeux du monde la vérité de ce qui se passe dans le pays », les militants accusant le régime de préparer un « massacre ».
Dans le même temps, l’armée s’est retirée du champ pétrolifère al-Omar, l’une de ses dernières positions dans l’est proche de l’Irak. Les rebelles ont ainsi marqué plusieurs points, en prenant cette infrastructure stratégique et en étendant leur contrôle sur l’est dont ils tiennent déjà une large zone.

Rassemblements
À travers le pays, des milliers de personnes sont descendues dans les rues, comme chaque vendredi depuis le début du soulèvement. Cette journée de mobilisation avait été placée sous le signe du soutien à la région de Damas. À Harasta, au cœur des combats, des dizaines de personnes ont manifesté au milieu de bâtiments détruits. Elles portaient une banderole sur laquelle était inscrit : « Il n’y a qu’en Syrie qu’on paie sa liberté par son sang et celui de ses enfants, par la destruction de sa maison et de celle de son voisin. » Dans la province d’Idleb, des dizaines de manifestants ont quant à eux réclamé « la tête de Bachar » el-Assad.


Signalons en outre que le mois de novembre a été le plus sanglant pour les journalistes, avec 13 reporters et citoyens-journalistes tués à travers le pays, a rapporté hier l’Association syrienne des journalistes (ASJ), hostile au régime.
Par ailleurs, un rebelle s’est semble-t-il filmé en train d’exécuter des prisonniers désarmés. La vidéo, mise en ligne sur le site YouTube, a été tournée au moyen d’une caméra apparemment fixée sur son arme. On y voit dix hommes en tee-shirt blanc et treillis, couchés face contre terre. L’un d’eux dit d’une voix suppliante qu’ils sont pacifiques, se lève et se dirige vers la caméra. Sur la bande-son, on entend alors une détonation puis on voit cet homme retourner à sa place, un bras ensanglanté. La suite de la vidéo montre l’exécution des dix prisonniers. « Allah est grand, Jabhat el-Nousra », crie le tireur citant le Front al-Nousra, un groupe islamiste armé lié à el-Qaëda qui a revendiqué une série d’attentats-suicide en Syrie.


Trois jihadistes de nationalité néerlandaise qui prévoyaient de partir sous peu combattre en Syrie ont été arrêtés à Rotterdam, dans l’ouest des Pays-Bas, a annoncé hier le parquet national néerlandais.

 

(Lire aussi : Tripoli et le Akkar sous tension : 21 volontaires sunnites libanais massacrés en Syrie)

« Passages sûrs »
Sur le plan humanitaire, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a réclamé des « passages sûrs » pour les civils, affirmant que près de 250 000 déplacés avaient été enregistrés à Homs. Le personnel du HCR a par ailleurs constaté sur place que des milliers de déplacés vivent dans des « abris communaux sans chauffage ». Le HCR a en outre indiqué que des civils ont essuyé des tirs d’armes à feu au moment où ils tentaient de se réfugier en Jordanie et certains blessés ont dû être hospitalisés après leur passage de la frontière.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a parallèlement estimé que 700 000 réfugiés auraient fui la Syrie d’ici à janvier, une augmentation spectaculaire alors que le conflit atteint « des niveaux épouvantables de brutalité ».
Enfin, un porte-parole de l’OTAN a indiqué que le déploiement des missiles sol-air par l’Alliance en Turquie devrait prendre quelques semaines, une fois la demande d’Ankara approuvée.

 

  

Pour mémoire

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