Rechercher
Rechercher

Liban - Nouvelles technologies

Le Liban, les réseaux sociaux et la diplomatie numérique...

Conférence interactive, hier à l’AUB, pour l’avènement d’une e-révolution citoyenne et d’une nouvelle forme de diplomatie.

De gauche à droite : Alec Ross, Tom Fletcher et Jimmy Leach.


Dans l’amphithéâtre Issam Farès, à l’Université américaine de Beyrouth, hier midi, on avait soigneusement remisé son stylo plume et ses cahiers d’un âge révolu. Accoudés à leurs pupitres, les participants à la conférence interactive intitulée « Diplomatie numérique », principalement des étudiants mais aussi des activistes, chercheurs et journalistes, se sont saisis de leurs smartphones et autres tablettes tactiles. L’oreille tendue, les yeux rivés sur leurs écrans, ils ont « tweeté » les moindres détails des allocutions des intervenants. Ces « tweets », ou messages de moins de 140 caractères sur le réseau social de micro-blogging Tweeter, ont défilé sur l’écran géant en même temps qu’ils étaient retransmis à une audience planétaire, via Internet.
Cette démonstration de la puissance propagatrice de l’information par les réseaux sociaux avait une fin : soutenir le plaidoyer des intervenants, en faveur de l’utilisation citoyenne de ces mêmes réseaux dans la construction d’une société civile forte. Alors, à l’ère de la révolution 2.0, comment Tweeter ou Facebook participent-ils de cette construction? Et comment ont-ils bouleversé nos façons de communiquer, d’échanger et d’influencer ? Quid de leur rôle dans les révolutions arabes ? Enfin, face à ces évolutions, comment la diplomatie conventionnelle s’adapte-t-elle ? Autant de questions auxquelles Alec Ross, conseiller pour les nouvelles technologies auprès de la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, et Tom Fletcher, ambassadeur du Royaume-Uni au Liban, ont apporté leurs éclairages. Tour d’horizon.     

 « Comment le Moyen-Orient tweet-il ? »
Avant toute chose, une petite radioscopie numérique de notre région s’impose : qui tweete et à propos de quoi ? Selon Jimmy Leach, autre intervenant de cette conférence et auteur de l’essai Comment le Moyen-Orient tweet-il ?, le pourcentage de personnes qui « tweetent » se répartit de la sorte : « 38 % d’activistes, 36 % de journalistes, 18 % de politiciens et organisations gouvernementales. » Par dessus tout, « les tweeters discutent de conversations sérieuses : politique et actualités internationales en tête », a-t-il affirmé. Et dans quel but ? Afin de commenter les évolutions du monde et d’influencer leur environnement.

Cyberactivisme
En ce XXIe siècle, grâce à Internet, « l’ère du contrôle est révolue », a soutenu M. Fletcher. Ainsi, selon lui, c’est au Liban, pays du Moyen-Orient le plus connecté au réseau des réseaux, qu’une e-révolution citoyenne a le plus de chances de se développer. « Sur 4 millions d’habitants, on dénombre 1,4 million de comptes Facebook », a-t-il rappelé. Cet appel, sur le compte Twitter de l’ambassade du Royaume-Uni au Liban, donne un exemple de ce nouveau cyberactivisme : « Utilisez les réseaux sociaux pour vous assurer que les élections (...) et que la lutte contre la corruption se déroulent dans le meilleur intérêt des Libanais. » Désormais, « chacun avec son téléphone relié à Internet peut être un journaliste citoyen », a rappelé M. Fletcher.
De plus, les réseaux sociaux « aident les gens à coexister ». Il en veut pour preuve le récent attentat d’Achrafieh durant lequel, sur Twitter, des citoyens ont fait preuve de solidarité, notamment en relayant les appels aux dons de sang des hôpitaux. Alec Ross, citant Hillary Clinton, a poursuivi : « Le potentiel des réseaux de l’information est semblable à celui d’une bombe nucléaire. » Pour lui, pas de hasard si Moubarak, dans sa chute, a privé l’Égypte de l’outil de coordination de la révolution : Internet.

Diplomatie numérique
Et la diplomatie numérique, qu’est ce que c’est ? « Les réseaux sociaux ont bouleversé la façon dont la diplomatie travaille », a ajouté l’ambassadeur. Les compétences traditionnelles des diplomates sont balayées. Désormais, un diplomate, pour être efficace, doit posséder « un smartphone et être ouvert d’esprit. Sans smartphone, il est nu », a-t-il ironisé. Cette diplomatie 2.0 se veut à l’écoute, sur le Web, de la société civile, des bloggeurs et des meneurs d’opinions, pas forcément les invités habituels des réceptions de l’ambassade.
Durant ces échanges, les participants ont néanmoins souligné les limites de cette e-révolution. Parmi elles : l’anonymat, parfois utilisé à des fins malveillantes ; l’accès à Internet, loin d’être universel ou encore l’espionnage gouvernemental... Mais « les citoyens ne doivent pas être naïfs, ils doivent savoir que les réseaux peuvent être infiltrés », a averti M. Fletcher.
Dans l’amphithéâtre Issam Farès, à l’Université américaine de Beyrouth, hier midi, on avait soigneusement remisé son stylo plume et ses cahiers d’un âge révolu. Accoudés à leurs pupitres, les participants à la conférence interactive intitulée « Diplomatie numérique », principalement des étudiants mais aussi des activistes, chercheurs et journalistes, se sont saisis de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut