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À La Une - Rapport

Le Liban et le conflit syrien : un exercice d’équilibrisme

L'ICG recommande, dans une étude, la formation d'un gouvernement de technocrates.

Un jeune réfugié syrien au Liban. AFP/ANWAR AMRO

La crise en Syrie est en train de déborder des frontières et les risques de contagion au Liban sont plus importants qu’ailleurs, affirme, dans une étude, l’ONG International Crisis Group, dont le but est de prévenir et de résoudre les conflits.

 

Il ne s’agit pas uniquement de faits historiques, mais les récents événements au Liban, dont l’assassinat le 19 octobre du chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), Wissam el-Hassan, sont une illustration de la fragilité du pays et de l’absence de volonté des responsables d’y remédier, indique l'ICG dans son étude.

 

Pour cette ONG, les deux coalitions politiques au Liban voient différemment le conflit en Syrie. Pour le 14 Mars, il s’agit d’un rêve qui devient réalité, alors que pour le 8 Mars il s’agit d’un cauchemar apocalyptique.

 

Il est impératif de préserver le pays et de faire face à la volonté de parties tierces, alliées ou adversaires de Damas, de vouloir le faire basculer dans la confrontation, indique l'ONG. Après l’assassinat de Wissam el-Hassan, un nouveau gouvernement, plus équilibré, est devenu une nécessité, souligne-t-elle.

 

Depuis le début de la crise en Syrie, il était évident de croire que le Liban, traditionnellement sous l’influence de son puissant voisin, ne restera pas longtemps à l’abri des remous. Les deux pays partagent en effet 365 km de frontières poreuses et non délimitées à plusieurs endroits ainsi que de liens communautaires très étroits, ajoute l'ICG.

 

Le régime syrien a la réputation de semer le chaos lorsqu’il se sent menacé et il est souvent accusé d’ingérences dans les affaires libanaises. De nombreux analystes craignaient depuis le début de la crise en Syrie, que le régime de Damas cherche à déstabiliser son voisin afin de fragiliser ses adversaires de l’autre côté de la frontière et de mettre en garde le monde contre les conséquences de sa chute.

 

Plusieurs communautés libanaises reprochent au régime syrien ses agissements envers elles durant les dernières années, notamment les sunnites au Liban-nord qui se veulent solidaires de leurs coreligionnaires syriens. Par ailleurs, les tensions sectaires en Syrie ont un impact certain au Liban : quand elles augmentent dans le premier pays, elles se développent dans le deuxième.

 

Les différentes parties libanaises sont conscientes de ces réalités. Le Hezbollah, qui a lié son sort à celui de ses alliés, peut difficilement s’accommoder d’un changement de régime en Syrie et ne resterait pas les bras croisés si le pouvoir de Bachar el-Assad était menacé.

 

Par contre, le Courant du Futur et ses partenaires voient à terme la chute inéluctable du régime syrien. Ils jugent la révolte syrienne comme doublement stratégique : l’opportunité de se venger du pouvoir à Damas et celle de briser l’hégémonie du Hezbollah au Liban.

 

Il est dès lors difficile de voir le fragile équilibre libanais rester imperméable à la crise syrienne. Déjà, des signes de contagion ont été répertoriés. Des régions frontalières ont été le théâtre de combats, de trafic d’armes, de flux de réfugiés et d’attaques contre des villages libanais.

 

L'arrivée des réfugiés syriens a eu un impact humanitaire, politique et sécuritaire au Liban au moment où les sunnites, qui assistent à la répression brutale en Syrie, se sont engagés davantage dans le conflit. La solidarité avec leurs coreligionnaires les ont poussés à transformer plusieurs régions en sanctuaires et points de transit pour les armes et de bases d’attaques pour les rebelles.

 

Cela a été notamment le cas dans le nord à majorité sunnite du Liban, précisément les régions de Tripoli et du Akkar, mais aussi, dans une moindre mesure de la plaine orientale de la Békaa.

Le trafic d’armes vers la Syrie a commencé timidement mais s’est développé depuis, le Courant du Futur utilisant la Turquie comme base de soutien aux groupes armés de l’opposition syrienne.

 

Le Hezbollah s’est aussi immiscé dans le conflit syrien. Il devait tenir compte à la fois de la défense du régime syrien tout en sauvegardant sa position au Liban au cas où des changements intervenaient en Syrie.

C’est pour ces raisons que le parti chiite a accepté les politiques adoptées par le Premier ministre Nagib Mikati même quant elles allaient à l’encontre des intérêts du régime syrien, et a en même temps, soutenu le pouvoir baassiste.

 

L’opposition libanaise et les rebelles syriens accusent le Hezbollah d’avoir des francs-tireurs en Syrie. Des responsables américains assurent quant à eux que Damas, l’Iran et le Hezbollah entretiennent une coopération militaire étroite. Ce qui semble clair c’est que le parti chiite a intensifié son implication sur le terrain.

 

Pour le moment, les risques d’une nouvelle guerre civile au Liban son contenus, estime ICG. Le Hezbollah garde toujours un avantage militaire, poussant ses détracteurs à réfléchir sérieusement avant de le provoquer. La confrontation ne serait pas non plus à l’avantage du parti chiite, elle entraînerait davantage de condamnations locales et régionales et son isolement, peut-on lire dans le rapport.

 

Ainsi, tous les acteurs libanais craignent les conséquences d’une crise. Cependant, tous les indicateurs pointent dans la mauvaise direction. Même avant l’assassinat de Wissam el-Hassan, les sunnites se sentaient déjà prêts pour se venger, les chiites de plus en plus frustrés par leur isolement régional. Les heurts confessionnels se sont multipliés, faisant craindre des affrontements à plus grande échelle.

 

Il serait erroné de dire que le Liban a évité la crise. Le pays reste profondément fragile et instable. Sans un gouvernement efficace, des violences pourraient éclater dans certaines régions, puis se répandre. Le Liban est toujours sujet aux ingérences étrangères. A long terme, il devra faire face à l’issue d’un conflit qui aura inévitablement des conséquences importantes à plusieurs niveaux.

 

Pour éviter une escalade des violences au Liban, l'ICG recommande la formation d’un gouvernement de technocrates qui ne seraient pas membres des coalitions du 8 et du 14 Mars et dont l’objectif premier serait de préparer les élections de 2013, lancer une enquête rapide sur l’assassinat de Wissam el-Hassan et préserver le Liban de l’impact de la crise en Syrie.

 

L'ONG demande par ailleurs aux puissances régionales et internationales d'accepter la politique de distanciation du gouvernement libanais et de ne pas pousser le pays du Cèdre à adopter une politique en faveur ou contre le régime syrien.

 

L’ICG demande aussi aux ONG et aux agences de l’ONU d’apporter de l’aide aux familles libanaises dans le besoin et à celles qui abritent des réfugiés syriens.

La crise en Syrie est en train de déborder des frontières et les risques de contagion au Liban sont plus importants qu’ailleurs, affirme, dans une étude, l’ONG International Crisis Group, dont le but est de prévenir et de résoudre les conflits.
 
Il ne s’agit pas uniquement de faits historiques, mais les récents événements au Liban, dont l’assassinat le 19 octobre du chef des...
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Technocrates, non m'enfoutistocrates comme l'actuel simulacre de gouvernement, mais NEUTRES ! Et, où les trouver à ces NEUTRES ? dans le trosième ou le quatrième parallèle de Mars ? Sur Vénus, peut-être ? Pourquoi pas, voilà une idée : UN GOUVERNEMENT exclusuvement de FEMMES ! Je crois que là, on trouverait des NEUTRES...

SAKR LEBNAN

08 h 23, le 23 novembre 2012

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Commentaires (1)

  • Technocrates, non m'enfoutistocrates comme l'actuel simulacre de gouvernement, mais NEUTRES ! Et, où les trouver à ces NEUTRES ? dans le trosième ou le quatrième parallèle de Mars ? Sur Vénus, peut-être ? Pourquoi pas, voilà une idée : UN GOUVERNEMENT exclusuvement de FEMMES ! Je crois que là, on trouverait des NEUTRES...

    SAKR LEBNAN

    08 h 23, le 23 novembre 2012

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