Les Gazaouis ont joué avec des feux d’artifice pour célébrer la trêve. Mohammad Salem/Reuters
Israël et le Hamas sont parvenus à un accord de cessez-le-feu hier, mettant un terme à une semaine de confrontation armée à Gaza.
Obtenue après des efforts diplomatiques tous azimuts, notamment de l’Égypte et des États-Unis, la trêve est entrée en vigueur à 21h00 heure locale, selon le texte de l’accord annoncé au Caire par le chef de la diplomatie égyptienne Mohammad Kamel Amr au côté de son homologue américaine Hillary Clinton. Selon les termes de l’accord, tel que diffusé par la présidence égyptienne, « Israël doit cesser toutes les hostilités par voie terrestre, aérienne et maritime dans la bande de Gaza, y compris les incursions et la prise de personnes pour cible ». À leur tour, « l’ensemble des factions palestiniennes doivent stopper les hostilités depuis la bande de Gaza vers Israël, y compris les attaques de roquettes et toutes les attaques le long de la frontière ». L’accord prévoit aussi l’ouverture de discussions 24 heures après l’entrée en vigueur de la trêve sur des « mesures permettant d’ouvrir les points de passage avec Gaza et visant à faciliter la circulation des personnes et des biens ». La bande de Gaza est soumise à un blocus israélien depuis plusieurs années.
À Jérusalem, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé avoir accepté de « donner une chance » à la proposition égyptienne de trêve après avoir parlé avec le président américain Barack Obama. Dans une conférence de presse, M. Netanyahu a néanmoins affirmé qu’Israël et Washington allaient combattre conjointement la contrebande d’armes en provenance d’Iran, après la confirmation par un haut responsable iranien d’une aide « militaire » de son pays aux islamistes du Hamas. Côté palestinien, Khaled Mechaal, le chef en exil du Hamas, a estimé qu’Israël avait échoué dans son « aventure » et s’était rallié aux conditions posées par les Palestiniens. Il a dit que si les Israéliens respecteraient la trêve, les Palestiniens en feraient de même. Même chose en cas de non-respect de la part de l’État hébreu. Il a remercié l’Égypte, pour le rôle qu’elle a joué dans l’accord de cessez-le-feu, et en a fait de même avec l’Iran, cette fois pour avoir armé et financé les Gazaouis.
Plaque tournante
M. Obama a, lui, remercié aussi bien le président égyptien Mohammad Morsi que M. Netanyahu, et énoncé l’objectif de parvenir à une paix « durable » dans l’enclave palestinienne. Pressé par les Occidentaux d’aider à obtenir une trêve, M. Morsi a ainsi mené une médiation acharnée : une délégation du Hamas était dans la capitale égyptienne pour des négociations supervisées par les renseignements égyptiens ; Le Caire a aussi été la plaque tournante des efforts diplomatiques occidentaux, avec la visite de Mme Clinton, du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et de responsables turc, allemand et qatari. Pour sa part, la France a salué la trêve, qu’elle a souhaitée « durable », et a appelé d’urgence à une « relance des négociations » de paix. M. Ban a également salué la trêve, soulignant que plusieurs détails du cessez-le-feu devaient encore être réglés. « Je vais les exhorter à faire preuve de retenue. Ils doivent tenir leurs promesses », a-t-il précisé. Et Berlin a exprimé son « grand soulagement », alors que l’UE saluait la trêve en fin de nuit.
Trêve fragile
Dans la bande de Gaza meurtrie, des célébrations ont éclaté peu après le début du cessez-le-feu. Des tirs de joie, des pétards et des chants scandant : « Allah Akbar, la résistance a triomphé » ont retenti à travers les rues de l’enclave palestinienne, toujours survolée par les drones israéliens. Toutefois, selon Micky Rosenfeld, porte-parole de la police israélienne, des activistes palestiniens ont tiré 12 roquettes sur Israël dans l’heure qui a suivi l’entrée en vigueur de la trêve. Selon lui, les 12 projectiles sont tombés sur des zones non ou peu habitées et n’ont provoqué aucune victime ou de dégâts. Une porte-parole de l’armée israélienne a, quant à elle, indiqué que le système antimissile « Dôme de fer » avait permis d’intercepter une partie de ces roquettes. Elle a ajouté que l’armée avait cessé tous ses bombardements aériens sur Gaza. Dans l’enclave, des témoins ont fait état d’une explosion peu après 21h00 heure locale. On ne signale pas de victimes et la cause de la déflagration reste incertaine.
(Reportage : À Gaza, le Hamas montre deux visages)
Juste avant l’annonce de l’accord, de nouvelles frappes israéliennes avaient tué sept Palestiniens, portant à 18 le nombre de personnes décédées hier, selon des sources médicales. L’un des raids israéliens a touché pour la deuxième fois en moins de 24 heures l’immeuble qui abrite les médias étrangers. Un enfant est mort dans l’attaque. Aucun journaliste ne s’y trouvait. Au total, 155 Palestiniens ont trouvé la mort en une semaine, selon des sources médicales palestiniennes. Cinq Israéliens, dont un soldat, ont péri dans des tirs de roquettes sur le sud d’Israël.
Attentat à Tel-Aviv
Une bombe a en outre explosé dans un bus à Tel-Aviv faisant 17 blessés, le premier attentat en Israël depuis mars 2011. Cette attaque a été unanimement condamnée par la communauté internationale. Enfin, en Cisjordanie, près de 70 Palestiniens ont été blessés hier dans des heurts avec des soldats israéliens à Hébron et Ramallah, lors de manifestations de solidarité avec Gaza.
Également avant l’annonce de la trêve, le président Mahmoud Abbas avait déclaré qu’il était « le leader de tous les Palestiniens. Je suis responsable de tous (...) y compris de ceux qui appartiennent au Hamas, au Jihad islamique et à d’autres groupes ». M. Abbas s’exprimait à l’issue d’un entretien avec M. Ban.
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