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Économie - Crise

Le différend UE-FMI sur la Grèce ravive les inquiétudes sur l’euro

Le Fonds monétaire international fait pression en faveur d’un effacement partiel de la dette alors que l’Allemagne rejette violemment cette idée.

De gauche à droite, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, le ministre espagnol de l’Économie Luis de Guindos et la chef du FMI Christine Lagarde. Yves Herman/Reuters

Un conflit ouvert entre les bailleurs de fonds de la Grèce sur les moyens de rendre la dette du pays soutenable à long terme retarde le versement d’une nouvelle tranche d’aide et réveille les craintes d’une dislocation de la zone euro. Les ministres des Finances de la zone euro pensent que la Grèce, épicentre de la crise de la dette, devrait avoir jusqu’en 2022 pour ramener son ratio d’endettement à 120 % de son PIB, tandis que le Fonds monétaire international (FMI) insiste pour que l’échéance reste fixée à 2020. « De notre point de vue, le calendrier approprié, c’est 120 % en 2020 », a ainsi affirmé Christine Lagarde, affichant au grand jour un conflit feutré existant depuis plusieurs semaines. « Nous avons clairement des points de vue différents. Ce qui importe au bout du compte, c’est la soutenabilité de la dette grecque afin que ce pays puisse être remis sur pied », a-t-elle ajouté.
Ce vif échange avec le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, cache un désaccord sur la nécessité ou pas d’effacer une partie de la dette de la Grèce pour permettre au pays de reconstruire une économie viable.
Le FMI fait pression en faveur d’un effacement partiel de la dette (« haircut »), alors que l’Allemagne, premier contributeur aux fonds de sauvetage européens, rejette violemment cette idée. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a déclaré hier à la presse que l’échéance de 2020 était « un peu trop ambitieuse ». « Il y a un débat sur la question d’un “haircut” pour les créanciers publics. À ce sujet, je dirais, et la plupart des pays l’ont dit au cours des dernières semaines, que ce n’est pas possible d’un point de vue juridique. »

Regrouper ?
La chancelière allemande, Angela Merkel, a fait savoir qu’elle tenait à ce que la Grèce reste au sein de la zone euro mais elle apparaît déterminée à éviter de faire supporter un coût trop élevé aux contribuables allemands avant les élections de septembre 2013. Malgré ces divergences, les diplomates sont convaincus qu’un accord pourra être trouvé pour débloquer la nouvelle tranche d’aide de 31,5 milliards d’euros, dont Athènes a un besoin urgent pour éviter d’être mise en défaut de paiement. Mais un compromis risque de prendre du temps. Les bailleurs de fonds de la Grèce ont accepté lundi soir d’accorder deux années supplémentaires à Athènes pour réaliser les économies qu’ils lui réclament mais n’ont pas débloqué la nouvelle tranche d’aide internationale.
Selon le quotidien allemand Bild, Berlin préconise de regrouper les trois prochaines tranches d’aide à la Grèce en un seul versement de plus de 44 milliards d’euros, afin d’éviter des incertitudes répétées à l’approche de chaque échéance du plan d’aide. Le ministère des Finances à Berlin n’a ni démenti ni confirmé l’information.
Les marchés financiers, apaisés depuis début septembre par l’engagement de la Banque centrale européenne (BCE) à acheter si nécessaire des obligations des États la zone euro en difficulté, ont accueilli avec nervosité l’absence d’accord.
L’euro est tombé à son plus bas niveau en deux mois face au dollar, sous $1,27, et les futures sur Bund allemand, traditionnelle valeur refuge en cas d’incertitude sur l’avenir de l’euro, ont atteint leur plus haut niveau depuis début septembre.

Emprunt à court terme
Le président de l’Eurogroupe a annoncé une nouvelle réunion des ministres des Finances le 20 novembre et des officiels ont précisé que de nouvelles discussions seraient nécessaires la semaine suivante avant qu’un accord puisse être bouclé. Le ministre français des Finances, Pierre Moscovici, a assuré que la nouvelle tranche d’aide serait versée d’ici à la fin du mois. « Notre objectif, c’est d’atteindre un accord de principe le 20 novembre de façon à pouvoir le mettre ensuite à la validation, selon les procédures applicables, et puis procéder à des déboursements à la fin de ce mois », a-t-il dit.
Les lenteurs dans la mise en place de cette nouvelle tranche d’aide obligent Athènes à emprunter à court terme pour faire face à une échéance de cinq milliards d’euros vendredi. La PDMA, l’agence de gestion de la dette publique grecque, a ainsi émis hier 4,062 milliards d’euros de bons du Trésor à un et trois mois. La barre des cinq milliards devrait donc être atteinte sans difficulté d’ici à jeudi.
Alors que sa dette devrait atteindre 190 % du PIB l’an prochain, le FMI a fixé pour objectif à la Grèce de ramener ce ratio à 120 %, estimant que tout endettement supérieur à ce niveau ne serait pas soutenable sur le long terme étant données les perspectives de croissance de la Grèce et ses besoins de financement externe. « Toutes les solutions visant à réduire l’endettement de la Grèce sont en train d’être explorées et continueront à l’être dans les jours à venir », a déclaré Christine Lagarde. Les partenaires européens de la Grèce pourraient jouer sur les taux d’intérêt attachés aux prêts accordés à Athènes, a estimé de son côté Wolfgang Schäuble.

(Source : Reuters)
Un conflit ouvert entre les bailleurs de fonds de la Grèce sur les moyens de rendre la dette du pays soutenable à long terme retarde le versement d’une nouvelle tranche d’aide et réveille les craintes d’une dislocation de la zone euro. Les ministres des Finances de la zone euro pensent que la Grèce, épicentre de la crise de la dette, devrait avoir jusqu’en 2022 pour ramener son ratio...
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