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À La Une - Révolte

Nouvelle spirale de violences en Syrie

Les raids, attentats et attaques ont fait près de 400 morts depuis vendredi.

Depuis vendredi, violences, raids et affrontements ont fait près de 400 morts à travers la Syrie. Asmaa Waguih/Reuters

La Syrie était emportée hier dans une nouvelle spirale de violences avec des raids de l’armée de l’air et des attaques rebelles, enterrant définitivement la trêve espérée par le médiateur Lakhdar Brahimi pour l’Aïd el-Adha. Depuis vendredi en effet, jour où la trêve devait entrer en vigueur, près de 400 personnes ont péri à travers le pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Après avoir fait 146 morts vendredi et 114 samedi, les violences ont tué hier au moins 119 personnes, selon un bilan provisoire de l’OSDH, organisation basée au Royaume-Uni et s’appuyant sur un réseau de militants et de sources médicales dans les hôpitaux civils et militaires de Syrie.
L’armée a une nouvelle fois accusé hier les rebelles, qu’elle qualifie de « terroristes », d’être responsables de l’échec de la trêve proposée. Évoquant « les violations insolentes du cessez-le-feu par les groupes terroristes », elle a souligné dans un communiqué qu’elle les « frappait d’une main de fer pour les éradiquer et sauver la nation ».
L’opposition armée a qualifié de son côté l’initiative de M. Brahimi de « mort-née » en raison des bombardements incessants menés par le régime.

 

(Lire aussi : Brahimi aurait de nouvelles idées)

Bombardements et affrontements
Pendant ce temps, l’armée syrienne, qui tente de reprendre des bastions rebelles, a mené un raid sur le village d’el-Bara dans la province d’Idleb dans le Nord-Ouest, tuant au moins seize personnes, dont sept enfants et cinq femmes, selon l’OSDH.


Dans la province de Damas, l’aviation a aussi lancé trois raids sur Erbine, Zamalka et Harasta, au nord-est de la capitale, où sont retranchés de nombreux rebelles, toujours d’après l’ONG. De leur côté, les insurgés ont pris le contrôle de trois postes de l’armée à Douma, près de Damas, selon la même source.


Dans la capitale même, deux attentats à la voiture piégée ont été commis l’un dans le quartier de Barzé et l’autre dans la banlieue sud-est de la capitale à Sbeineh, selon l’observatoire, qui n’a pas fait état de victimes dans l’immédiat.
Dans le nord-ouest du pays, les rebelles ont détruit un char et tué trois soldats lors de combats à l’entrée de Maarret el-Noomane, ville stratégique qu’ils contrôlent depuis début octobre mais que l’aviation continue de bombarder.
À Alep, des combats ont eu lieu entre l’armée et des factions islamistes de la rébellion comme le « Bataillon des soldats de Mohammad », les « Bataillons de l’islam » ou encore l’influent Front al-Nosra, qui a revendiqué de multiples attentats-suicide depuis le début de la révolte, selon l’OSDH. Ces groupes, qui ne relèvent pas directement de l’Armée syrienne libre (ASL), sont d’ailleurs souvent les mieux organisés et les mieux armés.


Le Front al-Nosra, qui avait à l’avance refusé la trêve, a en outre rejeté dans un communiqué toute responsabilité dans l’attentat qui a fait au moins huit morts vendredi à Damas dans une zone résidentielle et accusé le régime de cette attaque « méprisable et obscène », affirmant ne viser que des cibles militaires et gouvernementales.
Par ailleurs, près de 70 soldats de l’armée loyaliste se sont constitués prisonniers aux gardes-frontières turcs postés dans la province d’Idleb.

 

(Lire aussi : La Ligue arabe préconise un « accord a minima » entre les Grands)

Fatima Saad
Dans ce contexte de violences, une proche de la famille d’une jeune militante incarcérée en Syrie a démenti hier qu’elle soit morte sous la torture comme l’avait annoncé auparavant la Ligue syrienne de défense des droits de l’homme. « Sa sœur est décédée des suites d’un cancer, mais Fatima est toujours en vie », a indiqué cette proche de la famille sous le couvert de l’anonymat. « Elle est toujours en vie, bien que toujours en détention », a-t-elle précisé. Fatima Saad, 22 ans, a succombé après avoir été torturée par les redoutables services de renseignements qui avaient saisi chez elle une caméra et le téléphone portable avec lesquels elle filmait des manifestations hostiles au régime, avait indiqué auparavant dans un communiqué la Ligue syrienne de défense des droits de l’homme dans un communiqué, précisant que ces informations lui avaient été communiquées par des témoins. La Ligue a en outre exprimé « sa profonde inquiétude face au nombre élevé de victimes qui ont péri sous la torture dans les geôles du régime syrien – plus de 1 125 victimes recensées à ce jour ».

Humanitaire
Alors que Damas a refusé de fournir un rapport au Comité contre la torture de l’ONU, plusieurs ONG, syriennes et internationales, ont estimé à plusieurs dizaines de milliers le nombre de détenus en Syrie, dénonçant leurs conditions d’incarcération et les tortures. Human Rights Watch (HRW), qui parle d’un « archipel de la torture », affirme ainsi que les prisonniers sont maintenus « dans des positions de stress douloureuses sur de longues périodes », dénonçant également « le recours à l’électricité », « les brûlures à l’acide des batteries de voiture », « les agressions et humiliations sexuelles », « l’arrachage des ongles » et « les simulacres d’exécution ».


Enfin, une ONG d’assistance humanitaire turque a publié la photo d’un journaliste turc détenu depuis août dans la Syrie voisine par des troupes prorégime. Le caméraman turc Cuneyt Unal et son collègue Bachar Fahmi, qui travaillent pour la chaîne américaine al-Hurra, ont disparu le 20 août à Alep. Une délégation de la Fondation pour l’assistance humanitaire (IHH) a obtenu la photo, prise le 24 octobre, lors d’un voyage à Damas où elle rendait visite à un groupe de détenus dans une prison comprenant aussi des femmes et des enfants, a affirmé l’ONG sur son site Internet. On ne sait pas si la délégation a rencontré M. Unal, mais la photo obtenue par IHH, qui montre M. Unal mal rasé et en apparente bonne santé, prouve qu’il est toujours en vie.

 

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